Le 16 décembre dernier, le jour du vingtième anniversaire du pays dans la ville kazakhe de Zhanaozen, 16 personnes ont été tuées par les forces de police. La plupart sont des grévistes du secteur pétrolier, mais aussi quelques passants. Avant ce jour noir de l'histoire du Kazakhstan indépendant, les pétroliers ont demandé pendant 7 mois de recruter du personnel et d'augmenter leurs salaires. Selon des sources officieuses, le nombre de victimes est supérieur aux chiffres officiels. Jusqu'à ces événements tragiques, le gouvernement kazakh considérait les revendications des grévistes comme illégales. L'avocat Natalia Sokolova, qui défendait les intérêts des grévistes, a été reconnue coupable d'incitation à la haine sociale par le tribunal et condamnée à une peine de six ans d'emprisonnement. Après la visite de la ville par le président Nazarbayev et son intervention personnelle, les revendications des pétroliers grévistes sont reconnues justes. Il semblait que l'on pouvait mettre un terme à cette affaire…. Hélas, ça ne c'est pas passé ainsi. Le 6 janvier, une militante, Aijangoul Amirova, a été arrêtée pour incitation à la haine sociale. Le 23 janvier, Vladimir Kozlov et Serik Sapargali, leaders du mouvement Khalyk Maidany (le Front Populaire), ont également été arrêtés pour la même accusation. Leur crime est d'aider les grévistes à défendre leurs droits. Le même jour Igor Vinyavski, rédacteur en chef du journal Vzglyad (Regard) et militant du Front Populaire a été arrêté pour appel au renversement du pouvoir. Le prétexte ayant servi à cette arrestation a été un article de 2010 portant sur des événements du pays voisin, le Kyrgyzstan, lorsque président Bakiev avait été renversé. La rédaction du journal a été perquisitionnée. Actuellement tous les trois sont à la prison du Comité de la sécurité nationale, ancien KGB. Le 28 janvier le seul parti d'opposition du Kazakhstan, le Parti social et démocratique (OSDP) a organisé à Almaty une manifestation exigeant l'ouverture d'une enquête sur les événements de Zhanaozen et la libération des militants du Front Populaire. Mais le même jour, les dirigeants du parti Boulat Abilov, Amirjan Kosanov et Amirbek Togusov ont été arrêtés pour 15 jours. Selon le rapport de police, ils ont violé l'ordre social. Le metteur en scène Bolat Atabayev et le leader de l'organisation de la jeunesse Zhanbolat Mamai, ont aussi été accusés incitation à la haine sociale. D'autres participants, dont parmi eux un poète et un peintre, ont été mis à l'amende. La police a perquisitionné la rédaction du journal Golos Respubliki (Voix de la République). La rédactrice en chef adjointe, Oxana Makouchina, a été convoquée pour une interrogation au siège du Comité de la sécurité nationale pour l'affaire de l'article cité ci-dessus. La culpabilité de tous les accusés vient de ce qu'ils exigeaient une revendication : le respect de leurs droits constitutionnels. D'une part La situation politique au Kazakhstan est absurde et d'autre part elle est dangereuse, parce que maintenant il est possible d'accuser n'importe qui pour incitation à la haine sociale. Conformément à la loi sur le leader de nation, le président Nazarbayev qui est au pouvoir depuis 1990, ne peut faire l'objet d'aucune critique, tout comme les membres de sa famille. Toute critique peut amener à la prison. Il faut remarquer que la Constitution du Kazakhstan est basée sur la Constitution française. Antoine de Saint-Exupéry, écrivain français connu dans le monde entier disait : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ». Aujourd'hui les kazakhs ont apprivoisé la démocratie grâce aux français, mais en même temps ils sont emprisonnés parce que les autorités les punissent de cet apprivoisement. Dans le monde arabe nous voyons des changements démocratiques. Sous la pression de la rue et de la société, les dictateurs sont renversés, même si cela a couté des vies des milliers de gens. L' Europe et notamment la France, ont clairement joué un rôle dans ces changements. Au Kazakhstan pour l'instant, seuls 16 habitants de Zhanaozen ont sacrifié leurs vies pour la démocratie. Mais combien de vies faudra-t-il encore sacrifier pour que l'Europe puisse prêter attention à ce qui se passe au Kazakhstan…. Pourquoi ceux qui nous ont permis d'apprivoiser la démocratie sont-ils si silencieux?
Par Anatoli ZHAPAROV le 6 février 2012
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lundi 6 février 2012
Le Kazakhstan a t-il apprivoisé ou est-il emprisonné par la démocratie?
Libellés : Opposition Politique, Sécurité intérieure, Social, Syndicalisme
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