Pierre A. FRADIN
Dans les années 60, l'Union Soviétique décide d'intensifier la culture du coton dans la région. Pour ce faire, elle détourne alors les cours de deux fleuves afin d'assurer l'irrigation des plantations. Le résultat est l'une des plus grande catastrophe écologique du monde. La mer s'est asséchée et les fleuves se sont taris. Les produits chimiques déversés sur les champs de coton ont empoisonné durablement l'eau et l'atmosphère environnante.
Les eaux restantes de la mer sont saturées de sel et engorgées de produits toxiques. La faune marine, très diverse avant 1960, a été décimée. Ne subsiste alors qu'une espèce de raie, importée, qui seule résiste à ce changement d'écosystème. En quelques années, les villages côtiers se retrouvent les pieds dans le sable à tel point que les 60 000 familles qui vivaient de la pêche doivent ranger leurs bateaux et quittent la région.
A cet anéantissement de l'environnent et de l'économie locale, s'ajoutent les conséquences sur la santé des riverains de la mer. Les engrais, les pesticides, les défoliants, ont pollués l'air et l'eau potable. La mortalité infantile est semblable à celle du Bangladesh
118 décès pour 1000 habitants par an. Et dans le port ouzbek de Mouinak, cancer, tuberculose et maladies sanguines déciment peu à peu la population. Et on ne compte plus les cas d'enfants malformés ou mort-nés.
Pourtant, un espoir commence à poindre dans cette région tourmentée. En 2005, avec l'aide de la Banque Mondiale, le barrage de Kokaral, au Kazakhstan, a vu le jour, ainsi qu'une série de digues. En 3 ans, la mer est remontée de 6 mètres. Les oiseaux, les poissons reviennent. Des esturgeons sont réintroduits dans la mer, et au marché local, les étals des poissonniers offrent plus d'une quinzaine d'espèces différentes. L'écosystème se renouvelle peu à peu, et les enfants se baignent à nouveau dans la mer.
C'est pourtant dans ce contexte que les pays riverains de la mer d'Aral ont débattu, ensemble, de la gestion de l'eau face au défi environnemental. Des discussions accueillies chaleureusement par l'ONU, par la voix de son secrétaire général Ban Ki-Moon, qui a souligné l'importance de trouver des coopérations entre Etats pour sauver la mer.
Diplomatie, soutien des ONG, grands travaux, volonté politique et engagement humain, autant d'ingrédients à fusionner pour sortir de plus de 40 ans de bêtise humaine. Mais il faudra sans doute encore des dizaines d'années avant que la mer d'Aral retrouve son lustre d'antan.
Le dossier de « Naturavox » sur la Mer d'Aral
Le dossier du « Courrier de l'UNESCO »
Le renaissance de la Mer d'Aral : un reportage de « France 2 »
La Mer d'Aral sur « Terra Nova »
Par Philippe BOURY, sur www.frequenceterre.com le 3 mars 2011.
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