ALMATY — Les autorités sanitaires kazakhes ont indiqué mercredi que près de la moitié des troupeaux d'antilopes saïgas de la région de l'Oural du Kazakhstan avaient été décimés par une épizootie de pasteurellose, alors que cette espèce est déjà menacée d'exctinction.
"Sur un territoire d'un rayon de 40 à 50 kilomètres, environ 12.000 antilopes saïgas mortes ont été retrouvées", a dit à l'AFP Serik Imankoulov, le chef du département sanitaire et épidémiologique pour l'Ouest du Kazakhstan, décrivant "une tragédie de très grande ampleur, une catastrophe naturelle".
Selon les autorités kazakhes, il restait avant l'épizootie quelque 26.000 saïgas dans cette région. Au total, environ 80.000 antilopes de ce type vivaient au Kazakhstan.
"Nous pouvons dire que le pic de l'épizootie est passé. L'hécatombe a eu lieu en trois jours, les 18, 19 et 20 mai (...) d'après notre expérience et la littérature scientifique, cette maladie se répand et tue sur une courte période beaucoup d'animaux puis s'arrête tout aussi rapidement", a encore expliqué M. Imankoulov.
La pasteurellose est une maladie infectieuse due à des bacilles et qui peut prendre des formes septicémiques hémorragiques fulgurantes, intestinales et respiratoires, selon le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). La mortalité peut parfois atteindre chez l'animal de 70 à 100%.
La responsable du programme Asie centrale du WWF-Russie, Olga Pereladova a elle aussi jugé catastrophique la situation, mais elle estime qu'il sera dur d'enrayer la maladie.
"Si le chiffre de 12.000 est confirmé, c'est tout simplement une catastrophe (...) cela veut dire que la maladie est très répandue et qu'elle va continuer, d'autant que la densité de la population de saïgas en mai est la plus élevée à cause de la période de reproduction", a-t-elle expliqué.
"Pour limiter la contagion, il faut absolument vacciner les animaux d'élevage et placer en quarantaine les malades. Pour les animaux sauvages, les saïgas, la seule chose qui puisse être faite pour réduire l'épizootie c'est d'enterrer ou de brûler les cadavres", poursuit-elle.
Mme Pereladova a par ailleurs expliqué que les saïgas étaient particulièrement vulnérables cette année, l'hiver ayant été très rude et très enneigé, ce qui a rendu "l'accès à la nourriture très difficile" pour ces antilopes.
Le saïga, qui vit dans les steppes du Kazakhstan, de l'ouest de la Mongolie et en Russie près de la mer Caspienne, a vu sa population chuter depuis les années 1990 d'un million d'individus à moins de 100.000.
Les cornes des mâles sont très prisées dans la médecine traditionnelle chinoise, ce qui a entraîné un essor du braconnage après la chute de l'Union soviétique. L'habitat des saïgas est par ailleurs menacé par l'extension de l'agriculture.
Le saïga est aisément reconnaissable par son museau allongé qui a l'aspect d'une courte trompe.
AFP le 26 mai 2010