Le Kazakhstan a pris la responsabilité de la présidence tournante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis le 1er janvier, en dépit de nombreuses critiques des organisations non gouvernementales. De nombreuses ONG ainsi même qu'un responsable de l'OSCE en charge des droits de l'homme (ODIHR) se sont élevés contre cette décision. Ils soulèvent le paradoxe de la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse et des droits de l'homme par l'Etat présidant l'organisation, en l'occurrence le Kazakhstan qui n'a pas connu d'alternance politique depuis son indépendance et voue un important culte de la personnalité de son président.
Pour la première fois depuis sa création en 1975, l'OSCE confie sa présidence annuelle à une ancienne république soviétique, à majorité musulmane qui plus est. Les ONG, dont Human Rights Watch, mettent en avant la détérioration de la situation des droits de l'homme dans la plus grande économie d'Asie centrale. Noursoultan Nazarbaiev est président depuis l'indépendance du Kazakhstan en 1991, et avait recueilli 91% des suffrages lors de la dernière élection présidentielle en 2005. Au-delà du culte de la personnalité, le régime autoritaire kazakh a entériné une législation Internet très offensive. La liberté de la presse-papier comme Internet est contrôlée et limitée. En effet, chaque site étant considéré comme un média, les blogs politiques rendent leurs propriétaires responsables de leurs actes devant la loi. Le président lui-même justifie son autoritarisme par la primauté de la réussite économique sur les avancées démocratiques, mettant en avant la détérioration des économies post-soviétiques à l'heure de l'ouverture politique.
Les négociations au sein de l'OSCE pour une ouverture plus démocratique du régime kazakh sont compliquées. Le Kazakhstan fournit 25% du pétrole européen et sa position géostratégique lui confère un statut incontournable dans le transit entre l'Europe et l'Asie. Pour l'année qui vient, la présidence kazakh a fait de l'Asie centrale et de ses voisins ses priorités. L'Afghanistan, le nucléaire iranien de même que des conflits intra-étatiques tels que le Nagorny-Karabagh, la Transnitrie et l'Abkhazie seront au cœur des enjeux de la présidence kazakh.
Sur www.affaires-strategiques.info le 18 janvier 2010
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