Vous êtes à la recherche de personnels pour des postes au Kazakhstan?

Eurokaz peut vous aider en publiant votre annonce sur le site de son portail
Eurokaz News, section "
Offre d'emploi"

mardi 30 septembre 2008

Point sur les religions au Kazakhstan

L’attitude des autorités du Kazakhstan vis-à-vis du droit à la liberté religieuse reste ambiguë. D’une part, elles le défendent vigoureusement sur le papier, mais d’autre part, elles lui portent souvent atteinte dans les faits.

À plusieurs reprises, surtout devant la communauté internationale, les dirigeants du gouvernement kazakh se sont solennellement prononcés en faveur de la tolérance et du respect de la liberté religieuse dans leur pays. La perspective pour le Kazakhstan de présider en 2010 l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) n’est pas étrangère à cet engagement (Voice of Freedom, 3 janvier 2008).

La question de la liberté religieuse

En 2006, le Kazakhstan a accueilli le 2e Congrès des chefs spirituels des religions mondiales et traditionnelles, dont le but est la promotion de la concorde et du dialogue inter-religieux. Dans son discours aux congressistes, le président kazakh Nazarbaïev est allé jusqu’à proposer la création d’un Centre international des cultures et des religions du monde basé à Astana, dont l’objectif serait de favoriser le dialogue au sein des différentes religions et entre les dirigeants politiques mondiaux (Radio Free Europe / Radio Liberty, 13 septembre 2006). Dans une interview accordée à la BBC (11 décembre 2006), il a de nouveau insisté sur l’importance de l’harmonie inter-religieuse pour la stabilité de son pays.

D’autres membres de haut niveau de son gouvernement ont corroboré ces propos. Yeraly Tugzhanov, directeur du Comité des affaires religieuses au ministère de la Justice, a déclaré le 7 juin 2007 dans une conférence parrainée par l’OSCE à Bucarest (Roumanie) que son pays était « une oasis de stabilité et de concorde inter-religieuse », sans discrimination en matière de religion (AsiaNews, 9 juin 2007). Parallèlement, Amanbek Mukhashev, vice-président du Comité, a déclaré dans une autre conférence de l’OSCE tenue à Varsovie le 28 septembre 2007 que l’on pouvait « affirmer aujourd’hui avec une totale assurance qu’au Kazakhstan toutes les conditions nécessaires sont créées pour assurer la pleine liberté de pensée, de conscience et de culte » (Forum 18 News Service, 28 septembre 2007).

Malgré de si encourageantes déclarations d’intention de la part des membres du gouvernement, la situation pour beaucoup de groupes religieux est loin d’être favorable.

Équilibrée dans sa formulation originale, la loi de 1992 sur la liberté de conscience a été durcie par de récents amendements, en particulier ceux de 2005 sur la « sécurité nationale » et la « lutte contre le terrorisme ». Ces derniers ont rendu illégales les activités religieuses des groupes non enregistrés et ont imposé de nouveaux freins aux oeuvres missionnaires. Les membres des communautés religieuses minoritaires non enregistrées - soit par choix, soit à cause de la rigidité des procédures - sont donc exposés à des formes variées de persécution, dont la plus fréquente consiste en de lourdes sanctions économiques.

Contrôle du gouvernement sur les activités religieuses

En outre, certaines initiatives gouvernementales prétendument d’ « information » ont abouti à de véritables campagnes de calomnie contre les groupes religieux non traditionnels. En particulier, le 10 octobre 2006, le président Nazarbaïev a approuvé le « Programme d’État d’éducation patriotique des citoyens du Kazakhstan pour les années 2006-2008 » dont le but est de renforcer le contrôle du gouvernement sur les activités religieuses, réduire le nombre des violations de la loi sur la liberté de conscience, et empêcher les organisations religieuses de profiter de leurs contacts avec les couches les plus pauvres de la population pour les convertir. Le programme réaffirme le support de l’État en faveur des groupes religieux traditionnels et souligne le danger que représentent non seulement les groupes extrémistes comme Hizb-ut-Takhir, mais aussi les communautés comme les témoins de Jéhovah et Hare Krishna, à cause de l’« influence psychologique que les activistes de ces associations et organisations (peuvent exercer) sur la conscience des jeunes gens » (Forum 18 News Service, 3 avril 2007).

Ces mêmes groupes sont qualifiés de dangereux dans une brochure diffusée par le ministère de la Justice en 2006, intitulée Comment ne pas tomber sous l’influence des sectes religieuses, destinée à fournir un « support légal » aux citoyens kazakhs. Cette brochure déplore que beaucoup de jeunes gens aient rejoint des sectes religieuses comme les témoins de Jéhovah, les baptistes et les musulmans ahmadi. Le fait de se convertir à d’autres religions est taxé de « trahison » à sa « nation et à sa foi », car la religion est « notre vie spirituelle, présente et future », peut-on y lire. L’opuscule donne aussi une série de conseils pour lutter contre l’influence des sectes religieuses. Il exhorte le ministère de la Justice, le Conseil spirituel musulman, les media, les agences gouvernementales, les fonctionnaires locaux, les établissements d’enseignement supérieur, les écoles et les parents à s’impliquer dans les initiatives spécifiques qu’il préconise pour protéger l’intégrité spirituelle des jeunes gens et contrer le risque d’abandonner sa foi (ferghana.ru, 9 juin 2007).

Il faut cependant noter les quelques changements positifs intervenus ces deux dernières années. Pour la première fois dans l’histoire du pays, deux fêtes religieuses ont été incluses dans le calendrier kazakh : Noël, repris du calendrier orthodoxe, et Kurbanaid, la fête musulmane du sacrifice (AsiaNews, 28 janvier 2006). Fidèle à des principes de laïcité absolue, le Kazakhstan n’avait jusqu’à présent jamais reconnu de fêtes religieuses, et n’avait célébré que les jours politiquement significatifs sous le système soviétique.

Une nouvelle loi sur la liberté de conscience?

Une nouvelle loi sur la liberté de conscience devait être approuvée en 2007, mais les élections parlementaires ont retardé son adoption.

L’agence d’information Forum 18 News Service rapporte le 21 février 2007 qu’elle a pu prendre connaissance de l’un des projets à l’étude de cette loi. Cette dernière envisagerait que toutes les activités religieuses des groupes non enregistrés soient interdites. Les organisations religieuses seraient divisées en « associations », qui regrouperaient celles d’au moins 50 membres adultes, et en « groupes », que désigneraient celles qui auraient moins de 50 membres. Ces dernières seraient autorisées à célébrer leurs cérémonies et leurs rites et à dispenser une instruction religieuse à leurs membres, mais non à publier ou à importer de la littérature religieuse, se réunir pour prier en plein air, solliciter ou accepter des dons ou de l’aide sous quelque forme que ce soit, ou s’engager dans des actions caritatives. Le projet de loi renforce aussi l’autorité du Comité des affaires religieuses, puisque son consentement serait requis pour qu’un citoyen étranger puisse prendre la direction d’une communauté, ou pour la construction des lieux de culte de toute confession.

Entre-temps, il semble que d’autres restrictions à la liberté religieuse puissent être introduites grâce à une nouvelle loi anti-terroriste qu’étudie le Comité de sécurité nationale (KNB), police secrète du Kazakhstan. Askar Amerkhanov, chef adjoint de l’équipe opérationnelle du Centre anti-terroriste du KNB, a déclaré que « ces changements n’affecteront pas les croyants » (Forum 18 News Service, 24 Octobre 2006); cependant, il avait aussi annoncé à l’agence de presse Kazakhstan Today (15 septembre 2006) que la nouvelle loi combattrait les sectes et les organisations dites néfastes, dont l’activité est déjà interdite dans plusieurs pays car « elles exercent une influence destructrice sur les esprits ». Parmi les groupes que cette loi prendrait en considération, Amerkhanov a cité l’Église coréenne protestante de la Grâce et les témoins de Jéhovah.

La communauté catholique

Le 17 décembre 2006, Mgr Janusz Kaleta a pris ses fonctions de premier évêque catholique d’Atyrau, ville à environ 2000 kilomètres à l’ouest de la capitale Astana (AsiaNews, 27 décembre 2006).

Le 7 juillet 1999, le pape Jean-Paul II avait divisé l’administration apostolique du Kazakhstan en quatre juridictions, celle d’Atyrau étant la plus petite. Les catholiques du Kazakhstan représentent un total d’environ 300.000 membres.

« Les catholiques au Kazakhstan sont une très petite minorité. Dans mon administration, il y a seulement quelque 26.000 catholiques, pour une population de 2,2 millions d’habitants. Mais nous avons déjà 5 paroisses fonctionnant à plein temps, auxquelles va bientôt s’ajouter une nouvelle. Grâce à Dieu, nous avons beaucoup de jeunes gens entreprenants dans nos paroisses », a déclaré l’évêque Kaleta au cours d’une visite au siège international de l’Aide à l’église en détresse (ACN News, 7 mai 2007).

Pour des raisons économiques, « il y a des milliers de travailleurs étrangers ici. Nous nous occupons d’eux aussi », a-t-il ajouté, tout en précisant: « Notre premier défi est d’approfondir la foi de nos fidèles. Celui qui vient immédiatement après est la construction de nouvelles églises. Nous étions considérés comme une secte aussi longtemps que nous avions célébré la messe chez des personnes privées ».

Dans une interview accordée à Union of Catholic Asian News (19 mars 2007), l’évêque auxiliaire de Karaganda, Mgr Athanasius Schneider, a aussi parlé de la situation de la communauté catholique du Kazakhstan, disant qu’elle n’avait pas de problèmes particuliers, et qu’elle maintenait de bonnes relations avec les autres groupes. Cependant, il a spécifié que l’Église catholique « ne faisait aucune action missionnaire, contrairement à ce qui se passe par exemple en Afrique ». « La plupart de nos nouveaux venus, a-t-il ajouté, sont des gens d’origine catholique ou des chrétiens d’autres confessions, qui ne pratiquaient pas leur foi. Beaucoup sont nés dans des familles aux religions mélangées. Notre principal travail est de les évangéliser de nouveau, puisque leurs parents ou leurs grands-parents étaient déjà chrétiens. Il y a très peu de catholiques d’ethnie kazakhe, et ils sont le plus souvent de parenté mixte. (…) Nous n’évangélisons pas parmi les Kazakhs ethniques, qui s’identifient à l’islam, et nous respectons leurs sentiments. En outre, nous savons que le clergé musulman ici est très sensible à tout ce qui touche aux activités missionnaires parmi la population locale. »

Les protestants et les autres groupes religieux

Malgré le climat de tolérance et de stabilité que les hautes autorités du pays veulent instaurer, quelques groupes religieux souffrent encore de persécution.

Les groupes protestants qui appartiennent au Conseil des Églises baptistes, comprenant plus de 100 congrégations dans le pays, doivent faire face aux plus grandes difficultés, puisqu’ils refusent le principe de postuler un enregistrement. Même lorsqu’un groupe souhaite se faire enregistrer et qu’on lui en donne l’autorisation, cela donne le plus souvent à l’État le droit virtuel de s’immiscer dans ses affaires internes. Les fonctionnaires peuvent recueillir des informations très personnelles, comme l’origine ethnique des membres, leur niveau d’éducation religieuse, ou leur situation familiale et professionnelle. Dans certaines régions, les autorités ont même demandé des informations plus sensibles, comme les « liens et contacts » avec d’autres communautés, les noms des « personnes exerçant la plus grande influence et la plus grande autorité à l’intérieur de la congrégation », et les noms des « partis politiques et des organisations sociales les plus populaires au sein du groupe » (Assist News Service, 11 juin 2006).

Au cours des deux dernières années, beaucoup de ministres baptistes ont été condamnés à verser une amende en vertu des articles 374 et 375 du Code administratif, qui sanctionnent les activités religieuses des groupes non enregistrés. Dans quelques cas, l’amende était particulièrement lourde, plus de 600 Euros, alors que dans le pays le salaire mensuel dépasse rarement 200 Euros. Les autorités ont saisi les biens des baptistes qui ont refusé de s’en acquitter, la récusant comme une injustice, ou ont enjoint leurs employeurs de retirer de leur salaire la somme correspondant au montant de l’amende.

Dans la ville d’Aktobe, au nord-ouest du pays, le prédicateur baptiste Andrei Grigoriev a été condamné à verser cinq amendes de suite pour s’être livré à des activités religieuses illégales et pour avoir de façon réitérée refusé d’obéir à un ordre judiciaire lui enjoignant de renoncer à ces activités. Le montant total des amendes s’élevait à 700 Euros; le 27 février 2007 les magistrats ont saisi une partie de ses biens, dont sa voiture et sa machine à laver (AsiaNews, 14 March 2007). Il arrive que le refus persistant de s’acquitter des amendes soit sanctionné par un jour ou plus de prison. Ce fut le cas d’Andrei Penner, responsable d’une communauté à Karaganda. Il refusa de verser une amende d’environ 300 Euros à l’automne 2006, et a dû purger un jour de prison en mars 2007. Son salaire a aussi été amputé du montant de l’amende (Forum 18 News Service, 11 mai 2007). Un autre ministre baptiste, Piotr Panafidin, pour avoir refusé de payer une amende de 611 Euros, a enduré trois jours de détention. La cour a autorisé les autorités à saisir sa maison pour non paiement de l’amende (Assist News Service, 1er mars 2006). Parallèlement, le pasteur Fauzi Gubaidullin, responsable d’un groupe baptiste à Chimkent, a été condamné à trois jours de prison parce que sa communauté de 40 membres s’était réunie, malgré une interdiction imposée trois mois plus tôt par les autorités (AsiaNews, 14 mars 2007). Son arrestation n’a cependant pas empêché le groupe de continuer ses activités, et de célébrer lui-même les offices. En représailles, les autorités ont saisi leur lieu de réunion et l’ont mis sous scellés, laissant la propriétaire, E. Sabivora, et son enfant à la rue (AsiaNews, 26 July 2007).

Face au durcissement des autorités locales, la situation d’autres organisations religieuses devient de plus en plus difficile. Dans la région d’Atyrau par exemple, beaucoup de groupes religieux n’ont pu obtenir l’enregistrement malgré de nombreuses tentatives tout au long des cinq dernières années. C’est le cas des témoins de Jéhovah à qui l’on a refusé leur dernière demande, sous le prétexte qu’ils avaient omis d’y indiquer le numéro de téléphone de quelques-uns de leurs membres (Forum 18 News Service, 12 décembre 2007). L’Église presbytérienne de la Grâce a dû essuyer le même refus.

L’absence de statut légal a exposé les témoins de Jéhovah à une descente de police, qui s’est conclue par la condamnation de six membres de leur groupe à de lourdes amendes: 670 Euros pour le responsable de la communauté Alexandre Rozinov, et 335 Euros pour les cinq autres membres (Forum 18 News Service, 23 juillet 2007).

APPARTENANCE RELIGIEUSE

Musulmans : 42,7 %
Agnostiques : 40,2 %
Chrétiens : 16,7 %
Autres : 0,4 %

Chrétiens : 2 650 624
Catholiques baptisés : 184 000

Ecrit par un collectif d'auteurs d'AED - www.aed-france.org