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lundi 19 novembre 2007

Panique sur les pâtes

"Panique sur les pâtes en Italie", titre le magazine Fortune

Oh là là, cher lecteur... les choses deviennent sérieuses.

"Si les prix continuent à grimper, je ne serais pas surpris de voir des émeutes pour de la nourriture", déclarait Jacques Diouf, directeur de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture il y a quelques semaines seulement..

Peut-être devrions nous appeler M. Diouf et lui demander son avis sur les marchés boursiers. La semaine dernière, nous avons entendu parler d'une bousculade en Chine. Trois personnes ont été tuées lors d'une ruée sur l'huile de friture. Voilà ce que nous lisons à présent :

Les fabricants de pâtes de Parme ne savent plus à quel tortellini se vouer devant la spirale haussière des prix du blé, rapporte Fortune. "Le prix du blé a grimpé de 60% cette année, et en Italie, les gens descendent dans la rue... le prix des pâtes a augmenté de 20% environ cette année selon les variétés, déclenchant des protestations nationales. Mais cette hausse des prix est en fait due à une saga mondiale impliquant les politiques agricoles, la spéculation sur le marché des matières premières, l'utilisation croissante de l'éthanol comme carburant alternatif et la sécheresse australienne".

Ah oui ? Vraiment ?

D'une manière ou d'une autre, Fortune a ignoré un petit détail. Le magazine a ignoré ce qui est probablement la raison la plus importante de la hausse des prix de l'alimentation -- une raison qui n'a rien à voir avec la météo.

Mais revenons à Fortune :

"Certes, le prix du blé a grimpé, mais il est simplement revenu à ses niveaux de 1985..." déclare Rosario Trefiletti, en faisant allusion à une conspiration. Trefiletti est le président de l'association de consonmmateurs Federconsumatori, à Rome. Il appelé à la grève des pâtes en septembre. "Le gouvernement ne peut pas imposer des prix plus bas", déclare Carlo Pileri, qui dirige un autre groupe de consommateurs, "mais il peut faire de la persuasion morale".

De quel gouvernement parle-t-il ? De celui dont les politiques et les prédilections ont causé la hausse des prix elle-même ?

Fortune continue :

"La hausse des prix du pain et de la farine a déclenché des manifestations au Maroc, frappé par la sécheresse, où la récolte de blé a été réduite de 76% cette année. Des troubles publics ont également été déclarés au Yémen, au Niger et en Côte d'Ivoire".

"Et le blé n'est pas seul à grimper. Les prix du lait sont à des sommets record, idem pour le riz... Au Japon, où le gouvernement est l'unique importateur de blé, les prix du pain ont grimpé pour la première fois en deux décennies. La Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan ont imposé des restrictions sur leurs exportations de blé pour s'assurer que leurs marchés intérieurs ne perdront pas au change durant la ruée des traders souhaitant gagner de l'argent à l'étranger".

"Les grands gagnants de tout cela, pour l'instant : les agriculteurs américains cultivant du blé. La production est en hausse de 14% environ, tandis que les exportations, soutenues par l'affaiblissement du dollar, devraient grimper de plus de 25% cette année. Les stocks sont à leur niveau le plus bas depuis la fin des années 40. Mieux encore, les prix ont grimpé au prix annuel moyen de 249 $ par tonne métrique pour le blé rouge d'hiver, plus du double de ce qu'il était en 2000".

Nos lecteurs noteront immédiatement la coïncidence. Vous dites que le blé a plus que doublé depuis 2000 ? Eh bien ça alors... l'or et le pétrole aussi. Aucune sécheresse n'assaille les mineurs d'or. Aucune poplitique agricole ne freine les exploitants pétroliers. N'est-il pas remarquable que tous grimpent ensemble... comme mis en lévitation par une force inconnue et invisible ?

Eh bien, pas si remarquable que ça, en fait. Le pétrole, l'or et les aliments réagissent avant toute chose non pas à une pénurie de pluie aux antipodes... mais à une inondation de cash et de crédit sur toute la surface du globe.

Jamais, depuis le Déluge, la planète n'avait vu telle quantité de liquidités. Les Etats-Unis achètent des choses qu'ils ne peuvent pas se permettre avec de l'argent qu'ils n'ont pas. Ils impriment simplement des dollars supplémentaires et les exportent vers leurs partenaires commercieaux. Ces pays, à leurs tour, impriment leurs propres devises pour racheter les dollars. Ils terminent avec d'énormes tas de billets verts dans leurs coffres. Rien que cette année, la Chine a ajouté 367 milliards de dollars à ses réserves de change (en dollars pour la majeure partie). Tout cet argent fait exactement ce qu'on attend de lui : il achète des choses. Généralement, plus il y a d'argent, plus il en faut pour acheter quelque chose.

Personne ne s'en plaignait tant que les prix des actifs grimpaient. Mais aujourd'hui, on voit de plus en plus de figures tristes... comme un jour sans pain. Les prix des actifs ne grimpent pas tous. Au lieu de cela, ce sont les pâtes qui grimpent.

Bill Bonner, co-fondateur de La Chronique Agora, à Londres