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Nabucco, qui concurrence le projet de gazoduc russe South Stream, risque d'être hypothéqué par les négociations en cours entre Gazprom et la compagnie nationale azerbaïdjanaise, GNKAR. Par Said Djaafer, Alger, le 20 avril 2009 publié sur www.lesafriques.com Les deux sociétés ont annoncé l'ouverture de discussions sur les « conditions d'achat et de vente de gaz azerbaïdjanais avec un début des livraisons en janvier 2010 ». Le Nabucco avait déjà reçu la mauvaise nouvelle du retrait d'un financement européen de 250 millions $ destinés à couvrir les frais d'études, mais la perte d'un fournisseur essentiel comme l'Azerbaïdjan le ruinerait définitivement. Gazprom s'est assuré l'ensemble du potentiel d'exportation du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Kazakhstan pour les années à venir afin de couper l'accès des sociétés européennes aux ressources de l'Asie centrale. Nabucco est un gazoduc d'une capacité de 27 à 31 milliards de m3 par an, d'une longueur de 3300 km, passant de la ville turque d'Erzurum à Baumgarten en Autriche, et transitant par la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Le coût estimé du projet serait de 7,9 milliards d'euros. Les fournisseurs potentiels de gaz seraient le Turkménistan et l'Azerbaïdjan. Or, aucun de ces deux pays n'est associé au projet, ce qui est tout à fait singulier. Nabucco a été clairement conçu dans le but de contourner la Russie. Beaucoup d'Européens, les anciens pays de l'Est surtout, considèrent que Moscou joue un rôle trop important dans la satisfaction des besoins énergétiques de l'Europe. La crise russo-ukrainienne, qui a eu pour effet d'interrompre les livraisons de gaz naturel russe à l'UE pendant trois semaines, en janvier 2009, est citée en exemple. Les Russes sont bien entendu d'un autre avis et font valoir que le désaccord commercial avec l'Ukraine ne découle pas d'une quelconque volonté politique russe de priver de gaz, en plein hiver, son principal marché. Projets d'évitement et riposte russe Le Nabucco n'est pas le premier projet d'évitement de la Russie. L'oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) contourne déjà la Russie et permet à l'Azerbaïdjan de livrer son brut en Turquie et au-delà. Face aux stratégies d'impulsion anglo-américaines, destinées à réduire son poids en tant que fournisseur majeur de l'UE, la Russie n'est pas restée inactive. Gazprom s'est assuré l'ensemble du potentiel d'exportation du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Kazakhstan pour les années à venir, afin de couper l'accès des sociétés européennes aux ressources de l'Asie centrale. Les Russes ont également mis sur la table deux projets de gazoducs, South-Stream et North-Stream, pour contourner les pays de l'Est européen. Le North-Stream, d'une capacité de 55 milliards de m3, devrait être construit en 2011-2012 pour 7,3 milliards d'euros et relier la Russie à l'Allemagne. Le projet South-Stream, qui doit atteindre les marchés européens en passant sous la mer Noire, en est à un stade exploratoire. Dans un contexte de crise bancaire aigue, ces deux projets très onéreux achoppent sur la définition d'un schéma de financement. Une vraie bataille Une vraie bataille est en cours avec des enjeux décisifs. Pour Moscou, il s'agit de reconstruire une base de puissance en utilisant le seul levier susceptible de fournir les ressources nécessaires. A l'opposé, les Américains et les Britanniques, qui lorgnaient durant le règne des oligarques éltsiniens sur les réserves sibériennes, mettent l'accent, depuis les années Poutine, sur le péril russe. L'enjeu est aussi bien économique que politique. Pour les Russes, la politique de réappropriation du domaine des hydrocarbures mise en œuvre, parfois brutalement, par Poutine, leur a évité le pire. Un ancien vice-premier ministre russe a même affirmé que son pays n'a évité la « spoliation » de ses hydrocarbures que parce qu'il disposait d'un arsenal nucléaire. Le contrôle – la « sécurité » – des flux énergétiques est un élément essentiel de la stratégie des puissances. Si la Russie parvient à enterrer définitivement le Nabucco, elle aura marqué un point majeur dans le grand jeu gazier. |
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lundi 20 avril 2009
La Russie marque un point dans le grand jeu gazier
Libellés : Pipelines, Ressource : Gaz
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