INTERVIEW - Pour l'équipe de recherche du Crédit Suisse, les marchés «frontières» vont profiter de la croissance des pays émergents. Ils recommandent les pays de l'Est.
lefigaro.fr/jdf.com - Que sont les marchés « frontières » ?
Eric Güller/ Robert Ruttmann - Les marchés «frontières» sont ce que l'on pourrait appeler les «benjamins» des pays émergents. Ils sont plus petits, moins développés et surtout dont les marchés financiers sont moins liquides pour être considérés comme des marchés émergents. Leurs niveaux de revenus sont inférieurs, leurs consommations internes moins importantes et leurs systèmes financiers moins développés que ceux des marchés émergents. Bien qu'ils partagent les perspectives de croissance attractives de long terme des émergents, ils n'en sont qu'aux prémices de leur développement.
En quoi est-ce intéressant d'investir dans ces marchés ? Sont-ils en mesure de compenser le ralentissement économique des pays émergents ?
Nous considérons que ces pays sont bien placés pour être la prochaine vague de pays émergents. Ils sont de moins en moins corrélés aux marchés d'actions mondiaux. Maintenant, les marchés «frontières» ne sont pas encore prêts pour prendre la suite des pays émergents, mais constituent de très bons complémentaires à ces marchés. Même si le produit intérieur brut de certains pays «frontières» n'atteint pas les 6,5% annuels des marchés émergents, leur croissance sera plus forte que celle des pays développés.
Ils vont clairement profiter de la croissance des pays émergents et vont rentrer dans un cercle vertueux où leur consommation intérieure va prendre de l'essor, les investissements directs à l'étranger se multiplier, leur potentiel technologique s'exprimer plus clairement. Les meilleurs exemples sont la Corée du Sud et Taïwan, qui présentent, aujourd'hui, des perspectives de croissance économique similaires à des pays développés, après avoir été parmi les pays les plus pauvres du monde, il y a vingt ans.
Comment accéder aux marchés «frontières» ?
Etant donné les profils hétérogènes des pays «frontières», nous recommandons aux investisseurs d'être exposés aux marchés «frontières» via des fonds dédiés à cette thématique ou des produits structurés (placement financier qui comprend un placement sécuritaire et un placement à risque afin de doper la performance du produit). En outre, étant donné les risques d'investissement plus élevés que pour les marchés émergents, nous leur conseillons de consacrer une petite part dans leur portefeuille.
Les risques politiques inhérents à ces pays ne sont-ils pas de nature à freiner le développement de ces marchés ?
Les risques politiques sont certainement à prendre en considération lorsqu'on investit dans les marchés «frontières», les tensions entourant les élections présidentielles en Côte d'Ivoire sont en cela un très bon exemple. Mais nous avons constaté que la plupart des marchés «frontières» ont réalisé de nombreux progrès ces dernières années en matière d'amélioration de leurs institutions politiques. En fin de compte, nombre de pays frontières d'aujourd'hui sont aussi exotiques et risqués que les pays émergents, de la Chine à la Russie en passant par le Brésil, il y a encore une génération.
Quels marchés « frontières » recommandez-vous ?
Nous avons mis au point un indice permettant de passer au crible tous les pays de la planète et de détecter les marchés «frontières» en fonction de certains critères : le niveau de vie de la population, le développement des marchés financiers et la stabilité politique. Dans ces domaines, la Croatie, la Bulgarie, la Slovénie, la Roumanie, l'Estonie, l'Ukraine et le Kazakhstan sont très attractifs.
Guillaume Errard, pour http://marches.lefigaro.fr le 10 décembre 2010
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