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dimanche 26 septembre 2010

À chacun son travail?

Pendant les récoltes, Vladimir est le conducteur attitré de la moissonneuse-batteuse et c'est son unique fonction. Il ne fait rien d'autre que de conduire la moissonneuse-batteuse. Ce n'est pas lui qui ajuste les réglages de la moisonneuse-batteuse, car ce n'est pas sa responsabilité, mais celle de l'agronome, qui peut ne passer faire des ajustements que deux fois au cours de la journée.

Au printemps, Vladimir conduit un tracteur remorquant un semoir pneumatique. Là encore, il ne fait que conduire et n'est pas responsable d'ajuster la densité et la profondeur de semis. Il s'agit du travail de l'agronome. Vladimir travaille à la ferme à temps plein – pendant la saison morte, il accomplit divers petits travaux. Il gagne environ 300 $ par mois.

Yuri conduit un petit tracteur remorquant un chariot à grains. Quelqu'un d'autre s'occupe de peser et de décharger le grain au terminal céréalier. Yuri travaille seulement au moment des semis et des récoltes. Il touche environ 100 $ mensuellement.

Très peu d'employés et de gestionnaires effectuent plus d'une tâche. En fait, rien ne les encourage à être polyvalents, c'est même plutôt l'inverse, car les raisons pour eux de se cantonner dans leur unique tâche sont bien plus nombreuses. Les gestionnaires se promènent en véhicule d'un champ et d'une installation à l'autre, ajustant les réglages de l'équipement et donnant des directives ici et là, mais ils ne se chargent jamais eux-mêmes de conduire ou de faire fonctionner une machine.

La ferme de 40 000 acres où j'ai travaillé compte 200 employés. Tous gagnent un salaire de misère et, dans de telles conditions, les vols sont évidemment très fréquents, car les employés n'ont pas d'autre choix. Pour survivre, ils doivent faire preuve d'ingéniosité et trouver des moyens d'accroître leur revenu. De toutes les marchandises qu'on trouve dans les fermes, l'essence est la plus facile à chaparder, de sorte que le vol d'essence constitue un réel problème pour les propriétaires. Les batteries, les outils, les pièces de rechange et le grain sont également très convoités par les travailleurs, qui, pour peu qu'ils s'organisent et fassent preuve d'ingéniosité, arrivent à les dérober facilement.

C'est donc ainsi que sont gérées la plupart des grandes entreprises agricoles dans l'ancienne Union soviétique. Tant et aussi longtemps que le régime féodal actuel ne sera pas remplacé par un système de gestion moderne, les rendements stagneront et continueront de ne représenter que la moitié des rendements de l'Ouest canadien.

Comment, au 21e siècle, un pays qui n'assure pas un accès universel à l'éducation et à la formation peut-il espérer tirer son épingle du jeu dans le contexte de l'économie du savoir? Les pauvres des milieux ruraux n'arriveront pas à s'affranchir de leur rôle de serfs sans éducation, sans une amélioration marquée des infrastructures et sans l'avènement de l'égalité des chances. Le Kazakhstan et les autres républiques de l'ex-Union soviétique réussiront sans doute avec le temps à adopter des modèles de gestion occidentaux – voire à égaler les rendements canadiens d'ici 50 ans. Mais, ils auront besoin de l'aide et de l'appui des pays occidentaux afin d'effectuer cette transition sans sombrer dans une violence révolutionnaire qui pourrait perturber l'économie de la planète tout entière.


Par Alsholtz sur www.farmcentre.com le 26 septembre 2010
Al Scholz travaille en tant qu'agronome spécialisé en recherche dans une ferme de démonstration du nord du Kazakhstan de mai à octobre 2010.
Pour plus de renseignements, consultez son blogue au http://awellfedworld.tumblr.com/ (anglais seulement).