Marquée par de nombreuses dissensions et défections, l'organisation réunie en sommet à Chisinau en Moldavie semble au bord de l'effondrement. Elle reste néanmoins impliquée dans le règlement des conflits régionaux du Haut-Karabakh et de Transnistrie.
Le sommet de Chisinau, la capitale moldave, du 9 octobre est qualifié comme celui "des funérailles de la Communauté des Etats Indépendants (CEI)", note la Nezavissimaïa Gazeta de Moscou. "Et pour cause, les quatre présidents du Kazakhstan, du Turkménistan, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan ont refusé d'y participer. Cette démarche des pays d'Asie centrale est un signal fort envoyé à Moscou, pressé par l'Union européenne et les Etats-Unis" dans sa zone d'influence. Pour le politologue allemand Alexandre Rar, "la CEI s'effondre à vu d'œil". "Si les membres de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC) - qui regroupe aux cotés de la Russie, la Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Tadjikistan et Ouzbékistan -, les partenaires les plus solides de la Russie, alors on peut parler de l'enterrement de la CEI". Cet expert énumère les arguments jouant en défaveur de Moscou : "les Kazakhs lui reprochent d'avoir annoncé unilatéralement la candidature commune de la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan à l'OMC. Minsk s'est vu refusé l'octroi d'un crédit russe alors que l'Occident, notamment la Banque mondiale est prêt à lui accorder 3 milliards de dollars. Le Tadjikistan attend aussi de la Russie une aide plus importante et se tourne aujourd'hui vers d'autres directions. Le Turkménistan ne pardonne pas à Moscou d'avoir subi un mauvais tour pour la vente de son gaz. Quant à l'Ouzbékistan, le président Islam Karimov a finalement obtenu le pardon de l'Occident concernant les événements d'Andijan (en 2005) et s'ouvre vers lui".
"Quoi qu'il en soit, le rendez-vous de Chisinau est assuré d'une large publicité en raison du scandale lié au refus démonstratif du président russe Dmitri Medevdev de rencontrer en tête-à-tête son homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko, souligne Vremia Novostieï. "La situation des relations russo-ukrainiennes est sans précédent : les ministres des Affaires étrangères se rencontrent mais le Kremlin continue de boycotter le chef de l'Etat ukrainien". Le journal émet l'hypothèse que "la CEI continue encore de fonctionner parce qu'elle sert de cadre pratique pour le processus de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie". A la veille du sommet de la CEI, les présidents azéri et arménien ont "sérieusement progressé sur la question du conflit au Haut-Karabakh" lors d'une réunion organisée à l'ambassade américaine à Chisinau, note Vzglyad. Ils doivent renforcer ces acquis lors d'une réunion tripartite avec Dmitri Medvedev". Après sept rounds de négociations depuis juin 2008, "le règlement du conflit territorial entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan franchit une nouvelle étape", estime le journal russe qui observe par ailleurs que "la reprise des relations diplomatiques entre Erevan et Ankara, qui a fermé sa frontière en 1993 en signe de solidarité avec l'Azerbaïdjan, dépend du sucès des négociations sur le Haut Karabakh".
En marge du sommet, le vice-premier ministre moldave Victor Osipov a rappelé que "le retrait des troupes russes de la Transnistrie reste un problème à l'ordre du jour". Le quotidien Jurnal de Chisinau remarque que "dès sa nomination, fin septembre, le nouveau gouvernement libéral de Chisinau, a demandé officiellement le retrait de ces troupes, conformément aux engagement pris par la Russie en 1999, au sommet OSCE de Istanbul". Dans la république autoproclamée de Transnistrie, sécessionniste depuis 1992, reconnue par aucun pays y compris la Russie qui garde pourtant sur place environ 2000 soldats (selon les derniers chiffres fournis par OSCE Moldavie), les sentiments sont mitigés. Les autorités locales affirment que leur république doit rester indépendante et excluent une réintégration du territoire moldave.
Philippe Randrianarimanana et Iulia Badea Gueritée sur www.courrierinternational.com
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