L'Asie centrale, ces terres méconnues ou oubliées dont le plus souvent on ne peut qu'énumérer le nom vague d'un guerrier Gengis Khan ou celui d'une Route de la soie, dont on confond les pays en « stan » et dont on pense que ses habitants vivent dans les yourtes, n'en a, pour autant, pas fini de nous surprendre. Qui aurait pu imaginer vingt ans auparavant, au moment où ces pays ex-soviétiques gagnaient leur indépendance, que l'Asie centrale deviendrait un point incontournable dans la géostratégie énergétique des puissances économiques mondiales?
L'énergie aujourd'hui est une ressource essentielle pour nos sociétés, un facteur du développement économique, ainsi qu'une valeur sûre de prospérité et un pilier structurant la puissance des États. Cependant, en matière énergétique le choix d'approvisionnement dans le monde pour les pays consommateurs, et donc importateurs, n'est pas immense. C'est le cas pour l'Europe qui fait preuve d'un manque de diversification de ses hydrocarbures – gaz et pétrole- nécessaires à satisfaire les besoins de sa consommation domestique. En novembre 2000, la Commission européenne a tenté d'y remédier en publiant dans le livre vert un document titré « vers une stratégie européenne de sécurité énergétique » afin de tracer certains objectifs énergétiques pour les années à venir, mais sans réel succès. La diversification est pourtant un des enjeux majeurs et relativement urgent: selon les statistiques, en matière énergétique l'Europe dépendrait à 31% de la Russie, principalement dans le domaine gazier.
La Russie, malgré de nouveaux gisements gaziers découverts récemment en Sibérie et en mer Arctique qui satisferaient aisément la consommation du pays, importe et fait transiter en grande quantité les hydrocarbures d'Asie centrale, c'est-à-dire du Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kirghizstan dans une moindre mesure. Le Tadjikistan, faisant aussi partie de cette région mais n'étant pas compétitif dans cette branche, n'est pratiquement jamais mentionné en ce qui concerne l'enjeu énergétique. L'accession à leur indépendance au début des années 1990 a permis à ces républiques d'ouvrir leur marché à l'international dans un contexte de mondialisation: en particulier le Kazakhstan et le Kirghizstan ont tenté de moderniser leurs infrastructures et de transformer les anciennes structures économiques et donc politiques héritées de la période soviétique. Dans ces circonstances, ces nouveaux pays indépendants ont pu attirer les investissements étrangers, impératif à l'exploitation des ressources énergétiques et à leur exportation vers l'étranger.
L'état des réserves énergétiques centre-asiatiques est très divers selon les pays en question. Le Kazakhstan et le Turkménistan se partagent les premières places pour respectivement « l'or noir » et « l'or bleu ». Le premier détient selon les statistiques 3,2% des réserves mondiales de pétrole et se placerait ainsi au 15ème rang mondial; avec trois grands gisements dont Kashagan (plus grande découverte au monde des trente dernières années), Tengiz sur les rives de la Caspienne et Karachaganak près de la frontière russe. Le deuxième est le principal fournisseur de gaz naturel dans toute la région, gaz qu'il importe des gisements près du bassin d'eau de l'Amou-Daria, et du gisement Yolotan-Oman dans le Sud-est du pays. La compagnie BP place le Turkménistan au 11ème rang mondial, bien qu'il soit difficile d'estimer exactement les réserves de gaz du pays: ce qui est sûr c'est qu'Asghabat prétend devenir le « nouveau Koweit d'Asie centrale » dans les prochaines années. Les autres États centre-asiatiques sont moins riches mais comportent un intérêt tout de même: l'Ouzbekistan disposerait de près de 170 sites pétroliers de petite et moyenne capacité, tandis que le Kirghizstan possède un puits de pétrole dans la ville de Kotchkor-Ata dont l'exploitation était relativement importante sous la période soviétique.
Les routes de distributions du pétrole et du gaz de ces États vers les pays acheteurs posent les enjeux principaux de la stratégie énergétique dans la région. En effet, le contrôle et l'entretien des infrastructures de distribution ont un coût pour les pays, mais ils doivent aussi penser à une politique énergétique qui se doit de trouver les voies d'exportation les plus rentables en matière de vente. Ainsi, parmi les pipelines en partance d'Asie centrale, les plus rentables sont dominés par la Russie qui jusqu'en 1997 possédait le seul oléoduc kazakh existant, Atyrau-Samara. La Russie avait donc le monopole sur la zone jusqu'à l'inauguration en 2001 du Caspian Pipeline Consortium (CPC) qui a permis au Kazakhstan d'atteindre les marchés mondiaux et de faire chuter les prix russes. Autre monopole, le pétrole ouzbèque dont la Russie reste le seul et principal acheteur. Néanmoins le Turkménistan semble varier sa stratégie; il a conclu trois contrats pour la vente de son gaz avec la Chine en 2006, la Russie en 2003, et l'Iran en 1997. Avec la construction du gazoduc reliant son pays à l'Iran, le Turkménistan a donc souhaité dès 1995 mettre fin au monopole russe de Gazprom. Pour finir, un consortium des trois pays: Kazakhstan, Ouzbekistan et Turkmenistan, a été mis en place afin de construire le premier gazoduc sino-centre-asiatique, inauguré en décembre 2009 et qui délivrerait à la Chine environ 50 milliards de m3 de gaz annuel, soit la moitié des exportations vers la Russie.
Cependant, malgré toutes les bonnes prédictions quant au potentiel énergétique de la région et bien que les réserves aient un fort potentiel, les hydrocarbures en Asie centrale restent difficiles à concrétiser: les gisements en milieu désertique et dans les steppes sont profonds et difficiles d'accès, il y manque des techniques d'extraction et des infrastructures de traitement, et enfin, la plupart du temps les deux hydrocarbures sont associés, c'est-à-dire que le gaz est mélangé au pétrole. Ainsi sans savoir-faire et sans capital, ces États dépendent principalement de l'étranger pour l'extraction de leurs hydrocarbures, et doivent alors prendre en compte le jeu géopolitique qui accompagne le contrôle de ces ressources.
Quatre pays se distribuent donc actuellement les hydrocarbures en Asie centrale; l'éternelle Russie, la nouvelle puissance chinoise, le compatriote azéri et dans une moindre mesure le voisin iranien. Par ailleurs, l'arrivée concrète d'un nouveau partenaire bousculerait la donne: la Turquie pourrait s'insérer dans de nouveaux contrats notamment avec le Turkménistan et l'Iran qui disposent déjà de gazoducs en fonction. Le monopole russe, face aux nouvelles concurrences naissantes, envisage d'investir davantage dans la région afin de moderniser les structures déjà présentes pour les rendre plus rentable. La Chine a réussi à s'imposer comme un partenaire en Asie centrale, particulièrement auprès du Kazakhstan, afin de contourner les risques éventuels que génère l'approvisionnement en hydrocarbures au Moyen-Orient. L'Azerbaïdjan dispose d'un pipeline transcaspien reliant Turkmenbashi à Baku, cependant la mer Caspienne étant de plus en plus convoitée, les pays riverains risquent de devenir des acteurs influents. L'Iran, jouant un rôle modeste au sein de l'ensemble énergétique centre-asiatique, reste un partenaire majeur du Turkménistan, mais il est difficile de prévoir pour le moment de grands investissements de la part du pays tant que sa situation économico-politique n'aura pas évolué. Enfin, avec l'inauguration en mai 2005 de l'oléoduc BTC (Baku-Tbilissi-Ceyhan), la Turquie se positionne en tant que partenaire potentiel pour l'avenir. Le pays ambitionne de devenir un hub énergétique dans la région; en plus du BTC, le gazoduc Blue Stream relie depuis 2003 la Russie au port de Samsun, et quelques pipelines importent du pétrole de l'Irak et du gaz de l'Iran vers la Turquie.
En regard de la concurrence dans le secteur énergétique, les pays européens sont encore loin dans leur partenariat avec les Républiques de la CEI. Jusqu'à présent, l'Europe importait du gaz d'Asie centrale et de la mer Caspienne à travers la Russie. Mais la « guerre du gaz » russo-ukrainienne en 2005 a sonné l'alarme auprès des responsables européens sur la nécessité de diversifier leur approvisionnement. Deux voies sont alors envisageables: établir des contrats directement avec les pays producteurs, ou bien négocier avec les pays importateurs transitaires (c'est-à-dire les pays du Caucase et la Turquie) pour acheminer le gaz et le pétrole jusqu'en Europe. La première voie a été mise à jour officiellement avec la visite du Président français Nicolas Sarkozy à Astana en automne 2009, qui a été accompagnée de la signature de quelques contrats énergétiques tels que les compagnies françaises Total et GDF Suez ont obtenu 25% d'un champ gazier et que le Groupe Vinci a signé un protocole d'accord prévoyant la construction d'un oléoduc reliant le Kazakhstan à Baku en Azerbaïdjan. La deuxième voie d'accès aux hydrocarbures centre-asiatiques est une coopération avec les pays du Caucase et avec la Turquie principalement. Pour y parvenir, le projet Nabucco a été agencé; il prévoit la construction d'un gazoduc reliant la Turquie à l'Europe en passant par la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche, soit une longueur de 3 300 km de transport de gaz. Nabucco serait donc un outil conséquent pour la politique énergétique de l'Union européenne, et en même temps un moyen pour la Turquie d'étendre sa coopération avec les pays d'Asie centrale. Bien que les accords aient été signés en 2009 et initialement prévus pour 2014, le projet Nabucco prend du retard; plusieurs problèmes d'acheminement sont en cause, mais aussi la candidature européenne de la Turquie étant délicate cela fait du projet une source d'enjeu politique.
La stratégie énergétique de l'Union européenne a besoin de se diversifier, pour cela l'Union souhaite construire de nouveaux oléoducs et gazoducs afin d'importer du gaz non-russe. En même temps, les pays d'Asie centrale cherchent aussi à varier leurs clients afin d'accéder à de nouveaux marchés sans s'aliéner au monopole russe. Tandis que la Turquie, elle, profondément européenne et asiatique, cherche à améliorer ses relations avec l'Union européenne tout en développant ses coopérations avec l'Asie centrale. Ce contexte amène donc à penser qu'une coopération énergétique entre la Turquie et l'Union européenne serait bénéfique pour les deux partenaires; stratégiquement les deux entités seraient moins dépendantes des volontés russes, politiquement la Turquie montrerait qu'elle peut être un partenaire avantageux pour l'Europe, économiquement l'Union contrerait les prix russes et la Turquie augmenterait ses gains par le transit des hydrocarbures. Si cette coopération semble, pour le moment, loin d'être réalisée et réalisable, elle n'en est pas pour autant négligeable.
L'énergie aujourd'hui est une ressource essentielle pour nos sociétés, un facteur du développement économique, ainsi qu'une valeur sûre de prospérité et un pilier structurant la puissance des États. Cependant, en matière énergétique le choix d'approvisionnement dans le monde pour les pays consommateurs, et donc importateurs, n'est pas immense. C'est le cas pour l'Europe qui fait preuve d'un manque de diversification de ses hydrocarbures – gaz et pétrole- nécessaires à satisfaire les besoins de sa consommation domestique. En novembre 2000, la Commission européenne a tenté d'y remédier en publiant dans le livre vert un document titré « vers une stratégie européenne de sécurité énergétique » afin de tracer certains objectifs énergétiques pour les années à venir, mais sans réel succès. La diversification est pourtant un des enjeux majeurs et relativement urgent: selon les statistiques, en matière énergétique l'Europe dépendrait à 31% de la Russie, principalement dans le domaine gazier.
La Russie, malgré de nouveaux gisements gaziers découverts récemment en Sibérie et en mer Arctique qui satisferaient aisément la consommation du pays, importe et fait transiter en grande quantité les hydrocarbures d'Asie centrale, c'est-à-dire du Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kirghizstan dans une moindre mesure. Le Tadjikistan, faisant aussi partie de cette région mais n'étant pas compétitif dans cette branche, n'est pratiquement jamais mentionné en ce qui concerne l'enjeu énergétique. L'accession à leur indépendance au début des années 1990 a permis à ces républiques d'ouvrir leur marché à l'international dans un contexte de mondialisation: en particulier le Kazakhstan et le Kirghizstan ont tenté de moderniser leurs infrastructures et de transformer les anciennes structures économiques et donc politiques héritées de la période soviétique. Dans ces circonstances, ces nouveaux pays indépendants ont pu attirer les investissements étrangers, impératif à l'exploitation des ressources énergétiques et à leur exportation vers l'étranger.
L'état des réserves énergétiques centre-asiatiques est très divers selon les pays en question. Le Kazakhstan et le Turkménistan se partagent les premières places pour respectivement « l'or noir » et « l'or bleu ». Le premier détient selon les statistiques 3,2% des réserves mondiales de pétrole et se placerait ainsi au 15ème rang mondial; avec trois grands gisements dont Kashagan (plus grande découverte au monde des trente dernières années), Tengiz sur les rives de la Caspienne et Karachaganak près de la frontière russe. Le deuxième est le principal fournisseur de gaz naturel dans toute la région, gaz qu'il importe des gisements près du bassin d'eau de l'Amou-Daria, et du gisement Yolotan-Oman dans le Sud-est du pays. La compagnie BP place le Turkménistan au 11ème rang mondial, bien qu'il soit difficile d'estimer exactement les réserves de gaz du pays: ce qui est sûr c'est qu'Asghabat prétend devenir le « nouveau Koweit d'Asie centrale » dans les prochaines années. Les autres États centre-asiatiques sont moins riches mais comportent un intérêt tout de même: l'Ouzbekistan disposerait de près de 170 sites pétroliers de petite et moyenne capacité, tandis que le Kirghizstan possède un puits de pétrole dans la ville de Kotchkor-Ata dont l'exploitation était relativement importante sous la période soviétique.
Les routes de distributions du pétrole et du gaz de ces États vers les pays acheteurs posent les enjeux principaux de la stratégie énergétique dans la région. En effet, le contrôle et l'entretien des infrastructures de distribution ont un coût pour les pays, mais ils doivent aussi penser à une politique énergétique qui se doit de trouver les voies d'exportation les plus rentables en matière de vente. Ainsi, parmi les pipelines en partance d'Asie centrale, les plus rentables sont dominés par la Russie qui jusqu'en 1997 possédait le seul oléoduc kazakh existant, Atyrau-Samara. La Russie avait donc le monopole sur la zone jusqu'à l'inauguration en 2001 du Caspian Pipeline Consortium (CPC) qui a permis au Kazakhstan d'atteindre les marchés mondiaux et de faire chuter les prix russes. Autre monopole, le pétrole ouzbèque dont la Russie reste le seul et principal acheteur. Néanmoins le Turkménistan semble varier sa stratégie; il a conclu trois contrats pour la vente de son gaz avec la Chine en 2006, la Russie en 2003, et l'Iran en 1997. Avec la construction du gazoduc reliant son pays à l'Iran, le Turkménistan a donc souhaité dès 1995 mettre fin au monopole russe de Gazprom. Pour finir, un consortium des trois pays: Kazakhstan, Ouzbekistan et Turkmenistan, a été mis en place afin de construire le premier gazoduc sino-centre-asiatique, inauguré en décembre 2009 et qui délivrerait à la Chine environ 50 milliards de m3 de gaz annuel, soit la moitié des exportations vers la Russie.
Cependant, malgré toutes les bonnes prédictions quant au potentiel énergétique de la région et bien que les réserves aient un fort potentiel, les hydrocarbures en Asie centrale restent difficiles à concrétiser: les gisements en milieu désertique et dans les steppes sont profonds et difficiles d'accès, il y manque des techniques d'extraction et des infrastructures de traitement, et enfin, la plupart du temps les deux hydrocarbures sont associés, c'est-à-dire que le gaz est mélangé au pétrole. Ainsi sans savoir-faire et sans capital, ces États dépendent principalement de l'étranger pour l'extraction de leurs hydrocarbures, et doivent alors prendre en compte le jeu géopolitique qui accompagne le contrôle de ces ressources.
Quatre pays se distribuent donc actuellement les hydrocarbures en Asie centrale; l'éternelle Russie, la nouvelle puissance chinoise, le compatriote azéri et dans une moindre mesure le voisin iranien. Par ailleurs, l'arrivée concrète d'un nouveau partenaire bousculerait la donne: la Turquie pourrait s'insérer dans de nouveaux contrats notamment avec le Turkménistan et l'Iran qui disposent déjà de gazoducs en fonction. Le monopole russe, face aux nouvelles concurrences naissantes, envisage d'investir davantage dans la région afin de moderniser les structures déjà présentes pour les rendre plus rentable. La Chine a réussi à s'imposer comme un partenaire en Asie centrale, particulièrement auprès du Kazakhstan, afin de contourner les risques éventuels que génère l'approvisionnement en hydrocarbures au Moyen-Orient. L'Azerbaïdjan dispose d'un pipeline transcaspien reliant Turkmenbashi à Baku, cependant la mer Caspienne étant de plus en plus convoitée, les pays riverains risquent de devenir des acteurs influents. L'Iran, jouant un rôle modeste au sein de l'ensemble énergétique centre-asiatique, reste un partenaire majeur du Turkménistan, mais il est difficile de prévoir pour le moment de grands investissements de la part du pays tant que sa situation économico-politique n'aura pas évolué. Enfin, avec l'inauguration en mai 2005 de l'oléoduc BTC (Baku-Tbilissi-Ceyhan), la Turquie se positionne en tant que partenaire potentiel pour l'avenir. Le pays ambitionne de devenir un hub énergétique dans la région; en plus du BTC, le gazoduc Blue Stream relie depuis 2003 la Russie au port de Samsun, et quelques pipelines importent du pétrole de l'Irak et du gaz de l'Iran vers la Turquie.
En regard de la concurrence dans le secteur énergétique, les pays européens sont encore loin dans leur partenariat avec les Républiques de la CEI. Jusqu'à présent, l'Europe importait du gaz d'Asie centrale et de la mer Caspienne à travers la Russie. Mais la « guerre du gaz » russo-ukrainienne en 2005 a sonné l'alarme auprès des responsables européens sur la nécessité de diversifier leur approvisionnement. Deux voies sont alors envisageables: établir des contrats directement avec les pays producteurs, ou bien négocier avec les pays importateurs transitaires (c'est-à-dire les pays du Caucase et la Turquie) pour acheminer le gaz et le pétrole jusqu'en Europe. La première voie a été mise à jour officiellement avec la visite du Président français Nicolas Sarkozy à Astana en automne 2009, qui a été accompagnée de la signature de quelques contrats énergétiques tels que les compagnies françaises Total et GDF Suez ont obtenu 25% d'un champ gazier et que le Groupe Vinci a signé un protocole d'accord prévoyant la construction d'un oléoduc reliant le Kazakhstan à Baku en Azerbaïdjan. La deuxième voie d'accès aux hydrocarbures centre-asiatiques est une coopération avec les pays du Caucase et avec la Turquie principalement. Pour y parvenir, le projet Nabucco a été agencé; il prévoit la construction d'un gazoduc reliant la Turquie à l'Europe en passant par la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche, soit une longueur de 3 300 km de transport de gaz. Nabucco serait donc un outil conséquent pour la politique énergétique de l'Union européenne, et en même temps un moyen pour la Turquie d'étendre sa coopération avec les pays d'Asie centrale. Bien que les accords aient été signés en 2009 et initialement prévus pour 2014, le projet Nabucco prend du retard; plusieurs problèmes d'acheminement sont en cause, mais aussi la candidature européenne de la Turquie étant délicate cela fait du projet une source d'enjeu politique.
La stratégie énergétique de l'Union européenne a besoin de se diversifier, pour cela l'Union souhaite construire de nouveaux oléoducs et gazoducs afin d'importer du gaz non-russe. En même temps, les pays d'Asie centrale cherchent aussi à varier leurs clients afin d'accéder à de nouveaux marchés sans s'aliéner au monopole russe. Tandis que la Turquie, elle, profondément européenne et asiatique, cherche à améliorer ses relations avec l'Union européenne tout en développant ses coopérations avec l'Asie centrale. Ce contexte amène donc à penser qu'une coopération énergétique entre la Turquie et l'Union européenne serait bénéfique pour les deux partenaires; stratégiquement les deux entités seraient moins dépendantes des volontés russes, politiquement la Turquie montrerait qu'elle peut être un partenaire avantageux pour l'Europe, économiquement l'Union contrerait les prix russes et la Turquie augmenterait ses gains par le transit des hydrocarbures. Si cette coopération semble, pour le moment, loin d'être réalisée et réalisable, elle n'en est pas pour autant négligeable.
Sabrine Balim sur www.aujourdhuilaturquie.com le 5 juillet 2011
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