ASTANA Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, âgé de 70 ans, a rejeté vendredi l'idée de prolonger par référendum son mandat jusqu'en 2020 à la tête de cette ancienne république soviétique, trois jours après les critiques émises par les Etats-Unis à l'égard de ce projet.
"La proposition du Parlement kazakh d'organiser un référendum pour apporter des amendements et des ajouts à la constitution kazakhe, initiée par le Parlement kazakh, (...) doit être rejetée", indique un décret présidentiel, publié vendredi dans la presse officielle de ce pays d'Asie centrale.
Le Parlement, dont tous les sièges sont contrôlés par le parti de M. Nazarbaïev, a soutenu fin décembre une initiative visant à organiser un référendum pour étendre jusqu'à 2020 le mandat de ce dirigeant au pouvoir depuis la chute de l'URSS.
Cette idée a été critiquée mardi par l'ambassade américaine au Kazakhstan, qui a estimé que l'organisation d'un référendum pour remplacer l'élection présidentielle prévue par la Constitution serait "un recul pour la démocratie au Kazakhstan".
"Nous estimons qu'il est important que le gouvernement du Kazakhstan et les citoyens honorent leurs engagements internationaux et continuent de chercher à organiser des élections libres et équitables", avait ajouté l'ambassade dans un communiqué.
A la tête de l'Etat depuis deux décennies, M. Nazarbaïev n'a jamais permis l'organisation d'élections libres depuis l'indépendance de son pays en 1991, selon les observateurs de l'OSCE.
Malgré un bilan démocratique très mitigé, M. Nazarbaïev entretient de très bonnes relations aussi bien avec les pays occidentaux que la Russie et la Chine, notamment en ouvrant grand les portes aux investisseurs pour exploiter les vastes ressources en hydrocarbures et en minerais de son pays.
Jusqu'ici, le président kazakh ne s'était pas exprimé sur l'idée de ce référendum, alors que 3,1 millions de citoyens kazakhs dans ce pays de quelque 16 millions d'habitants ont déjà signé une pétition en ce sens, selon des médias kazakhs.
Les initiateurs de l'idée avaient indiqué vouloir rassembler d'ici le 10 janvier les 200.000 signatures nécessaires à la tenue de cette consultation populaire.
Le mandat actuel de M. Nazarbaïev expire en 2012, année où une élection présidentielle est prévue.
En mai dernier, le Parlement lui avait accordé le titre de "chef de la Nation" (Elbassy en kazakh), un statut qui élargit son immunité et lui assure de larges pouvoirs même s'il quittait un jour la présidence.
Aux yeux de l'analyste kazakh Edouard Politaïev, un référendum prolongeant le mandat de M. Nazarbaïev jusqu'en 2020 aurait permis au président de chercher un successeur sans risque de tensions politiques.
"Mais il était évident que M. Nazarbaïev allait rejeter cela" pour faire bonne impression vis-à-vis de l'Occident, a estimé M. Politaïev.
"Il a toujours dit publiquement qu'il ne voulait pas d'un culte de la personnalité", a ajouté l'expert.
Cependant, l'idée d'un référendum n'est pas complètement enterrée, dit-il. Une telle consultation pourrait être organisée "en dépit des voeux du président", dans l'hypothèse où la proposition serait approuvée par les deux chambres du Parlement.
"La chose la plus importante à retenir est que Nazarbaïev restera le leader (du pays) quoi qu'il arrive", souligne pour sa part un analyste du groupe kazakh d'évaluation des risques, Dosym Satpaev.
"Et savoir ce qui se passera après son départ reste une question sans réponse", conclut-il.
Sur www.google.com le 7 janvier 2011
0 Comments:
Post a Comment