La crise avait pourtant bousculé les bases du Kazakhstan, financières notamment. Ses principales banques étaient au bord du « default ». « Mais la massive intervention en cash du gouvernement via la holding Samruk Kazyna a sauvé le système. Prochaine étape : la reprivatisation des parts prises par l'Etat dans ces banques », explique Guanghui Li, directeur à Astana de l'Asian Development Bank. Signe parmi d'autres de la reprise : « On manque de bureaux. On relance les chantiers ! », s'enthousiasme Sarsembek Jounoussov, architecte en chef d'Astana, la nouvelle capitale en construction depuis dix ans.
Corruption et hausse des taxes
Investisseurs et diplomates occidentaux courtisent déjà d'autant plus le Kazakhstan qu'ils le comparent à ses voisins, rongés par la pauvreté (Ouzbékistan), le désordre politique (Kirghizie) ou le culte de la personnalité (Turkménistan). Faisant fi des critiques sur les entraves aux droits de l'homme du régime autoritaire de Nursultan Nazarbayev, président depuis vingt ans. « La modernisation et la diversification de notre économie ne pourront se faire qu'avec des investissements étrangers. Il y a déjà une forte compétition entre les pays occidentaux pour venir au Kazakhstan », se félicite Kairat Kelimbetov. « Notre critère de choix : ces partenariats doivent nous garantir des transferts de technologies. »
Tout n'est cependant pas rose pour les investisseurs étrangers. La corruption, avec des fraudes impliquant d'importantes fuites de capitaux vers des fonds off-shore, pèse sur le climat d'investissement. Malgré les assurances publiques, l'Etat est par ailleurs accusé de vouloir accroître son influence dans le secteur énergétique. « Il veut revenir sur les accords des années 1990 et, parfois, tente de passer en force », prévient un acteur français sur place. Le gouvernement cherche aussi à augmenter ses revenus avec des hausses de taxes sur les exportations.
Production pétrolière : 130 millions de tonnes d'ici 2025
Autres critiques : les difficultés d'obtention des permis de travail. « Paradoxalement, ça ralentit la stratégie du gouvernement », insiste ce même observateur. « Ils veulent des transferts de technologies. Mais comment faire si des fonctionnaires bloquent des décisions et nos ingénieurs ne peuvent pas venir ? »
Avec la reprise, le Kazakhstan compte sur les investissements étrangers pour matérialiser sa nouvelle ambition : faire passer sa production pétrolière de 80 à 130 millions de tonnes d'ici 2025. « Un objectif réaliste », assure Jean-Luc Porcheron, directeur de la filiale à Astana de Total. Il est d'autant plus confiant que cette forte croissance nécessite la participation des Majors occidentales. « Ici, le climat d'investissement est bon, le pays stable. Il faut voir d'où il partait... » Total est déjà associé dans le champ gazier russo-kazakh de Khvalinskoye et, au sein d'un consortium international, pour le développement de Kashagan, l'un des gisements les plus prometteurs au monde.
Alors qu'Astana mène une diplomatie économique tout azimut, les émissaires chinois se révèlent discrets mais efficaces. Près d'un tiers de la production pétrolière du pays est déjà contrôlée par le puissant voisin, désormais relié par un nouvel oléoduc. La hausse des exportations se fera aussi par rail. D'où la présence croissante d'Alstom qui, en joint-venture, doit construire une usine de locomotives électriques à Astana.
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