Pékin rafle les concessions gazières, construit des pipelines et veut louer des terres cultivables... au nez et à la barbe des Russes et des Américains.
La visite de Hu Jintao à Saman Depe (Turkménistan), petite bourgade sur la rive gauche de l'Amou Darya, le 14 décembre, n'a suscité que peu d'intérêt en Occident. Après tout, cette cérémonie à l'orchestration très soviétique, pouvait prêter à sourire : d'un théâtral tour de robinet, le président chinois et les chefs d'État turkmène, ouzbek et kazakh ont inauguré l'un des plus longs gazoducs au monde. 1 833 km de tuyaux qui connectent l'Asie centrale à la Chine.
Ce geste, pourtant, a une portée considérable. Économique ? « Pas seulement. Ce projet est aussi politique », affirme Kourbangouly Berdymoukhamedov, l'homme fort du Turkménistan, trop heureux de desserrer l'étreinte de Moscou. La Russie possède l'essentiel des pipelines de la région et, depuis 1991, dictait ses conditions à ses ex-dépendances, très enclavées.
Main basse sur l'énergie
Vu de Pékin, c'est une immense victoire, patiemment construite. Lorsque l'URSS a éclaté en 1991, la Turquie rêvait d'étendre son influence, misant sur le cousinage linguistique ; l'Iran se voyait écouler des millions de corans à des peuples assoiffés d'islam après soixante-dix ans de régime athée. Personne n'aurait misé sur la Chine.
Pourtant, c'est elle qui, aujourd'hui, double Russes, Turcs, Iraniens et Américains. Mieux qu'eux, Pékin a compris les attentes des jeunes républiques d'Asie centrale et des satrapes qui les dirigent : beaucoup de dollars et pas de leçons de démocratie, de religion ou de droits de l'homme.
Ces dernières années, Pékin a prêté 10 milliards de dollars au Kazakhstan, 4 milliards au Turkménistan. Des prêts largement orientés vers la construction, par des ouvriers chinois, de pipelines et de routes... menant à la Chine. Des voies commerciales qui évitent le golfe d'Aden, le détroit d'Ormuz et celui de Malacca (Malaisie), menacés par la piraterie et le terrorisme.
Invasion chinoise ?
Dans trois ans, lorsque le nouveau gazoduc, alimenté par des sociétés sino-turkmènes, fournira à plein régime, il livrera à la Chine 40 milliards de m3 de gaz, la moitié de ses besoins annuels. Un oléoduc déjà achevé, plus au nord, et branché sur les gisements pétroliers sino-kazakhs, pourra être prolongé vers l'Irak, où les compagnies chinoises viennent de décrocher les meilleures concessions de l'après-Saddam Hussein.
Cette gourmandise de Pékin commence toutefois à inquiéter. Mi-décembre, des milliers de Kazakhs, déjà inondés de produits made in China, ont manifesté à Almaty contre le projet de concession à la Chine d'un million d'hectares de terre vierge : « Cela veut dire que 15 millions de Chinois vont être amenés pour les exploiter ! » tempête l'opposant Bolat Abilov, inquiet de voir bientôt les Chinois aussi nombreux que les 16 millions de Kazakhs.
Ce geste, pourtant, a une portée considérable. Économique ? « Pas seulement. Ce projet est aussi politique », affirme Kourbangouly Berdymoukhamedov, l'homme fort du Turkménistan, trop heureux de desserrer l'étreinte de Moscou. La Russie possède l'essentiel des pipelines de la région et, depuis 1991, dictait ses conditions à ses ex-dépendances, très enclavées.
Main basse sur l'énergie
Vu de Pékin, c'est une immense victoire, patiemment construite. Lorsque l'URSS a éclaté en 1991, la Turquie rêvait d'étendre son influence, misant sur le cousinage linguistique ; l'Iran se voyait écouler des millions de corans à des peuples assoiffés d'islam après soixante-dix ans de régime athée. Personne n'aurait misé sur la Chine.
Pourtant, c'est elle qui, aujourd'hui, double Russes, Turcs, Iraniens et Américains. Mieux qu'eux, Pékin a compris les attentes des jeunes républiques d'Asie centrale et des satrapes qui les dirigent : beaucoup de dollars et pas de leçons de démocratie, de religion ou de droits de l'homme.
Ces dernières années, Pékin a prêté 10 milliards de dollars au Kazakhstan, 4 milliards au Turkménistan. Des prêts largement orientés vers la construction, par des ouvriers chinois, de pipelines et de routes... menant à la Chine. Des voies commerciales qui évitent le golfe d'Aden, le détroit d'Ormuz et celui de Malacca (Malaisie), menacés par la piraterie et le terrorisme.
Invasion chinoise ?
Dans trois ans, lorsque le nouveau gazoduc, alimenté par des sociétés sino-turkmènes, fournira à plein régime, il livrera à la Chine 40 milliards de m3 de gaz, la moitié de ses besoins annuels. Un oléoduc déjà achevé, plus au nord, et branché sur les gisements pétroliers sino-kazakhs, pourra être prolongé vers l'Irak, où les compagnies chinoises viennent de décrocher les meilleures concessions de l'après-Saddam Hussein.
Cette gourmandise de Pékin commence toutefois à inquiéter. Mi-décembre, des milliers de Kazakhs, déjà inondés de produits made in China, ont manifesté à Almaty contre le projet de concession à la Chine d'un million d'hectares de terre vierge : « Cela veut dire que 15 millions de Chinois vont être amenés pour les exploiter ! » tempête l'opposant Bolat Abilov, inquiet de voir bientôt les Chinois aussi nombreux que les 16 millions de Kazakhs.
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