L'exode était massif durant les années 1990. Il se poursuit, mais à un rythme désormais très lent. La population russe est vieillissante, leur natalité est moindre que celle des Kazakhs.
Le Kazakhstan était un cas à part au sein de l'ex-URSS. Avant qu'une frontière ne soit établie entre la Russie et le Kazakhstan, presque rien ne distinguait le nord de la république et la Sibérie méridionale.
Les libertés politiques sont certes limitées au Kazakhstan mais la nécessité de maintenir la paix s'est soldée par une politique des nationalités qui, sans contenter tout le monde, est reconnue pour être sensée et tournée vers l'avenir. Nadejda, professeure de russe à Almaty, assure que les Russes et les Kazakhs vivent en paix. « Mais les politiques ont changé » , ajoute-t-elle. « Avant, les Russes étaient le grand frère qui aidait le frère cadet. Aujourd'hui tout est renversé » . Néanmoins, quelques Russes occupent de hautes fonctions gouvernementales, notamment le premier ministre Karim Massimov (d'ethnie Ouïghoure) et le gouverneur de la banque centrale Grigori Martchenko (d'origine ukrainienne). « Bien que la constitution place le russe à égalité avec le kazakh, les lois et programmes de la « kazakhisation » , depuis 2001, accroissent l'utilisation du kazakh comme langue principale du gouvernement , indique un rapport du Groupe international du droit des minorités (MRGI). « C'est un obstacle pour accéder à l'éducation et à l'emploi dans la fonction publique pour une partie significative de la minorité russe ».
Inversement, tandis que la culture russe a imprégné le Kazakhstan durant les trois derniers siècles, les Russes d'Asie centrale ont également absorbé les coutumes locales telles que l'hospitalité généreuse et l'habitude de boire le thé dans des « pilouchki » (des petits bols). « Nous ne sommes plus des Russes, mais pas encore des Kazakhs » , dit Nadejda.
Alors que le Kazakhstan se porte mieux économiquement que le reste de l'Asie centrale, les Russes ont des raisons de rester. Les perspectives d'emploi sont meilleures à Almaty que dans les villes sibériennes dans lesquelles on encourage les Russes à s'installer. Toutefois, la situation démographique du Kazakhstan évolue. Le déclin de la population russe et la domination croissante de la langue kazakhe indiquent que la question se réglera sans intervention des autorités. Les Russes qui restent au Kazakhstan sont voués à l'absorption.
Par Claire Nutall sur http://larussiedaujourdhui.fr le 30 juin 2011