Reporters sans frontières condamne fermement la mise en examen, au Kazakhstan, de trois activistes pour avoir organisé une manifestation de soutien aux journalistes emprisonnés. "Les poursuites contre Rozlana Taukina, Raushan Eserguepova et Vladimir Kozlov doivent cesser immédiatement. Alors même que le pays vient de prendre la présidence de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) pour l'année 2010, les autorités kazakhes semblent faire bien peu de cas de la liberté d'expression qu'elles sont censées garantir. Nous en appelons aux autres pays membres de l'Organisation, ainsi qu'à son représentant pour la liberté des médias, pour rappeler urgemment Astana à ses engagements", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 11 janvier 2010 s'est ouvert le procès pour "organisation d'une manifestation illégale" des trois défenseurs des droits de l'homme. Prévenus deux heures avant leur convocation au tribunal administratif spécialisé d'Almaty, ces derniers se sont vus signifier leur inculpation pour "violation de la législation sur l'organisation et le déroulement des rassemblements, meetings, cortèges, piquets et manifestations pacifiques" en vertu de l'article 373 du code des infractions administratives. La prochaine audience a été fixée au 26 janvier.
Le 6 janvier à Almaty, Raushan Eserguepova, directrice adjointe de l'hebdomadaire Alma-Ata Info et épouse du journaliste emprisonné Ramazan Eserguepov, Rozlana Taukina, responsable de l'ONG "Journalistes en danger", et Vladimir Kozlov, président du parti non enregistré "Alga !", avaient organisé une "flash-mob" en soutien aux journalistes en détention du fait de leur activité professionnelle. Une trentaine de personnes s'étaient rassemblées pour lâcher des ballons multicolores portant les noms de Ramazan Eserguepov (rédacteur-en-chef d'Alma-Ata Info), Alpamys Bekturganov (écrivain), Tohniyaz Kutchukov (correspondant du journal Vremya), et Tokbergen Abiev (rédacteur-en-chef du journal Zakon i Pravosudie). La manifestation n'avait pas occasionné d'incidents. La police n'était pas intervenue, mais avait filmé toute la scène.
"La 'flash-mob' [ou mobilisation-éclair] est une forme de manifestation inconnue de la législation en vigueur, qui ne l'assimile pas explicitement aux meetings, cortèges et piquets", a estimé Rozlana Taukina. L'article 373 du code des infractions administratives est fréquemment invoqué à des fins d'intimidation contre des activistes et défenseurs des droits de l'homme. Les contrevenants encourent de lourdes amendes et, s'ils récidivent, une mise aux arrêts administrative de 15 jours.
La mobilisation du 6 janvier visait à marquer le premier anniversaire de l'arrestation de Ramazan Eserguepov. Au terme d'un procès entaché de nombreuses irrégularités, le journaliste a été condamné en août 2009 à trois ans de prison ferme et deux ans d'interdiction de publier, pour avoir "collecté et divulgué des secrets d'Etat". L'article incriminé révélait une affaire de trafic d'influence impliquant des responsables locaux du KNB (ex-KGB) et un important homme d'affaires.
Sur www.rsf.org le 12 janvier 2010
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