Un mini sommet européen réunissait à Prague les acteurs du projet Nabucco.
De notre correspondant à Bruxelles
Nabucco, ce projet fétiche de la Commission européenne, censé permettre aux Vingt-Sept de réduire leur dépendance à l’égard du gaz russe, a reçu ce vendredi un nouveau soutien politique de la part des pays producteurs et de transit intéressés à la construction du chantier : 3 300 kilomètres de tuyaux branchés en amont sur les champs de la mer Caspienne, puis s’étirant du plateau anatolien jusqu’à la grande station de pompage autrichienne de Baumgarten, via la Bulgarie, la Roumanie, et la Hongrie. Le tout pour un coût d’environ 8 milliards d’euros.
Réunis à Prague, les représentants de l’Union européenne, de la Turquie, et de l’Azerbaïdjan, qui prévoit d’injecter 8 milliards de mètres cubes à partir de 2013, rejoints par la Géorgie et l’Égypte ont signé une déclaration commune visant à promouvoir, au sud du continent, un tracé alternatif du gaz, baptisé «nouvelle route de la soie», dont Nabucco constitue le pilier.
Pays producteurs peu fiables
Mais de la parole aux actes, le chemin reste escarpé, surtout en période de crise. La Turquie monnaye âprement sa situation géographique, qui en fait le principal pays de transit. Son président, Abdullah Gül, s’est engagé à achever, avant juillet 2009, un premier cycle important de négociations sur Nabucco. Et s’efforce en parallèle d’obtenir de Bruxelles une accélération des négociations d’adhésion avec l’UE.
Par ailleurs, les Vingt-Sept tentent de remédier à ce qui reste la principale faiblesse de leur projet : l’insuffisance, voire l’absence de pays producteurs fiables capables d’alimenter le gazoduc. Ce vendredi, trois d’entre eux, le Turkménistan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, présents à Prague à un faible rang protocolaire, ont refusé de signer la déclaration commune. Le Turkménistan, en particulier, se déclare prêt, dans le futur, à livrer, «physiquement», 10 milliards de mètres cubes à sa frontière, mais refuse d’adopter les standards commerciaux élaborés à Bruxelles. Parallèlement, l’Europe courtise l’Irak, qui abrite l’une des dix plus grosses réserves mondiales de gaz, et souhaite signer avec Bagdad un «protocole d’accord énergétique». Mais le pays est loin d’être stabilisé.
Enfin, le développement de Nabucco est freiné par l’opposition de la Russie, qui voit dans ce tracé, court-circuitant son territoire, un concurrent direct de son propre projet de gazoduc, North Stream, qui dessert le nord de l’Europe et l’Allemagne via la mer Baltique. Présent à la réunion comme observateur, le vice-ministre russe de l’Énergie, Anatoli Yanovsky, voit dans Nabucco un projet «moins efficace et plus cher».
Même des gaziers européens, comme GDF Suez, préfèrent s’appuyer sur des décennies d’étroite coopération politique franco-russe, plutôt que de tenter l’aventure.
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Pierre Avril
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