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samedi 31 décembre 2011

Au Kazakhstan, les promesses douteuses de l'un des derniers champs géants


L'île artificielle "D" du champ de Kachagan, dans les eaux kazakhs de la mer Caspienne.

Total est partenaire de l'exploitation de l'un des ultimes champs de pétrole géants de la planète... dont le développement s'annonce tellement difficile que le projet pourrait ne jamais être ni rentable, ni (donc) viable !

Le champ kazakh de Kachagan, dans la mer Caspienne, est présenté comme le projet pétrolier le plus prometteur de ces trois ou quatre dernières décennies. Ses réserves, estimées entre 9 à 16 milliards de barils, représentent 3 à 6 mois de consommation mondiale environ.

Une enquête de l'agence Bloomberg montre à quel point les promesses de Kachagan apparaissent aujourd'hui décevantes. Après 11 ans et 39 milliards de dollars d'investissements (dont 8 années de retard, et un dépassement du budget initial estimé 15 milliards) Total, Exxon, Shell et l'italien ENI, principaux partenaires du gouvernement du Kazakhstan, ont de quoi se faire du tracas.

Un analyste réputé, Julian Lee, du Center for global energy studies de Londres, indique à Bloomberg :

« Le plus gros soucis, c'est de savoir si le projet est capable de devenir un jour rentable, compte tenu de l'énorme augmentation de son coût et du retard pris par son lancement. » Il pourrait s'avérer « impossible pour les investisseurs d'obtenir un quelconque retour sur investissement sur la seconde phase du projet, avant que leur contrat sur le champ n'expire », en... 2041.

Sans cette seconde phase, pour l'instant théorique, du développement de Kachagan, le million de barils par jour de production qui en est attendu fera cruellement défaut pour compenser le déclin rapide des zones d'extraction existantes. Les premiers barils, fournis par la première phase de développement toujours en cours, ne sortiront pas avant 2014. Kachagan est l'un des rares points du globe où une augmentation importante de la production de brut peut se produire dans les prochaines années, avec la relance de la production de l'Irak et le développement des sables bitumineux au Canada.

Le coût de la seconde phase de Kachagan, ardemment réclamée par le gouvernement autocratique du Kazakhstan, promettent d'être astronomiques. Les investissements, encore hypothétiques, se chiffrent en centaines de milliards. Des déclarations récentes des patrons de Total et de Shell laissent entendre que ces groupes ne sont pas pressés de délier leurs bourses. Peut-être parce que financièrement, le jeu n'en vaut tout compte fait la chandelle ?

Les réserves mondiales de brut sont comme un vaste arbre fruitier. On commence par cueillir les fruits bien mûrs et à portée de main, avant de finir par se résoudre à monter chercher les fruits pourris tout en haut de l'arbre. On en est là, alors que depuis un quart de siècle, l'humanité consomme chaque année plus de pétrole qu'elle n'en découvre.

Découvertes et production pétrolière [Exxon, ASPO]

Difficile de trouver des conditions d'exploitation plus extrêmes qu'à Kachagan. Les hydrocarbures y sont piégés à 4200 mètres sous le plancher de la mer, à très haute pression. A la surface, les températures varient de - 35 °C en hiver à 40 °C l'été, mettant les matériaux à très rude épreuve. A la place des classiques plateformes offshore, six îles artificielles, situées à quelque 70 kilomètres de la côte, ont dû être construites pour exploiter le champ.

Ces « îles » sont truffées de capteurs afin de repérer les fuites de gaz inflammables, des gaz qui à Kachagan contiennent une proportion particulièrement élevée de sulfure d'hydrogène. Ce gaz, toxique à haute dose, a une odeur caractéristique d'oeuf pourri bien connue sur certaines plages du nord de la Bretagne. Il résulte de la décomposition de matière organique. Dans la plus grande des îles artificielles, sur laquelle vivent 5500 employés, des exercices d'urgence sont conduits chaque semaine, rapporte Bloomberg.

La structure des îles est capable de les protéger des glaces hivernales. Elle est censée isoler les puits afin d'éviter de polluer les eaux de la Caspienne, qui abritent notamment des phoques et les précieux esturgeons.

Si le pétrole tue aujourd'hui au Kazakhstan, ce n'est toutefois pas à cause de fuites d'hydrocarbures. Entre 14 et 70 personnes ont trouvé la mort en décembre au cours de manifestations d'ouvriers de la cité pétrolière d'Aktau, au bord de la Caspienne. Des manifestations réprimées dans un silence médiatique presque total par le potentat kazakh ami des puissances occidentales, Nursultan Nazarbayev.

Un « facteur d'instabilité » (comme on dit dans les chancelleries) qui a peu de chances d'accélérer développement du pétrole de la Caspienne, indispensable à l'avenir de l'industrie de l'or noir.


Publié sur http://petrole.blog.lemonde.fr le 31 décembre 2011

Témoignage vidéo : http://youtu.be/QtUKqkDE-8k

Alimenter le feu ...

A la veille de la fête musulmane de l'Aïd au Kazakhstan, où la plupart des gens se déclarent ou se considèrent de cette religion, une guerre de l'information s’est développée, qui a commencé avec la propagation de rumeurs d’ordres médiévales.
Des histoires horribles se propagent à la vitesse de la lumière, précisant comment les islamistes volent les gens afin d'organiser un massacre. Le téléphone arabe a fonctionné parfaitement, en complétant les rumeurs de nouveaux détails horrifiants en vue de conduire l’homme de la rue dans un état de stupeur. Alors, qui est derrière cette tentative d’attiser l'hystérie de masse? Et le plus important, l’association des termes « explosifs » au djihadisme, observés ces dernières années dans le pays, provoquent des affrontements avec les forces de police locales.

Certains pensent que l'extrémisme au Kazakhstan est gonflé artificiellement par certaines forces, qui luttent depuis longtemps contre le gouvernement kazakh. A cet égard, les premières places reviennent aux oligarques fugitifs Ablyazov Mukhtar vivant à Londres et à l’ancien gendre du président kazakh Aliyev Rahat. En considération de leurs positions élevées et de leurs situations financières actuelles et dans le passé, leurs «critiques intransigeantes du régime" viennent du fait qu'ils faisaient eux-mêmes partie du gouvernement. On a coutume de dire que dans l'Empire ottoman servaient de nombreux renégats Européens qui avaient trahi leur pays et Dieu.

Après avoir constaté l'originalité de ces personnes (le premier est accusé de plusieurs milliards de dollars d'escroqueries financières, tandis que le second est accusé d’enlèvement), je note que parmi l'arsenal des adversaires des autorités kazakhes, les outils des médias de masse, les mouvements politiques, les connexions criminelles (d’ailleurs Ablyazov a purgé une peine), la création d'une structure souterraine qui se fait passer avec succès comme Wahhabite et a le soutien des services spéciaux étrangers.

Le Kazakhstan possède de vastes ressources naturelles, pour lesquelles il a même été appelé le "nouvel eldorado de la France". Beaucoup en Occident et en Orient, préfèreraient avoir cette richesse pour eux seuls, sans avoir à rivaliser avec les autres. Étant donné que la Chine s’active à prêter de l’argent au Kazakhstan en vue d'obtenir des contrats lucratifs, et que Moscou intègre activement Astana dans la création d'une Union eurasienne à marche forcée, le risque demeure que les joueurs les moins actifs puissent être écartés de ce «nouvel eldorado».

Certains considèrent que le «printemps arabe» est une tentative cynique de gagner des dividendes sur les hautes aspirations du peuple, qui a soif de liberté et de prospérité. Tout ce que la population a gagné est un chaos permanent, des guerres et des coutumes islamiques. Il y avait des Etats laïcs en Tunisie et en Egypte. Ils ne le sont plus et ces pays sont secoués par des troubles dans lesquels des gens meurent. De même pour la Libye, qui était étroitement liée avec tout le monde, en Europe et de l'autre côté de l'Atlantique. Mais à présent il y a une guerre sans fin pour le pouvoir.

Tout était différent au Kazakhstan, dont le pouvoir est fort, la société laïque et l’économie en forte croissance. Soudainement, dans ce pays exempt d’islamistes, où auparavant aucun terroriste n’a jamais été vu, les autorités ont été la cible d’un certain nombre d'attaques terroristes dans l'année. Au printemps de cette année, deux policiers ont été tués par une explosion dans la ville d'Atyrau. Cet automne à Taraz, un adepte des idées du djihadisme est en fuite après avoir volé des armes dans un magasin et tué plusieurs policiers.

A la veille de la fête musulmane du pays, des rumeurs ont commencé à se répandre selon lesquelles ce seront des dizaines d'enfants qui seront prochainement données en sacrifice. Le gouvernement a indiqué que dans la région du Kazakhstan du Sud, trois personnes distribuant des tracts prévenant de l’imminence d’une série d'attaques terroristes, ont été arrêté. Parmi eux se trouve un délinquant récidiviste.

Les tracts disent que des wahhabites ont pénétré le territoire de la région, lesquels en désaccord avec la loi sur la religion ont décidé de sacrifier les petits enfants en signe de protestation. Pour ce qui est de l’influence sur la population, c’est un sans faute. Les parents craignant pour leurs enfants, ne les laissaient plus aller à l'école. L’esprit de terreur et de peur planait sur ce pays laïc d'Asie centrale, et les autorités perdaient de plus en plus la confiance de la population.

En parlant de qui est derrière tout cela, nous notons que, lors de la discussion sur une nouvelle loi sur la religion au Kazakhstan, Mukhtar Ablyazov commentant la politique du gouvernement, a prédit une révolution islamique dans le pays. L'essence de la lettre de l’oligarque déshonoré est que cette organisation islamiste radicale qui est de plus en plus présente au Kazakhstan, peut gagner des millions de personnes.

Plus tard, émergeant de nulle part, "les soldats du Califat" commencèrent à menacer le gouvernement kazakh, exigeant l'abrogation de la loi. Faute de quoi, ils promettaient de déployer la terreur contre le gouvernement, ce qui a été fait plus tard lors des attaques terroristes contre la police.

Parallèlement à la propagation des rumeurs sur d'éventuelles attaques terroristes, un travail a été réalisé avec les partis et organisations sociales pour renforcer leurs effets. Il est dès lors intéressant de constater que l’organisation non enregistrée "Alga", financée par Ablyazov et Aliyev, a critiqué la législation dans le domaine de la religion. Les membres de ce parti, ont attiré des jeunes et les ont engagés dans la distribution de tracts demandant l'abrogation de cette nouvelle loi. Le mouvement «Résistance Socialiste" est une organisation similaire, proche de Mukhtar Ablyazov.

À son tour, le gouvernement a critiqué les partisans de Mukhtar Ablyazov qui se livraient à des actes de provocation, alimentant des conflits sociaux et ethniques. Il considère que ces organisations sont impliquées dans la formation d'une idéologie hostile à l’Etat, semblable à celui martelé dans la tête des adeptes de leurs organisations religieuses extrémistes de type «Al-Qaïda».

Peut-être n’était-ce qu’un hasard, mais "les soldats du califat" ont revendiqué les attentats dans la République du Kazakhstan. Leurs opinions politiques s'avèrent très semblables avec celles d'autres opposants des autorités kazakhes.

Par souci d'équité, nous notons que les autorités soupçonnent un oligarque de faire partie d’un groupe terroriste, lequel oligarque accuse les autorités de pratiquer elles-mêmes des actes terroristes. Selon Mukhtar Ablyazov, le régime entend intimider les gens et les terroriser. Une version analogue vient de Rahat Aliyev, un autre adversaire de Nursultan Nazarbayev. Le jour avant les événements tragiques de Taraz, il a accusé les autorités kazakhes de préparer et de mener des actes de terrorisme.

A suivre...

Par Tarik Yussuf