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vendredi 9 septembre 2005

Nazarbaiev, candidat du parti "Otan" au poste de président

ASTANA, 9 septembre - RIA Novosti. Le parti "Otan" ("Patrie") a présenté la candidature de Noursoultan Nazarbaiev au poste de président du pays. Cette décision a été adoptée unanimement vendredi par le congrès extraordinaire du parti.

"J'ai besoin du soutien de tous les habitants du Kazakhstan et j'annonce que je suis d'accord pour me présenter à l'élection présidentielle", a dit le leader du pays intervenant lors du congrès.
Les présidentielles au Kazakhstan auront lieu le 4 décembre.

Les participants au congrès ont également décidé de former un bloc avec le parti "Osar" dirigé par la fille aînée de Nazarbaïev, Dariga.

Le parti "Otan" a été formé en janvier 1999 et le 1er mars de la même année son premier congrès a été convoqué. Actuellement le parti compte dans ses rangs quelque 470 000 personnes. Présent dans toutes les régions de la république, le parti est majoritaire dans le majlis (chambre basse du parlement kazakh). 53 membres du parti siègent à la chambre basse et 18 autres à la chambre haute du parlement.

mardi 5 juillet 2005

Tensions en Asie Centrale

L'activisme américain inquiète Pékin et Moscou.

Inquiets des menées des États-Unis dans les ex-Républiques soviétiques d'Asie Centrale, Moscou, Pékin et leurs alliés de l'Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), viennent de raidir leur attitude vis à vis de Washington, alors que les tensions montent dans toute la zone. La nouvelle posture de la Russie et de la Chine pourrait cependant se heurter à des contradictions qui inciteront au compromis.

Après avoir passé quatre jours à Moscou avec le Président Poutine, le Président chinois Hu Jin Tao s'est rendu à Astana au Kazakhstan le 3 juillet pour le sommet de l'OCS, créée en 1996 (sous le nom de « Groupe de Shanhgaï ») et élargie en 2001, date à laquelle elle accueillait l'Ouzbekistan et prenait son nom définitif. Que la première organisation internationale associant les États d'Asie Centrale, la Russie et la Chine ait été fondée il y a près de dix ans, à l'initiative de Pékin, est déjà un fait remarquable. Par tradition la Chine est peu disposée à s'impliquer dans les structures multilatérales. Mais dans ce cas elle y voyait un moyen d'augmenter son influence dans une région sensible et instable, déjà à l'époque convoitée par l'OTAN et qu'elle considère comme un glacis stratégique d'importance cruciale et où l'influence russe restait prépondérante.

La zone jouxte la province chinoise allogène du Xinjiang, elle-même objet de revendications indépendantistes latentes et traversée par des tensions ethnico-religieuses, ravivées ça et là par un activisme pro-islamiste radical mais de faible intensité. Elle est peuplée d'une infinie complexité d'ethnies, cependant reliées entre elles par l'influence de la langue turque et la référence assez générale à un islam modéré, plus ou moins connecté avec des groupes radicaux. Elle intéresse Pékin car elle recèle d'importantes ressources en pétrole et en gaz, notamment au Kazakhstan, autour de la Caspienne, où les compagnies pétrolières chinoises CNOOC et CNPC se frayent patiemment un chemin en dépit des méfiances des grandes « majors pétrolières » occidentales et russes.

Mais surtout cette zone est le théâtre de fortes tensions socio-politiques, dont les dernières en date viennent de s'exprimer au Kirghizistan et en Ouzbékistan. Celles-ci sont parfois nourries par les mouvements islamistes souterrains, mais surtout par la situation catastrophique des économies et la fragilité crispée des systèmes politiques. Pour se perpétuer ces derniers ont durci les contrôles policiers et multiplié les arrestations de dissidents, dérapant à l'occasion vers des répressions brutales, comme celle ordonnée par le Président Ouzbek à Andijan le 13 mai 2005. Washington, qui a fait irruption dans la zone après le 11 septembre, est tenté d'alourdir sa main, pesant sur les situations intérieures très fragiles des États de la zone afin d'y déployer sa stratégie globale de promotion de la démocratie.

Ancien glacis soviétique aux confins occidentaux de la Chine, zone politiquement instable, mais riche en gaz et en pétrole sur l'antique route de la soie vers l'Iran, l'Asie Centrale retient d'autant plus l'attention des stratèges chinois que le surgissement brutal des troupes américaines a perturbé la lente et patiente recherche d'influence par les hommes d'affaires et les diplomates de Pékin, à l'œuvre depuis le milieu des années 90. Les positions de la Chine, gênées par l'activisme de l'OTAN, cherchant depuis 1997 à élargir son influence vers l'Est (Exercices militaires annuels avec Tachkent, Bichkek, Douchambé et Astana), étaient cependant restées fragiles. De même, l'OCS n'avait fait que peu de progrès, handicapée par le manque les moyens financiers, les rivalités sino-russes et les querelles entre les anciennes républiques soviétiques, jalouses de leur indépendance nouvelle. Récemment encore elle n'était guère plus qu'un forum de sécurité sans grande efficacité, où se discutaient des mesures de confiance le long des frontières et des procédures de coordination anti-terroristes.

Mais l'intrusion de Washington a changé la donne. Les forces américaines installées sur les bases de Karchi-Khanabad en Ouzbékistan et à Manas au Kirghizstan, mettant les F16 de l'US AIR FORCE à quelques minutes de frontière chinoise, la lourde influence des lobbies américains faisant pression sur le Président Kazakh Nazarbaïev au détriment des intérêts pétroliers chinois ; et la tendance de la Maison Blanche à pousser ses avantages stratégiques à la faveur des troubles politiques internes à Douchambé, Bichkek et peut-être à Tachkent ont créé un sentiment d'urgence dans toute la région. Initialement rivaux, s'observant avec méfiance au sein d'une OCS peu dynamique, Moscou et Pékin, qui craignent le bouleversement des fragiles équilibres à leurs frontières semblent décidés à oublier leurs rivalités et à se rapprocher pour tenter de contrer les stratégies américaines.

La Chine, qui mesure les risques pour sa situation interne de l'épidémie de « regimes changes » initiée par Washington à la périphérie de la Russie et dans sa zone d'intérêt stratégique direct a clairement montré ses intentions en apportant son soutien ostensible au Président Ouzbek Karimov, reçu à Pékin le 25 mai, moins de deux semaines après la répression sanglante d'Andijan. Même Moscou, peut-être plus circonspect à l'égard de Karimov, jugé trop brutal, versatile et peu loyal, n'était pas en reste puisque, à peine plus d'un mois après le voyage de Pékin, le Président Ouzbek était accueilli par Poutine, à qui il proposait l'installation d'une base militaire russe en Ouzbekistan et, pour faire bonne mesure, la mise à disposition de dix autres bases « en cas d'aggravation de la situation en Asie Centrale ».

Cette stratégie déclaratoire, qui fait suite au rapprochement entre Moscou et Pékin, traduit peut-être l'inquiétude du Président Ouzbek. Elle marque surtout un changement fondamental de la situation dans une zone, où Karimov, qui accuse maintenant en vrac les Etats-Unis, l'OTAN et l'UE d'être à l'origine des troubles qui secouent son pays, avait d'abord été l'un des meilleurs appuis des Etats-Unis. Ces derniers le lui rendaient d'ailleurs bien puisqu'il avait reçu le soutien remarqué de Donald Rumsfeld lors d'une visite à Tashkent en février 2004. Il n'est plus très certain que le maître du Pentagone et surtout le Département d'Etat soient encore sur la même ligne après la tragédie d'Andijan, ni que Karimov, dont on dit qu'il est affaibli par des divisions politiques à Tachkent, puisse encore compter sur le soutien inconditionnel de la Maison Blanche.

Tant que la présence militaire américaine était perçue comme la base arrière de la lutte anti-terroriste, on pouvaient s'en accommoder car les régimes d'Asie Centrale spéculaient, à l'instar de Pékin et Moscou, que Washington, faisant le choix de la stabilité, fermerait les yeux sur les abus autocratiques, au prétexte que l'insécurité justifiait l'absence d'ouverture politique. Dès lors que surgit le spectre du prosélytisme démocratique, qui véhicule d'importants risques de contagion, les gouvernements de la région, inquiets pour leur survie, se tournent vers les deux grands voisins. Ces derniers pointent immédiatement du doigt l'activisme américain désigné de manière transparente dans la déclaration conjointe de Poutine et Hu Jin Tao du 2 juillet 2005 qui demandait « aux autres puissances (sic), de renoncer au monopole des affaires mondiales et de s'abstenir de fomenter des conflits entre les peuples et leurs dirigeants ».

Dans la foulée, les 6 pays membres de l'OCS réclamaient le 5 juillet que les Etats-Unis fixent une date limite pour le retrait de leurs bases militaires en Asie Centrale. Ce raidissement anti-américain s'accompagne des efforts de l'OCS pour rehausser son profil, d'abord en invitant à titre d'observateurs les trois pays clés de la zone que sont le Pakistan, l'Inde et l'Iran (décision prise le 5 juillet), ensuite en tentant d'élargir son rôle aux questions économiques, un domaine complexe du fait des différences flagrantes dans les richesses naturelles des pays d'Asie Centrale et des rivalités qu'elles génèrent. Surtout l'OCS s'est engagée depuis trois ans dans la voie d'une coopération militaire plus active, multipliant les manoeuvres conjointes des pays membres sur les frontières et même sur le territoire chinois.

Poussée au bout de sa logique, cette posture de résistance au prosélitytisme politique de Washington, se heurtera cependant très vite à deux contradictions.

La première est d'ordre géopolitique et économique. Elle renvoie, quoi qu'on en dise, à la capacité d'attraction de l'offre américaine, (liberté politique et dollars) pour les peuples de la région que Moscou et Pékin auront du mal à concurrencer, d'autant que tous les deux pourraient être assez vite tentés (séparément plutôt que conjointement) de coopérer avec la puissance financière et technologique des grandes « majors pétrolières » américaines et occidentales.

La seconde contradiction risque de mettre à mal le dogme chinois de non intervention dans les affaires intérieures des Etats, si l'un ou l'autre des régimes d'Asie Centrale, affaibli par des contestations internes, réclamait, sous couvert de lutte anti-terroriste, le secours de la force d'intervention rapide que l'OSC envisage de mettre sur pied. A ce point, sauf à engager la région dans un conflit majeur aux conséquences incalculables, Moscou, Pékin et Washington n'auront pas d'autre choix que de rechercher un compromis.

Par François Danjou, publié le 7 juillet 2005 sur www.questionchine.net


mercredi 25 mai 2005

Le BTC, un oléoduc très politique

Les présidents d'Azerbaïdjan, de Georgie et de Turquie, ainsi que le secrétaire américain à l'Energie et son homologue européen, ont symboliquement ouvert les vannes du nouvel oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. L'ouvrage a une portée économique mais également géostratégique.

Depuis son point de départ à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, jusqu'au terminal, dans le grand port du sud-est de la Turquie, Ceyhan, l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan s'étire sur 1 765 kilomètres. Ce nouveau pipe-line ne traverse pas l'Arménie mais il s'étire sur 445 kilomètres en Azerbaïdjan, 245 kilomètres en Géorgie et 1 070 en Turquie. Quand le nouvel ouvrage sera plein, il transportera du pétrole à la vitesse de deux mètres par seconde grâce à des impulsions données dans des stations de pompage réparties le long de son tracé.

L'inauguration par les responsables politiques azerbaïdjanais, géorgien et américain donne le coup d'envoi d'une série de tests et marque le début du remplissage du tuyau. Quand le BTC sera opérationnel, en principe à la fin de l'année, il fournira un million de barils par jour, soit 50 millions de tonnes de pétrole par an aux marchés occidentaux.

Un million de barils par jour

L'Europe et la Méditerranée sont approvisionnées par du pétrole algérien, libyen et norvégien. Il n'y a pas de manque en perspective dans cette zone. Une grande partie du pétrole de la mer Caspienne qui arrivera dans le port turc de Ceyhan repartira pas tankers vers les Etats-Unis. Depuis les origines du projet BTC, Washington s'est constamment impliqué dans la réalisation de ce nouveau pipeline. Le pari économique était risqué. Mais ce nouvel oléoduc augmente la valeur du pétrole de la Caspienne puisqu'il le conduit dans une grande région de consommation. Et il diminue la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de leur approvisionnement en pétrole au Moyen-Orient.

Les grandes compagnies qui ont misé sur la réussite commerciale du BTC sont toutes occidentales, en dehors des compagnies azerbaïdjanaise, géorgienne et turque impliquées dans la réalisation de ce projet. Le britannique BP est l'actionnaire le plus important du consortium avec 30% des parts. BP a eu la responsabilité de la conception et de la réalisation du projet. Il a coûté 4 milliards de dollars au lieu des 3 milliards prévus à l'origine.

D'abord des compagnies occidentales

Outre British Petroleum, le consortium regroupe dix autres sociétés : Socar (compagnie nationale d'Azerbaïdjan) ; TPAO (Turquie) ; Statoil (Norvège) ; Unocal, Amerada Hess, ConocoPhillips (Etats-Unis) ; Itochu, Inpex (Japon) ; Eni (Italie) et enfin la compagnie pétrolière française Total. Ces compagnies pétrolières se connaissent bien, elles sont déjà associées pour exploiter du pétrole dans d'autres régions du monde. Ces compagnies ont apporté le tiers du financement, les deux tiers restants ont été fournis par des banques gouvernementales américaine et japonaise, par la Banque mondiale et par la BERD.

La Caspienne est au troisième rang des réserves mondiales de pétrole et pour la première fois, ce pétrole va parvenir sur les marchés internationaux sans transiter par la Russie. Jusqu'à présent, les pays producteurs de la mer Caspienne n'avaient pas d'autre choix que de passer par le réseau d'oléoducs russes, un réseau datant de l'Union soviétique que les professionnels estiment cher et mal entretenu. L'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, qui vient d'annoncer son intention d'alimenter lui aussi le nouvel oléoduc en pétrole, ne dépendront plus des prix imposés par la Russie. L'indépendance économique est également politique. Il y a 11 ans, lorsque le projet est né, après l'éclatement de l'Union soviétique, personne ne savait ce que deviendraient les ex-républiques de l'URSS après plusieurs décennies d'économie étatique. Les Américains ont pourtant soutenu le projet dès l'origine, probablement autant pour distendre les relations entre Moscou et le Caucase que pour élargir l'offre mondiale de pétrole. La plus grande mer fermée du monde représente de 2 à 6% des réserves mondiales.

Une région sous influence

Moscou n'a donc pas soutenu la réalisation du Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui lui fait perdre de l'influence politique et économique sur d'anciennes républiques soviétiques. En revanche pour la Turquie, qui accueille le plus long segment du pipeline, et qui est membre de l'Otan, le BTC montre qu'Ankara est bien dans le camp des Américains. En plus, le nouvel oléoduc permet de soulager le détroit du Bosphore, très sollicité pour toutes sortes de transport, plus ou moins polluants.

Cet oléoduc, dont la valeur est autant stratégique qu'économique, ne prend pas le chemin le plus direct depuis les champs pétroliers de la Caspienne jusqu'à Ceyhan, le grand port pétrolier du sud-est de la Turquie. Le tracé le plus logique passait par l'Iran. Mais Téhéran n'est pas un partenaire possible en affaires puisque l'Iran se trouve sur la liste des pays ennemis de Washington.

Avec ce nouvel oléoduc, l'approvisionnement des pays occidentaux s'enrichit, se sécurise. «Certains ne croyaient pas en la réalisation de ce projet», a déclaré le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. «Certains ont tenté de le perturber, mais le soutien des Etats-Unis et l'activité déployée par BP ont aidé à le mettre en œuvre», a-t-il ajouté. «L'oléoduc joue un grand rôle en termes de stabilité et de sécurité dans la région. C'est un bon exemple de coopération économique régionale» a poursuivi le président azerbaïdjnais.

Samuel Bodman, secrétaire américain à l'Energie, a lu un message du président Bush expliquant que le BTC est à même de «renforcer la sécurité énergétique mondiale, d'encourager la coopération régionale et d'accroître les opportunités d'investissements internationaux».

par Colette Thomas le 25 mai 2005

dimanche 10 avril 2005

Le Kazakhstan entre dans le consortium de Kachagan

Station de forage pétrolier en mer Caspienne.
(Photo: eia.doe.gov)


Le 31 mars dernier, la Compagnie Nationale du Pétrole et du Gaz du Kazakhstan a racheté 50 % des parts de British Gas Group, un des actionnaires du consortium international qui exploite le gisement géant offshore de Kachagan, dans le Nord de la mer Caspienne. Une entrée dans le capital du consortium, avec 8,33%, qui ne plait guère aux majors qui le composent et attendent en 2008 les premiers retours sur un investissement record, 30 milliards de dollars, pour le deuxième plus grand puits de pétrole du monde.


Malgré les grimaces de ses nouveaux partenaires, KazMunaïGaz, la compagnie nationale kazakh du pétrole et du gaz, entre dans le consortium Agip KCO qui exploite le deuxième plus grand champ de pétrole du monde, Kachagan dont le potentiel est estimé à 8 à 13 milliards de barils récupérables. La production devrait commencer en 2008. Le 31 mars, Uzakbaï Karabalin, le Président du KazMunaïGaz, a signé l'accord pour le rachat de 50 % des parts de BG Group, l'ex-British Gas, qui détenait 16,67 % du Consortium international qui exploite ce champ éléphant offshore, découvert en juin 2000. Coût de la transaction, 1,8 milliard d'euros. La vente a été conclue le 7 avril. « C'est une belle preuve de confiance de la part du gouvernement kazakh », estimait un cadre du consortium il y a quelques semaines, alors que les négociations allaient bon train, tout en se disant « inquiet » de voir KazMunaïGaz faire partie des actionnaires d'Agip KCO.


Les Kazakhs en position de force

Les autres membres du consortium, à savoir ENI, l'opérateur italien du projet, Total (France), Exxon Mobil (U.S.A.), Shell (Grande Bretagne - Pays-Bas), qui possèdent toutes 16,67 % des parts, ainsi qu'Inpex (Japon) et ConocoPhillips (U.S.A.), 8,33 % du consortium chacune, craignent que KazMunaïGaz ne profite de sa position, de représentant du gouvernement kazakh, pour ne pas honorer ses engagements à l'avenir. «Les Kazakhs savent qu'ils sont en position de force, explique un expert pétrolier, leur compagnie nationale pourrait être tentée de faire payer une ou plusieurs des majors du consortium à sa place, sachant que les investissements sont de l'ordre de trois milliards de dollars par an sur le gisement de Kachagan, et ainsi de gagner de l'argent à moindre frais

C'est en raison de cette crainte que BG, qui souhaitait se recentrer sur ses activités gazières, aurait préféré, pour être certaine de se faire payer, revendre ses parts au consortium. Ainsi, formellement, le droit de préemption prévu dans le P.S.A. (Production Sharing Agreement), signé en 1997, pour 40 ans, entre le gouvernement kazakh et les majors étrangères, est respecté. C'est donc le consortium Agip KCO qui cèdera la moitié des actions du gazier britannique à KazMunaïGaz, soit 8,33%, avant de se partager l'autre moitié. BG avait d'abord tenté de vendre sa part à deux groupes chinois. Les six partenaires du consortium, s'y étaient opposés, souhaitant redistribuer ces parts entre eux pour simplifier la structure de l'actionnariat, très lourd à gérer.

Gagner le plus possible

L'entrée de KazMunaïGaz dans Agip KCO inquiète également du fait de la surveillance accrue que cette ancienne république soviétique d'Asie Centrale sera en mesure d'exercer sur l'exploitation de Kachagan. « Non pas que les majors aient quelque chose à cacher, explique notre cadre du consortium, mais surtout parce que le gouvernement kazakh est très gourmand et va vouloir tirer le maximum de profit du gisement. Sachant que la fiscalité minière du pays compte déjà parmi les plus lourdes du monde. Mais, précise-t-il, on ne saurait lui reprocher de se comporter ainsi. Il est normal que le Kazakhstan veuille gagner le plus possible. » Le pays pourrait devenir le 5ème exportateur mondial de brut en 2015 avec environ 3 millions de barils par jour. Outre Kachagan, le Kazakhstan a d'autres gisements d'importance, comme celui de Tenguiz, 800 millions de tonnes de brut de réserves exploitables, également en Caspienne, ou celui de Karachaganak, un onshore au nord-ouest du pays, dont les réserves sont estimées à 1,2 milliard de tonnes de pétrole ainsi qu'à 1,35 milliard de m3 de gaz.

Un projet exceptionnellement coûteux

La prise de participation de KazMunaïGaz dans Kachagan n'a rien d'une catastrophe, « surtout dans un contexte où les prix du pétrole sont très élevés, explique Gael Raballand, économiste spécialiste de l'Asie Centrale. Toutefois, si le prix du baril descendait à 25 dollars pièce, ce ne serait probablement plus la même chose. » L'enclavement du pays et les conditions particulièrement difficiles d'exploitation du gisement (faible profondeur des eaux au Nord de la Caspienne, présence de glace 4-5 mois par an, pression très élevée, présence de souffre…) font de Kachagan un projet exceptionnellement coûteux ; environ 30 milliards de dollars ; c'est dix fois plus que la plupart des champs.

Mais, Kachagan en vaut la peine. Avec 45 milliards de barils (5,8 milliards de tonnes) de réserves estimées, dont 8 à 13 milliards de récupérables, Agip KCO devrait sortir chaque jour, en plein régime, un million de barils de brut de belle qualité. La production mondiale est de l'ordre de 70 millions de baril par jour. Une quantité qui pose problème pour l'évacuation. « Aujourd'hui, estime Gael Raballand, le grand souci des Kazakhs est de trouver une troisième route pour exporter son pétrole. » Aux environs de 2015, Astana ne pourra pas se contenter du C.P.C. ( Caspian Pipeline Consortium) qui passe par la Russie, et du B.T.C. (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), la route, en construction, promue par Washington afin de contourner la Russie et l'Iran.



par Régis Genté sur http://www.rfi.fr/, Article publié le 10/04/2005