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jeudi 12 juin 2008

L'invite du président kazakh à la France

En visite officielle à Paris, Nursultan Nazarbaïev, à la tête d'un État à l'immense potentiel énergétique, a signé un traité de partenariat stratégique.

Qu'attendez-vous de l'Europe et de la France ?
Nursultan NAZARBAÏEV. Avant l'indépendance du Kazakhstan, la plupart des Européens ignoraient tout de mon pays. Les Kazakhs aiment et respectent la France. Nos écoliers apprennent son histoire, lisent ses écrivains. Alors j'aimerais que les Français s'intéressent eux aussi au Kazakhstan. Je veux élargir la coopération avec la France, dans tous les domaines. Mon gouvernement a élaboré un programme intitulé «Le chemin vers l'Europe» et j'espère que la présidence française de l'UE contribuera à ce rapprochement.

La France aurait sous-estimé le potentiel économique du Kazakhstan ?
À Paris, je me suis entretenu avec mon vieil ami Jacques Chirac. Toutes les grandes compagnies internationales ont in­vesti­ au Kazakhstan et nous nous demandions pourquoi les Français n'ont pas fait cet effort. Jacques Chirac m'a expliqué que les entreprises françaises ont parfois peur de s'aventurer trop loin de la France. Notre objectif avec le président Nicolas Sarkozy est d'augmenter nos échanges à hauteur de 10 milliards de dollars.

La loi adoptée l'an dernier qui permet une rupture unilatérale d'un contrat avec une société étrangère inquiète les Occidentaux. N'allez-vous pas, comme Poutine ou Chavez, confisquer un jour tout ou partie des actifs des investisseurs occidentaux ?
Nous n'avons pas l'intention d'imiter le Venezuela ou la Russie. Je suis catégorique : nous sommes pleinement attachés au respect des contrats que nous avons signés. La loi à laquelle vous faites allusion n'intervient que si un investisseur viole ses engagements au détriment des intérêts kazakhs. Au début des années 1990, le prix du baril de pétrole était de 9 dollars. Aujourd'hui, il dépasse 130 dollars. Quel pays ne voudrait pas en profiter ? Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Il n'y aura ni réquisition ni nationalisation.

Ne vous sentez-vous pas encore très dépendant de la Russie ?
Non. La Russie représente 18 % de notre commerce extérieur, les pays de l'UE 34 % et nos échanges avec la Chine ont dépassé la barre des 10 milliards de dollars.

Mais la Russie reste incontournable pour l'exportation des hydrocarbures d'Asie centrale.
La Russie a intérêt à ce que ces hydrocarbures transitent par son territoire. Les Occidentaux souhaitent des voies alternatives. La Chine a besoin elle aussi du pétrole kazakh. Notre approche est multivectorielle. Nous sommes pragmatiques et donc nous agissons sur la base de critères économiques et non pas politiques. Nous ne cherchons pas à contourner la Russie ou quelque autre pays. Ce n'est pas dans notre intérêt. Mais dans un proche avenir, avec l'augmentation de notre production, les pipelines qui existent actuellement ne suffiront pas. Il faudra donc en créer de nouveaux. Le choix se fera en fonction du prix, de la distance, bref d'arguments économiques.

L'Iran est aussi une voie de passage.
Ce serait même l'une des meilleures voies. Total y pense depuis longtemps. Et l'Iran y serait disposé. Mais pour les raisons politiques que vous connaissez, ce n'est pas encore possible.

Vous défendez dans votre pays le concept de démocratie contrôlée. Qu'entendez-vous par là ?
Le Kazakhstan compte 130 ethnies d'une quarantaine de confessions. Toutes disposent des mêmes droits et vivent en paix. Mon pays avance à son rythme, pas à pas. Nous avons mis en œuvre une économie de marché appuyée sur le libéralisme. De nombreux experts estiment que si le revenu par habitant est inférieur à 3 000 dollars, aucune démocratie n'est viable. Aujourd'hui, le niveau de vie au Kazakhstan est dix fois supérieur à ceux des autres républiques d'Asie centrale. Bien sûr, nous n'avons pas atteint les standards européens, mais le choix du Kazakhstan pour assurer la présidence de l'OSCE en 2010 montre que la communauté internationale nous fait confiance. Cela nous stimule pour rattraper les normes européennes.

Propos recueillis par Arielle Thedrel et Pierre Rousselin, publié le 12/06/2008 sur LE FIGARO.