Le Premier ministre et candidat pour la troisième fois à la présidence de la Russie, Vladimir Poutine, a publié mardi un article intitulé Un nouveau projet d'intégration pour l'Eurasie : l'avenir naît aujourd'hui qui est sorti dans le journal russe Izvestia. L'article est consacré au lancement, à partir du 1er janvier 2012, du projet d'Espace économique commun (EEC), voué à donner le jour à l'Union eurasienne, « maillon de la Grande Europe, unie par les valeurs de liberté, de démocratie et les lois du marché ».
L'Union eurasienne est conçue par Poutine comme « une puissante union supranationale, capable de se muer en un des pôles du monde moderne et de jouer le rôle de « connecteur » efficace entre l'Europe et la dynamique région Asie-Pacifique ».
« Il ne s'agit pas de ressusciter l'URSS sous une forme ou une autre », met en garde le Premier ministre, jugeant de tels efforts « naïfs ». Néanmoins, l'Union eurasienne sera un projet ouvert. L'adhésion à cette dernière n'entrera pas en contradiction avec le « choix européen » des autres pays, estime le Premier ministre.
L'ancien leader du parti Juste Cause Mikhaïl Prokhorov comptait lui aussi sur l'idée de création d'une Grande Europe de Lisbonne à Vladivostok pendant la campagne électorale pour les législatives. Celle-ci constitue d'ailleurs généralement le « rêve secret » de tous les démocrates russes, estiment les experts de Gazeta.Ru. Poutine, dans son article, apporte à ce rêve une sorte de réponse : depuis 2003, la Russie construit avec l'Union européenne un espace économique commun et évoque « même les formes les plus poussées d'intégration ».
La création de la Communauté économique eurasiatique (CEA) est promue depuis 1994 par le président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev. Sa conception prévoyait « une intégration volontaire, équitable et un développement politico-économique conjoint des États post-soviétiques, la promotion globale des pays de la CEI vers des positions de force dans le monde global ». En 2009, Izvestia publiait l'article « EAC : théorie et réalité », dans lequel le leader kazakh concevait la CEA en tant que « voie permettant de surmonter » la crise économique. Selon M. Nazarbaïev, l'idée de la CEA a trouvé des partisans dans les pays de la CEI. Cependant, la première étape du projet – l'Espace économique commun (EEC) – ne comporte que trois pays : la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie.
Néanmoins, M. Poutine considère l'EEC comme un « jalon historique non seulement pour nos trois pays, mais aussi pour tous les États de l'espace postsoviétique ». Le 1er juillet 2010, les trois pays membres ont lancé le projet d'Union douanière, supprimant les contrôles sur la circulation des marchandises à leurs frontières. Le lancement de l'EEC permettra de créer un « marché colossal de plus de 165 millions de consommateurs avec une loi unifiée et une libre-circulation des capitaux, des services et du travail », affirme le Premier ministre russe.
Les explications de Poutine laissent entendre que l'EEC est une sorte d'Union européenne en miniature : comme l'Union européenne, il « sera basé sur des actions concertées dans les domaines institutionnels clés » : macroéconomie, garantie des règles de la concurrence, réglementations techniques et subventions aux producteurs agricoles, ainsi que les transports et les tarifs des monopoles de ressources naturelles. Il conviendra par la suite d'unifier la politique des visas et des migrations, ce qui permettra d'éliminer les contrôles aux frontières intérieures, écrit le Premier ministre, promettant d ' « appliquer de façon créative » l'expérience des accords de Schengen, « qui ont constitué un bienfait non seulement pour les Européens mais aussi pour tous ceux qui viennent pour travailler, étudier ou passer des vacances au sein de l'UE ».
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