Total est partenaire de l'exploitation de l'un des ultimes champs de pétrole géants de la planète... dont le développement s'annonce tellement difficile que le projet pourrait ne jamais être ni rentable, ni (donc) viable !
Une enquête de l'agence Bloomberg montre à quel point les promesses de Kachagan apparaissent aujourd'hui décevantes. Après 11 ans et 39 milliards de dollars d'investissements (dont 8 années de retard, et un dépassement du budget initial estimé 15 milliards) Total, Exxon, Shell et l'italien ENI, principaux partenaires du gouvernement du Kazakhstan, ont de quoi se faire du tracas.
« Le plus gros soucis, c'est de savoir si le projet est capable de devenir un jour rentable, compte tenu de l'énorme augmentation de son coût et du retard pris par son lancement. » Il pourrait s'avérer « impossible pour les investisseurs d'obtenir un quelconque retour sur investissement sur la seconde phase du projet, avant que leur contrat sur le champ n'expire », en... 2041.
Le coût de la seconde phase de Kachagan, ardemment réclamée par le gouvernement autocratique du Kazakhstan, promettent d'être astronomiques. Les investissements, encore hypothétiques, se chiffrent en centaines de milliards. Des déclarations récentes des patrons de Total et de Shell laissent entendre que ces groupes ne sont pas pressés de délier leurs bourses. Peut-être parce que financièrement, le jeu n'en vaut tout compte fait la chandelle ?
Découvertes et production pétrolière [Exxon, ASPO]
Ces « îles » sont truffées de capteurs afin de repérer les fuites de gaz inflammables, des gaz qui à Kachagan contiennent une proportion particulièrement élevée de sulfure d'hydrogène. Ce gaz, toxique à haute dose, a une odeur caractéristique d'oeuf pourri bien connue sur certaines plages du nord de la Bretagne. Il résulte de la décomposition de matière organique. Dans la plus grande des îles artificielles, sur laquelle vivent 5500 employés, des exercices d'urgence sont conduits chaque semaine, rapporte Bloomberg.
Si le pétrole tue aujourd'hui au Kazakhstan, ce n'est toutefois pas à cause de fuites d'hydrocarbures. Entre 14 et 70 personnes ont trouvé la mort en décembre au cours de manifestations d'ouvriers de la cité pétrolière d'Aktau, au bord de la Caspienne. Des manifestations réprimées dans un silence médiatique presque total par le potentat kazakh ami des puissances occidentales, Nursultan Nazarbayev.
Publié sur http://petrole.blog.lemonde.fr le 31 décembre 2011
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