Plusieurs projets de pipeline sont en compétition s'agissant de la création du corridor gazier sud-européen, un projet relativement vague visant à fournir à l'Europe du gaz en provenance de la mer Caspienne et du Moyen-Orient. Euractiv examine les diverses initiatives européennes et leur concurrent commun : le projet russe "South Stream".
Milestones
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1 jan. 2006: Première guerre du gaz entre la Russie et l'Ukraine. Moscou interrompt brièvement ses livraisons de gaz vers l'Ukraine à cause d'un différend de paiement, suscitant les critiques en Occident qui affirment que le Kremlin utilise l'énergie comme un outil politique.
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16 oct. 2008: Le sommet de l'UE approuve un rapport sur la sécurité énergétique invitant les Etats membres et les institutions à diversifier leurs sources d'énergie et leurs voies d'acheminement.
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13 nov. 2008: La Commission publie son Plan d'action européen en matière de sécurité et de solidarité énergétiques qui trace les grandes lignes de plusieurs initiatives, y compris celle d'un corridor Sud pour le gaz.
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1 jan. 2009: Deuxième guerre du gaz entre la Russie et l'Ukraine. La crise prend fin le 20 janvier lorsque les livraisons ont repris avec des prix plus élevés pour l'Ukraine. Plusieurs pays européens ont été sévèrement touchés par l'arrêt des livraisons.
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8 mai 2009: La présidence tchèque de l'UE accueille le sommet du corridor Sud pour le gaz à Prague. L'évènement fut très solennel.
Policy Summary
Le corridor Sud pour le gaz est considéré comme une partie de la « nouvelle route de la soie » du transport et de l'énergie reliant l'Europe et la région caspienne. Les politiciens européens ont donné un nom au projet alors que les sociétés énergétiques et les gouvernements tentent de lui donner vie en faisant pression pour des projets concrets.
Le projet de gazoduc le plus connu dans le corridor sud pour le gaz est Nabucco. Toutefois, d'autres projets plus petits, comme le gazoduc transadriatique (TAP), l'interconnecteur Turquie-Grèce-Italie (ITGI) et l'interconnecteur Azerbaïdjan-Géorgie-Roumanie (AGRI) ont tous le potentiel de représenter un élément important du corridor sud pour le gaz et même pour remettre en question l'avenir du projet Nabucco.
Certains, comme le projet russe South Stream, ont même le potentiel pour devenir les « tueurs » du projet Nabucco en mettant le projet de l'UE hors de propos.
South Stream, un gazoduc envisagé pour transporter le gaz russe vers l'Europe, a de plus grandes capacités que Nabucco, les mêmes objectifs en matière de délais et atteindrait largement les mêmes clients d'Europe centrale (voir détails dans « Issues »). En théorie, South Stream pourrait également transporter du gaz en provenance du Caucase dans la mesure où le monopole de l'Etat russe sur l'énergie de Gazprom offre des prix compétitifs pour les pays producteurs de gaz tels que l'Azerbaïdjan ou le Turkménistan.
Aux côtés de South Stream, un projet connu sous le nom de White Stream, une initiative ukrainienne, pourrait également être perçue comme un concurrent dans le corridor gazier du sud, puisqu'il vise à amener le gaz du Caucase à travers la Géorgie et l'Ukraine jusqu'à la Roumanie, avec d'avantage de ravitaillement pour l'Europe Centrale.
Pour l'Europe, la construction de trop de gazoducs n'aurait pas de sens. Même si cela pourrait potentiellement introduire une compétition entre les différents fournisseurs, les coûts élevés de construction feraient également sûrement grimper les prix pour les consommateurs. Du côté des entreprises, les retours seraient trop peu importants pour justifier plusieurs projets, ce qui signifie que certains devront être abandonnés.
Des dimensions politiques
Toutefois, certains gouvernements, la Russie en particulier, font pression pour leurs projets sans tenir compte de leur coût et efficacité. En effet, certains projets de gazoduc devraient être vus comme plus « politiques » alors que d'autres semblent revêtir un sens plus économique.
La politique est un facteur important lorsque l'on prend en considération les parcours des différents projets. AGRI, par exemple, transporterait du gaz liquéfié par bateau à travers la Mer noire, contournant la Turquie et l'Ukraine. Le South Stream russe contournerait également l'Ukraine par la mer dans une zone en dehors des eaux territoriales du pays. Nabucco, quant à lui, dépend fortement des dispositions relatives au transit avec la Turquie étant donné que la moitié du gazoduc s'étalerait à travers le pays.
La politique joue également un rôle dans le fait que certains projets, comme Nabucco, sont reconnus comme d'intérêt européen. Cependant, d'autres projets qui ne jouissent pas du même statut, comme South Stream, sont soutenus par certains Etats membres : Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Grèce. Si les deux projets devaient être lancés, il est difficile de présumer quelle serait la position de ces pays et de l'UE.
Des chemins qui se chevauchent
Tous les projets de gazoduc, y compris Nabucco et South Stream, incluent des sections de gazoducs existants. Lorsque tous les projets sont placés sur la même carte, un chevauchement clair des différents projets (qui utilisent les mêmes sections existantes) devient visible. Il apparaît également que beaucoup des nouvelles sections prévues sont très similaires d'un projet à l'autre.
Carte1
Le facteur politique le plus important, cependant, est de savoir qui assurera les livraisons en fin de compte. Le projet de la Commission européenne mentionne l'Azerbaïdjan et le Turkménistan, ainsi que l'Irak et les pays du Machrek. D'autres pays tels que l'Ouzbékistan et l'Iran seront ajoutés alors que les conditions politiques le permettront.
Tous les projets européens actuellement proposés dans le corridor sud reposent sensiblement sur le gaz en provenance d'Azerbaïdjan, du moins pendant la première phase. Néanmoins, comme les experts en gaz l'admettent, si l'Azerbaïdjan décidait de vendre son gaz à la Russie, toute la philosophie du Corridor sud s'effondrerait.
Azerbaïdjan: Un fournisseur fiable ?
Le potentiel de ces pays en tant que fournisseurs est remis en question par Moscou. Seuls trois de ces pays (Russie, Iran et Qatar) pourraient être des fournisseurs de gaz sur le long terme, selon le PDG de Gazprom, Alexei Miller.
Selon l'International Energy Outlook 2010, publié par l'Agence américaine pour l'information sur l'énergie, les réserves mondiales maximums de gaz sont de 187 milliards de mètres cubes. Les pays qui détiennent les plus grandes réserves sont la Russie, avec 25,4 % des réserves mondiales ou 48 milliards de mètres cubes (mmc), suivie de l'Iran (15,8 % ou 30 mmc), le Qatar (13,6 % ou 25 mmc), le Turkménistan (4 % ou 7,5 mmc) et l'Arabie Saoudite (4 % ou 7,44 mmc).
L'Irak arrive 11ème avec 1,7 % des réserves mondiales ou 3 mmc et le Kazakhstan 15ème avec 1,3 % des réserves et 2,4 mmc.
L'Azerbaïdjan ne fait pas partie des 20 pays disposant des plus grandes réserves de gaz. Selon l'Agence américaine, en 2008, l'Azerbaïdjan a produit 16,2 milliards de mètres cubes de gaz naturel et en a consommé 1,6 milliards. La quasi-totalité du gaz naturel azerbaïdjanais est produit dans des champs offshores.
Les augmentations majeures dans la production de gaz naturel en Azerbaïdjan à l'avenir sont attendues grâce au développement continu du champ de Shah Deniz. Les analystes industriels estiment que Shah Deniz est l'une des plus importantes découvertes de champ de gaz naturel de ces 20 dernières années.
Selon l'opérateur technique du projet, BP, le champ contiendrait un potentiel de ressources recouvrables s'élevant à 424 mmc de gaz naturel. Shah Deniz est situé au large de la Mer Caspienne à environ 60 miles du sud-est de Baku.
Les « énormes réserves » du Turkménistan seront-elles disponibles ?
Le président du Turkménistan, Gurbanguly Berdymukhamedov, a déclaré le 30 septembre que l'ensemble des champs du géant turkmène South Yoloten-Osman à eux seuls contiendrait à présent un total de 18 billions de mètres cubes de gaz.
Il a déclaré que les réserves totales de gaz au Turkménistan étaient estimées à 24,6 billions de mètres cubes. Cela représente plus du triple de la quantité estimée jusqu'à présent.
Le Turkménistan ne fournit pas actuellement de gaz aux pays européens, ses exportations allant directement vers la Russie, l'Iran et la Chine.
Décrivant le Turkménistan comme un Etat autoritaire, Michael Laubsch, expert de l'Asie centrale, a récemment déclaré que le pays représenterait un partenaire "peu fiable" pour l'UE.
Trouver les fonds
Un autre aspect à prendre en compte réside dans le fait que certains projets en compétition semblent avoir quelques difficultés pour trouver les financements nécessaires alors que d'autres comptent largement sur un financement public.
La situation financière de Gazprom est loin d'être brillante et la société n'a pas beaucoup de liquidité disponible. Elle a accumulé une dette nette de 15,2 milliards de dollars selon la presse.
La manière dont serait financé le projet South Stream reste donc floue. La Russie souhaiterait que l'UE donne à South Stream le statut de « projet d'intérêt européen » dans l'espoir que les banques leur prêtent alors de l'argent à de meilleures conditions.
Issues
Nabucco
Le gazoduc Nabucco fut à l'origine proposé par les Etats-Unis juste après la chute du mur de Berlin. L'objectif était de réduire la dépendance de l'Europe face au gaz russe.
Depuis, Nabucco n'a jamais eu les faveurs de la Russie ou de son monopole d'Etat Gazprom.
Toutefois, il est difficile d'affirmer si l'UE dans son ensemble considère Nabucco comme un projet d'importance stratégique. L'Allemagne et la France, par exemple, n'ont jamais montré beaucoup d'intérêt envers ce projet.
L'année dernière, la chancelière allemande, Angela Merkel, a confirmé que son pays s'opposait au financement du projet de gazoduc Nabucco avec l'argent européen, soulignant que le problème n'était pas le financement, mais qu'il fallait trouver du gaz pour remplir le gazoduc.
Le consortium Nabucco comprend les principales sociétés européennes de l'énergie : OMV d'Autriche, MOL de Hongrie, RWE d'Allemagne, Bulgargaz de Bulgarie, Transgaz de Roumanie et Botas de Turquie. Cependant, trois membres du consortium, OMV, MOL et Bulgargaz, se sont déjà engagés envers le gazoduc South Stream de Gazprom, soulevant des questions quant à un conflit d'intérêt, ou à leur engagement envers Nabucco.
Plus récemment, la Roumanie a également été considérée comme un partenaire potentiel par Gazprom pour South Stream.
Le gazoduc Nabucco sera alimenté à partir de deux endroits à la frontière de la Turquie avec la Géorgie et l'Irak et traversera la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie jusqu'à la centrale de Baumgarten en Autriche. La durée de vie du gazoduc est estimée à 50 ans.
Sa capacité est de 38 milliards de mètres cubes par an (mmc/an). Sa construction devrait commencer en 2012 et le gaz devrait commencer à le traverser d'ici 2015.
Le consortium derrière Nabucco a annoncé le 6 septembre que trois banques publiques internationales allaient lancer les vérifications préalables pour des prêts s'élevant à 4 milliards d'euros. Selon le site Internet du consortium, l'investissement total nécessaire au projet est estimé à 7,9 milliards d'euros dont 70 % seront financés par des prêts accordés par des institutions financières.
Durant l'été 2010, Nabucco a fait un autre pas en avant en demandant des travaux de construction pour des lignes d'accès de la Turquie à l'Irak et à la Géorgie. Toutefois, une troisième ligne d'accès censée relier la Turquie à l'Iran a été mise en attente à cause de considérations politiques, a annoncé le consortium.
Le journal The Economist décrit Nabucco comme ressemblant à « une réponse à un problème que la technologie et le marché pourraient déjà être en train de régler ».
Il mentionne la possibilité d'utiliser la technologie de compression pour transporter le gaz via un gazoduc transcaucasien existant et à travers la mer Noire et que la Commission fait pression pour libéraliser le marché du gaz pour que les gazoducs puissent être utilisés non seulement pour les importations, mais aussi pour la distribution en UE.
Le mois dernier, le projet Nabucco a reçu 5 milliards de dollars de prêt de la Banque mondiale, de la Banque d'investissement européenne et de la banque européenne pour la reconstruction et le développement, ajoute The Economist.
South Stream
South Stream est un projet de gazoduc contournant l'Ukraine, passant sous la mer Noire vers la Bulgarie avec une branche allant jusqu'en Grèce et en Italie et un autre jusqu'en Roumanie, Serbie, Hongrie, Slovénie et Autriche. La Russie a récemment annoncé qu'il ferait plus que doubler sa capacité prévue passant de 31 milliards de mètres cubes par an (mmc/an) à 63 mmc/an.
Selon le site officiel du projet, South Stream a pour but de « renforcer la sécurité énergétique européenne » en éliminant les « risques liés au transport » grâce à « un autre pas vers l'exécution de la stratégie de Gazprom visant à diversifier les itinéraires de livraison du gaz naturel russe ».
Par conséquent, Gazprom ne considère pas South Stream comme un concurrent, mais plutôt comme le meilleur projet pour le corridor sud pour le gaz en UE.
L'itinéraire prévu de South Stream démarre de la station de compression de Pochinki sur la côte russe de la mer Noire. La partie offshore du gazoduc, qui est d'une longueur d'environ 900 km et d'une profondeur maximale de 2000 m, connectera les côtes russe et bulgare sous la mer Noire. La société pétrolière italienne Eni est le partenaire de Gazprom dans la construction de la partie offshore de South Stream.
Pour la section sur la terre ferme, Gazprom affirme qu'il y a « plusieurs routes possibles à travers les Etats membre et qu'elles sont analysées en ce moment ».
Tout comme Nabucco, South Stream devrait être terminé pour 2015.
En mars 2010, Eni a proposé que South Stream et Nabucco allient leurs efforts dans une volonté de réduire les coûts. Toutefois, l'idée a rapidement été rejetée par le ministre russe de l'énergie, Sergeï Shmatko qui a déclaré que South Stream était plus compétitif que son rival.
The Economist fait la liste des aspects cruciaux qui manquent au projet South Stream : l'industrie du gaz russe en mauvaise santé et endettée dispose de peu de capacités supplémentaires, peut-on lire, et la Bulgarie est toujours furieuse de la réduction de ses livraisons de gaz lors du conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine qui avait eu lieu en janvier 2009.
L'interconnecteur Turquie-Grèce-Italie (ITGI)
L'interconnecteur Turquie-Grèce-Italie (ITGI), la partie en aval de South Stream reliant la Grèce à l'Italie, est un projet de la société italienne Edison. ITGI représente le projet Poséidon : un tronçon de 200 km de gazoduc offshore à travers la mer Ionienne.
Le gazoduc Poséidon est développé par IGI Poseidon SA, un projet commun entre Edison et la société grecque Depa.
Malgré sa ressemblance avec South Stream, les promoteurs de l'ITGI présente leur projet comme représentant la "première phase" de Nabucco.
Présumant que la demande de gaz en Europe restera peu élevée jusqu'en 2015, Edison prévoit que l'Azerbaïdjan pourrait être le seul fournisseur de gaz via la Turquie. Par conséquent, les promoteurs de l'ITGI considèrent qu'un gazoduc de taille moyenne est plus adapté aux besoins européens que le projet Nabucco sur le moyen terme.
Lorsqu'il sera opérationnel en 2015, l'ITGI aura une capacité allant jusqu'à 10 mmc/an.
A part Poséidon, d'autres efforts dans la construction de l'ITGI incluent la réalisation de l'Interconnecteur Grèce-Italie (IGI) qui représente 600 km de gazoduc à travers le territoire grec et la réalisation de l'Interconnecteur Grèce-Bulgarie (IGB, connu également sous le nom de Stara Zagora-Komotini, partiellement financé par des fonds européens). L'IBG aura une capacité de 3-5 mmc/an et devrait être opérationnel d'ici 2013.
Pour le reste de son parcours vers le Caucase, l'ITGI utilisera des gazoducs existants. Les fonctionnaires de l'ITGI admettent que du gaz russe pourrait également être importé à travers le gazoduc Blue Stream existant et qui traverse la mer Noire.
Le site Internet du projet souligne que l'UE a accepté l'ITGI comme un projet d'intérêt européen et l'a inclus dans les projets du corridor sud pour le gaz du Plan de relance européen avec un financement s'élevant à 100 millions d'euros.
Gazoduc transadriatique (TAP)
Les actionnaires du Gazoduc transadriatique de EGLde Suisse, des norvégiens Statoil et E.ON Ruhrgasdécrivent le projet comme le moyen de distribution du gaz le plus court et le plus économique vers l'Italie et les marchés européens.
D'un montant d'environ 1,5 milliards d'euros, le projet TAP est censé offrir le chemin le plus court et le transport le moins cher pour le gaz Azeri à partir du champ Shah Deniz vers l'Europe.
En comparaison, le projet Nabucco est estimé à 9,7 milliards d'euros. Les fonctionnaires ont jusqu'à présent refusé de donner une estimation pour l'ITGI.
Le TAP ouvrira un nouveau "Corridor sud pour le gaz" vers l'Europe et un débouché pour le gaz naturel de la mer Caspienne et des régions du Moyen-Orient. Le projet devrait accroître sa capacité de transport de 10 à 20 mmc par an en fonction du débit, peut-on lire sur le site du consortium TAP.
Le TAP aura une capacité initiale de 10 milliards de mètres cubes par an. La capacité de transport du gazoduc pourra être accrue de 20 mmc/an. De plus, le TAP offrira une installation de stockage souterraine qui est actuellement étudiée en Albanie ainsi qu'une possibilité d'écoulement inversé pouvant aller jusqu'à 8,5 mmc qui permettra aux pays d'Europe du sud-est et de la région des Balkans d'être en position d'assurer l'énergie dont ils ont besoin.
Le gazoduc TAP, d'une longueur de 520 km, partira de la ville grecque de Thessaloniki, traversera l'Albanie avant de passer par la mer Adriatique pendant 115 km pour rejoindre Bindisi en Italie. La section offshore du TAP relie l'Italie à l'Albanie et non à la Grèce comme c'est le cas pour l'ITGI.
Un des atouts du TAP semble être le fait que Statoil détient 25 % des ressources à Shah Deniz.
« Le gazoduc TAP sera prêt lorsque la phase deux de Shah Deniz commencera la production », a récemment annoncé Kjetil Tungland, directeur exécutif du projet transadriatique.
Selon le site Internet de Statoil, la phase deux de la production de gaz à Shah Deniz devrait commencer en 2016.
Alors que le pic de production de la phase un de Shah Deniz est prévu à 8,6-9 milliards de mètres cubes, la production gazière augmentera de 16 milliards de mètres cubes par an au cours de la phase deux.
« Le gazoduc ne transportera aucun gaz iranien vu les circonstances politiques actuelles », a clarifié le consortium TAP.
Selon la presse, TAP est prêt à discuter quant à joindre ses forces avec ITGI. Toutefois, son exécutif n'a pas donné de détails sur ce que pourrait impliquer cette coopération.
Interconnecteur Azerbaïdjan-Géorgie-Roumanie (AGRI)
En septembre 2010, des sociétés publiques d'Azerbaïdjan, de Géorgie et de Roumanie ont signé un protocole d'accord pour un projet visant à transporter gaz liquéfié Azeri vers leur région.
L'interconnecteur Azerbaïdjan-Géorgie-Roumanie (AGRI) est né, rejoignant une liste déjà longue de projets pour le dénommé corridor sud pour le gaz.
Une nouvelle société a été créée avec la tâche initiale de réaliser une étude de faisabilité et d'attirer des financements.
Le 20 septembre, la Hongrie a annoncé qu'elle prendrait part au projet d'AGRI. Ainsi, chaque pays détiendrait une part de 25 % dans le projet.
Selon les rapports, AGRI sera destiné au transport de gaz azerbaïdjanais par gazoduc jusqu'à un port dans la mer Noire en Géorgie pour la liquéfaction. Le gaz sera ensuite transporté sur des bateaux-citernes jusqu'au port roumain de Constanta sur la mer Noire. De là, le gaz sera pompé via le système de gazoduc roumain vers la Hongrie et le reste du marché européen.
Le projet envisage la construction d'une usine de liquéfaction pour les exportations de GNL sur le terminal d'exportation de pétrole azerbaïdjanais de Kulevi en Géorgie, ainsi que la construction d'un terminal pour importer le gaz liquéfié vers une installation de regazéification en Roumanie.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a déclaré que les prochaines étapes d'AGRI (terminer l'étude de faisabilité et soulever des liquidités) serait importantes et a exhorté les institutions financières internationales à s'impliquer dans le projet.
Le président roumain, Traia Basescu, a dit qu'avec la Hongrie, son pays ferait le nécessaire pour que l'étude de faisabilité soit cofinancée par l'Union européenne en tant que partie du programme des réseaux énergétiques transeuropéens.
Une étude sur le terminal GNL de Constanta, sur le port roumain de la mer Noire, serait terminée. Ses conclusions permettront de débuter l'étude sur le projet AGRI, a déclaré M. Basescu.
Les partisans du projet AGRI affirment qu'il devrait s'agir du plus rapide des projets à réaliser dans le corridor sud pour le gaz. Néanmoins, les détracteurs disent que le port de Kulevi est "à deux pas" de l'Abkhazie séparatiste qui est pratiquement sous le contrôle de la Russie. Les troupes russes sont basées là-bas et la Russie pourrait endommager le gazoduc si elle le souhaitait, soulignent-ils.
White Stream
Pour conclure, le projet ukrainien White Stream vaut la peine d'être mentionné même si certains doutent qu'il puisse attirer suffisamment de soutien politique pour être réalisé.
L'idée a d'abord été présentée par le gouvernement ukrainien sous la première ministre Julia Tymoshenko, en 2005, sous la forme de la construction d'un gazoduc Géorgie-Ukraine-UE pour transporter le gaz de la Caspienne à travers la Géorgie vers Supsa, un port géorgien près de Poti.
De Supsa, le gazoduc irait jusqu'au port roumain de Constanta (la trajectoire finale n'a pas encore été décidée) et ainsi fournir le marché roumain et européen.
La capacité initiale du gazoduc est estimée à 8 mmc/ans. A ce stade, il serait approvisionné à partir du champ gazier de Shah Deniz en Azerbaïdjan.
Le projet est promu par la firme londonienne GUEU, mais ses partisans sont encore inconnus.
tableau 1
De possibles fusions ou synergies
Comme les promoteurs de quelques-uns de ces projets l'ont suggéré, certains pourraient réunir leurs plus grands atouts et éventuellement fusionner. Certains projets plus petits pourraient devenir la colonne vertébrale de projets plus importants lorsque les conditions le permettent et si la demande de gaz en Europe augmente.
Tous les promoteurs des projets, même ceux qui dépendent le moins des financements de l'UE ou de financements publics, semblent souhaiter une implication plus importante de la part de la Commission européenne. Un sommet spécial sur le corridor sud pour le gaz a eu lieu lors de la présidence tchèque en mai 2009. Une Déclaration a résulté de cette réunion mais son contenu restait vague et les prochaines étapes étaient peu concluantes.
Il n'y a pas de doute, la Hongrie et la Pologne vont tenter d'étoffer le concept du corridor sud pour le gaz alors qu'ils assureront la présidence de l'UE en 2011.
D'autres sommets auront sûrement lieu, mais, encore plus important que les réunions, les dirigeants européens devraient s'assurer que les préparations nécessaires sont effectuées et que l'Union peut prouver sa valeur ajoutée dans des projets d'importance stratégique.
Positions
Dans son discours sur l'état de l'Union de 2010, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré qu'il se rendrait dans la région de la Caspienne cette année « afin de promouvoir le corridor sud en tant que moyen pour renforcer notre sécurité en matière d'approvisionnement », affirmant qu'un plan d'action énergétique serait présenté l'année prochaine sur les questions de la sécurité de l'approvisionnement.
M. Barroso a décrit le corridor sud pour le gaz comme un « projet prioritaire clé pour l'UE », expliquant que l'Europe fournirait « le cadre légal, financier et politique aux sociétés pour qu'elles mettent en œuvre les projets ».
Lors d'un forum sur l'énergie à Sofia, le commissaire européen en charge de l'énergie, Günther Oettinger, a déclaré que l'UE souhaitait une connexion directe aux régions de la Caspienne et du Moyen-Orient sans être sur le chemin de South Stream.
Dans un discours au Forum international d'Odessa, M. Oettinger a appelé l'Ukraine à réformer son marché gazier domestique dominé par Naftogaz. « Je souhaite que le point de vue européen soit bien compris », a-t-il dit. « Nous pensons que la réforme du marché gazier domestique et le transit du gaz en Ukraine ne sont pas des questions à dissocier. Le transit ne sera pas totalement garanti tant que le système gazier domestique de l'Ukraine ne sera pas financièrement durable et transparent », continue-t-il, affirmant qu'un « effort extraordinaire » sera à fournir pour ouvrir le corridor sud pour le gaz vers l'UE.
Il avait auparavant demandé un prix unique en UE pour les importations de gaz afin de ne pas pénaliser des Etats membres individuels.
Commentant une réglementation de l'UE en matière de solidarité sur le gaz, l'eurodéputé polonaise, Jacek Saryusz-Wolski (Parti populaire européen), a dit que les nouvelles réglementations n'avaient fait que « deux tiers » du chemin vers une sécurité énergétique pour l'Union. « La réglementation omet le rôle du haut représentant et fait seulement référence vaguement au corridor sud ou à Nabucco, ou à la coopération avec nos partenaires », a-t-il déclaré, faisant allusion à la politique européenne de voisinage.
L'eurodéputée roumaine, Adina Valean (Alliance des libéraux et democrats pour l'Europe), a qualifié le projet comme « un pas en avant vers la réduction de la vulnérabilité de l'Europe », mais rappelé le besoin de « continuer à diversifier les trajectoires de l'énergie et les sources d'approvisionnement afin de favoriser la concurrence, l'accès et le choix ».
Selon Jeremy Ellis, à la tête du Business development dans la firme énergétique allemande RWE, le gazoduc Nabucco fournit aux producteurs de gaz en Azerbaïdjan les coûts de transports les plus bas du marché, ce qui donnerait lieu à de réelles économies financières de l'ordre de 4,1 à 9,1 milliards d'euros par 10 mmc de gaz sur 25 ans.
Nabucco aurait recours à plusieurs fournisseurs, ce qui est également considéré comme un avantage, alors que le TAP et l'IGI ne dépendent que d'une source gazière comme la plupart des pays du sud-est de l'Europe. « Il y a deux points différents où Nabucco et l'IGI pourraient être connectés, soit en Turquie, ou en Bulgarie, pour que les avantages de Nabucco (trajet de transport stable et sécurisé à travers la Turquie) puissent être étendu à la Grèce et à l'Italie », a-t-il déclaré.
Commentant la communication de l'UE sur l'infrastructure énergétique adoptée le 17 novembre, Kjetil Tungland, directeur exécutif du groupe du gazoduc transadriatique (TAP), a déclaré qu'il saluait le fait que l'UE reconnaisse que le corridor sud pour le gaz pourrait permettre de diversifier et de sécuriser le futur approvisionnement en gaz de l'Europe.
M. Tungland a déclaré qu'ils étaient heureux de voir que dans la communication, le gaz était considéré comme une part importante du futur "mix énergétique" de l'UE qui pourrait également contribuer significativement aux objectifs pour le climat de l'Europe, soulignant le caractère nouveau, simplifié et plus rapide des procédures d'octroi des permis ainsi que les nouveaux mécanismes de financements et les encouragements pour les investisseurs pour la construction d'infrastructures gazières.
Soulignant le rôle important des décideurs commerciaux et du marché, M. Tungland a demandé que tous les encouragements publics soient basés sur la transparence et sur le principe du rapport coût-efficacité.
"Le TAP est satisfait de la direction politique [de la] communication", a-t-il dit, ajoutant qu'il attendait de l'UE et de ses Etats membres concernés que la compétition entre les projets soit menée dans la transparence et de manière juste.
Dans son papier pour le Centre de la réforme européenne (CRE), Daniel Gros, directeur du Centre pour l'étude des politiques européennes (CEPS), qualifie la relation UE-Russie en matière d'énergie de « quasi-monopole bilatéral ».
« En tant que (quasi-)monopoleur, Gazprom pourra fixer ses prix au-dessus du coût marginal de la production du gaz. La capacité de Gazprom à gagner une rente de monopole grâce à sa position privilégiée de fournisseur principal de gaz en Europe dépendra des alternatives d'approvisionnement qui peuvent être disponibles pour l'Europe », écrit-il, estimant que la construction de gazoducs supplémentaires pourrait réduire les prix du gaz européen de 10 %.
Selon le Clingendael International Energy Programme, « la vitesse avec laquelle les sociétés et les gouvernements européens ont répondu au gazoduc sud russe indique qu'ils ne sont pas encore totalement convaincus du succès de Nabucco ».
Investir dans des projets alternatifs tels que Blestream I comporterait tout de même d'énormes risques commerciaux avec un planning très imprécis quant aux retours sur investissements, laissant de côté la question de savoir si des projets simultanés pourraient être mis en place à temps, explique Clingendael.
Ecrivant pour le Centre pour l'étude des politiques publiques, un groupe de réflexion britannique conservateur, Peter Dalby affirme que Nabucco libérerait par la même occasion l'Europe de l'utilisation agressive moscovite de l'énergie en tant qu'arme de négociation diplomatique.
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Dalby, plaidant en faveur de l'adhésion de la Turquie à l'UE, a écrit que le Caucase resterait un champ de bataille instable et appauvri en dehors de l'influence européenne sans cela.
Publié le 11 octobre 2010 sur www.euractiv.com et mis à jour 20 janvier 2011
Liens
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European Commission: Prague Summit, Southern corridor
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European Commission: Second Strategic Energy Review: An EU energy security and solidarity action plan (13 Nov. 2008)
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European Commission: José Manuel Barroso speech following the Southern corridor summit, Prague (8 May 2009)
Governments
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US Energy Information Administration: International Energy Outlook 2010
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US Energy Information Administration: Azerbaijan, Data on Natural Gas
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Gazprom: South Stream
NGOs and Think-Tanks
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The Quaker Council for European Affairs: The Nabucco gas pipeline: a chance for the EU to push for change in Turkmenistan
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International centre for Black Sea studies: The Nabucco pipeline and energy dilemmas
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Centre for European Reform: Pipelines, politics, power
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Matthias Pickl (University of Vienna): Enhancing the EU's energy supply security: an evaluation of the Nabucco project
Press articles
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The Moscow Times: Gazprom debts, costs are becoming a liability
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Pipelines International: Agreement accelerates ITGI pipeline
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Upstream Online: TAP ready to join forces with ITGI
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Hurriyet, Turkey: Trans-Adriatic Pipeline the cheapest, director says
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Georgian Daily: Supply concerns haunt Nabucco despite Azerbaijan deal
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News.AZ: RWE offers to connect Italy-Turkey-Greece Interconnector to Nabucco
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New Europe: US firmly behind Southern Corridor, says Poneman
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The Economist: The abominable gas man
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