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mardi 6 juillet 2010

Nursultan Nazarbaev : la reconstruction sur les ruines de l'empire

Nikolaï Troitsky, RIA Novosti, le 6 juillet 2010

Nursultan Nazarbaev, le président du Kazakhstan, qui fêtera le 6 juillet ses 70 ans, a manqué de peu l'obtention du titre officiel de Chef de la Nation. Une loi spéciale, acceptée à l'unanimité par le parlement, a été préparée mais le chef d'État l'a décliné.

Nursultan Nazarbaev dirige le pays depuis 20 ans, réprimant sans cesse les dérives à la manière du Turkmenbachi (nom donné au dictateur turkmène, Saparmourat Niazov, mort en 2006). Il n'a nul besoin d'un titre oriental glorifiant et luxurieux avec des monuments, des rues, des places et des villes en son nom. Il est le réel leader de la nation, le père du peuple, « le roi, le dieu et le chef militaire » du Kazakhstan.

En 2000 déjà, le parlement avait voté la loi constitutionnelle « Sur le premier Président de la République du Kazakhstan », avec des phrases aux accents pathétiques telles que : « Le premier Président de la République du Kazakhstan, en raison de sa mission historique, a le droit à vie de s'adresser au peuple Kazakh, aux institutions gouvernementales et aux fonctionnaires avec des initiatives concernant les questions de haute importance vis-à-vis de la structure gouvernementale, des politiques intérieure et extérieure et de la sécurité du pays, devant faire l'objet d'étude par les institutions et les fonctionnaires compétents ».

De plus, Nursultan Nazarbaev est à la tête du parti dirigeant Nur Otan (la lumière de la Patrie) qui contrôle intégralement la chambre basse du parlement (bien qu'il existe certains députés sans-parti, il n'y a aucune opposition). Enfin, son immunité et son statut d'irremplaçable sont assurés de manière législative : il n'existe aucune limite au nombre de mandats présidentiels. À vrai dire, le président a étouffé l'idée de la présidence à vie. De tels extrêmes monarchiques ne sont pas à son goût.

Néanmoins, Nursultan Nazarbaev a, bien sûr, fondé un système gouvernemental autoritaire. Il n'avait pas d'autre modèle, il n'existait aucune base pour une démocratie du type occidental dans cette région. Et l'exemple tragique du Kirghizstan voisin montre le résultat de la moindre indulgence.
Au Kazakhstan la situation n'a pas toujours été stable et pacifique. La population a du tempérament, surtout la jeunesse qui a initié des émeutes en décembre 1986, encore à l'époque soviétique, qui ont fait plusieurs victimes. Les émeutes ont commencé suite à la nomination de l'étranger Guennadi Kolbine au poste de premier secrétaire du comité centrale du parti communiste du Kazakhstan. Nursultan Nazarbaev a pris sa place en 1989, en commençant doucement mais sûrement à renforcer sa position au pouvoir et à construire son propre état, au fur et à mesure de l'accélération des processus centrifuges en URSS. Après Gorbatchev il est devenu président du Conseil suprême, puis président. Il n'a pas voulu quitter à tout prix l'Union soviétique au profit de l'indépendance mais il a toujours et sans tarder répondu aux défis de l'époque.
Après la signature des accords de Beloveja, il est devenu l'un des principaux créateurs et idéologues de la CEI, comprenant que la république n'était pas prête à devenir autonome. Il n'est pas dans son habitude d'agir sans réfléchir ou de faire des manœuvres audacieuses, il est plutôt partisan d'un développement linéaire mais continu.

Et l'autoritarisme de Nursultan Nazarbaev fonctionne de la même manière : calme, modéré, civilisé, voire même éclairé. Nursultan Nazarbaev et son gouvernement sont entièrement concernés par la phrase d'Alexandre Pouchkine : « Le gouvernement est l'unique Européen ». Dans ce cas précis, ce n'est pas tout à fait une métaphore car le Kazakhstan est non seulement membre de l'OSCE mais, à l'heure actuelle, il en est président.
Nursultan Nazarbaev prend très au sérieux ses obligations envers l'Europe. Il tend également vers la modération et l'exactitude en utilisant un pouvoir presque illimité. Le président ne peut pas se permettre d'oublier l'importance de l'image de son pays. Bien que cela soit loin d'être une façade, une décoration ou une vitrine pour l'extérieur. Le président du Kazakhstan est loin d'être aussi simple, il se distingue des autres dirigeants asiatiques.
Les courtisans aiment dans leurs éloges comparer Nursultan Nazarbaev aux grandes figures du passé, y compris à Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque. Le président du Kazakhstan est également obligé de construire l'État actuel sur les ruines de l'empire, mais contrairement à Atatürk il a dû se battre pour cela.
On pourrait citer toute une série de créateurs asiatiques de la modernisation autoritaire, des dompteurs de ce qu'on appelle des « tigres économiques », à l'instar de Lee Kuan Yew, l'auteur du « miracle de Singapour ». Nursultan Nazarbaev a des chances de rejoindre ces rangs, à condition d'avoir suffisamment de dévouement, de temps et de forces.

Dans le domaine de la diplomatie, le Kazakhstan maintient des relations stables et bonnes avec Moscou et Pékin. Le Pape et Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, lui rendent des visites officielles. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir des relations étroites et à longue terme avec les États-Unis et l'OTAN. En vingt ans Nursultan Nazarbaev n'est jamais entré en conflit avec quiconque. Il est respecté et apprécié en tant que partenaire par les plus incompatibles chefs politiques. Il a acquis une importante autorité internationale. Et se tient à niveau égal avec les représentants de l'élite mondiale.
Cela pourrait étonner, compte tenu de son origine prolétaire et paysanne. Il est né dans une famille de paysans et il a longtemps travaillé à l'usine. Ses « universités » se limitent à l'école communiste d'agriculture. Mais de toute évidence, son talent inné s'est fait connaître. Il a su construire l'un des plus stables états dans l'espace de l'ex-URSS et il le dirige avec assurance.
Cependant, le modèle autoritaire du pouvoir a un défaut inévitable : le caractère irremplaçable du leader et le problème du successeur. Beaucoup de choses, voire absolument tout, repose sur la personnalité du dirigeant. Nursultan Nazarbaev n'a pas encore l'intention de lâcher le gouvernail mais il sera confronté au problème de sa succession.

En Asie, même dans les pays démocratiques tels que l'Inde, le pouvoir est souvent transmis de façon héréditaire. Mais Nursultan Nazarbaev n'a que trois filles et le mari de l'ainée, Rakhat Aliev qui avait commencé une carrière prometteuse, a provoqué un drame familial. Il a non seulement divorcé mais il a également adhéré à l'opposition et se cache à l'étranger.
Les autres successeurs possibles ne sont pas à l'étude au niveau politique du Kazakhstan. Quoi de plus normal. Les leaders tels que Nursultan Nazarbaev, aussi irréprochables et indépendants, n'apparaissent pas sur commande et naissent rarement.

Une tente haute de 100 mètres pour célébrer les 70 ans du président kazakh


ASTANA - Le Kazakhstan marque mardi les 70 ans du "Chef de la Nation", le président Noursoultan Nazarbaïev, un jour férié qui célèbre aussi les douze ans d'Astana, étrange capitale où un curieux ouvrage a été inauguré pour l'occasion : une gigantesque tente abritant une plage.

Entouré d'une demie-douzaine d'homologues, dont les présidents russe et turc Dmitri Medvedev et Abdullah Gül, le dirigeant kazakh, au pouvoir depuis l'époque soviétique, a célébré dès lundi soir son anniversaire lors de la cérémonie d'inauguration de "Khan Chatyr" ou "Tente du Chef".

Cet édifice de 102 mètres de haut - 150 avec le mât au sommet - dessiné par l'architecte britannique Norman Foster est le dernier grand projet en date à ouvrir ses portes à Astana, petite bourgade des steppes transformée en capitale par M. Nazarbaïev il y a 12 ans et où il a fait construire depuis des dizaines d'immeubles aux formes les plus étonnantes.

Khan Chatyr, qui rappelle les iourtes des nomades kazakhs, abrite un centre commercial mais aussi un mini-golf et une zone tropicale avec une plage où les habitants pourront se réchauffer en hiver, lorsque les températures plongent jusqu'à -40°C.

"Le président a relevé que la construction de la nouvelle capitale, Astana, est devenu le méga-projet d'innovation le plus grandiose de l'espace post-soviétique", note sobrement le site de la présidence kazakhe, akorda.kz.

Sur www.portalangop.co.ao le 6 juillet 2010

Hier infréquentable, le riche Kazakhstan est courtisé par les investisseurs

La ville est en fête. On célèbre, mardi 6 juillet, les 70 ans du chef de l'Etat, Noursoultan Nazarbaev, au pouvoir depuis vingt ans, et le douzième anniversaire d'Astana, la capitale du Kazakhstan. Au sommet de la tour Baïterek, le symbole de cette cité de 700 000 habitants, les gens font la queue, en famille, pour poser leur main sur l'empreinte de celle du président, coulée dans une plaque de bronze...


Signe, sans doute, de la respectabilité récemment acquise par le Kazakhstan, les visiteurs étrangers se gardent désormais d'ironiser sur Astana, la capitale surgie des steppes après que le chef de l'Etat eut déclaré que la tenante du titre, Almaty, à 1 200 kilomètres au sud, était trop excentrée. Avec ses gratte-ciel futuristes, sa pyramide du Louvre, son palais présidentiel calqué sur la Maison Blanche et ses parcs de loisir, Astana est un curieux mélange de Dubaï et de Disneyland auquel on aurait oublié d'insuffler une âme. Ses 40 degrés l'hiver rappellent, eux, que ce lieu inhospitalier a servi de goulag à l'époque de Staline.

Peu de pays sont aujourd'hui autant courtisés que le Kazakhstan. Née en 1991 de l'éclatement de l'Union soviétique, cette république pétrolière est grande comme cinq fois la France, mais peuplée d'à peine 16 millions d'habitants. Les grands de la planète - Nicolas Sarkozy autant que Barack Obama - traitent le président Nazarbaev avec des égards remarqués.

Non seulement cet ex-ouvrier métallo est à la tête du plus important pays, économiquement, d'Asie centrale - avec un produit intérieur brut qui totalise les deux tiers de celui de la région, soit 107 milliards de dollars - mais il a volontairement renoncé à tout programme nucléaire au début des années 1990. Un geste rare, qui explique la mansuétude de la communauté internationale à son égard, au point que ce régime peu démocratique s'est vu accorder la présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour l'année 2010.

Charbon, or, platine, silicium, zinc et surtout uranium... Il n'est pas un métal rare dont ne dispose le sous-sol du Kazakhstan, qui regorge aussi de pétrole et de gaz. Quand le gisement géant de Kashagan, en mer Caspienne, entrera en fonction en 2013, le pays deviendra le sixième producteur mondial d'or noir. "C'est la plus grosse découverte faite depuis Prudhoe Bay, en Alaska, il y a trente ans. Quelque 40 000 personnes travaillent sur ce projet. Il produira d'abord 400 000 barils par jour, puis 1,5 million de barils à plein rendement", souligne Pierre Delpont, directeur des relations extérieures du North Caspian Operation Company (NCOC), le consortium international qui exploite Kashagan, dont fait partie Total. Pour lui, le Kazakhstan "peut tout se permettre" avec de telles richesses.

"Assis sur un trésor"

Diversification est aujourd'hui le leitmotiv à Astana. Après des années de croissance de l'ordre de 10 %, l'économie a pâti, en 2007-2008, de la crise financière internationale, les banques du pays étant dépendantes des marchés extérieurs. Au même moment, le cours des hydrocarbures dégringolait. Si le Kazakhstan s'en est sorti avec un taux de croissance de 1,2 % en 2009 - quand la Russie, son premier partenaire économique, entrait en récession (- 7,9 %) -, il le doit à un efficace plan de relance de 10 milliards de dollars (8 milliards d'euros). "Nous voulons tirer les leçons du passé et sortir de notre dépendance aux hydrocarbures. C'est pourquoi nous avons lancé un programme industriel accéléré pour 2010-2014", déclare Aigul Toxanova, directrice adjointe de l'Institut de recherche économique d'Astana, pour qui le pays réussira son pari d'intégrer, d'ici dix ans, les 40 premières puissances mondiales.

Pas question en tout cas d'exploiter les richesses du Kazakhstan sans accompagner le pays dans sa stratégie de diversification. "Les dirigeants ont de plus en plus conscience du trésor sur lequel ils sont assis. Ils redoutent de leurs partenaires étrangers un comportement prédateur et exigent d'eux une démarche citoyenne", explique Jean-Jacques Guillaudeau, chef du service économique pour l'Asie centrale à l'ambassade de France.

Formation, assistance et transfert de technologie font désormais partie intégrante des contrats. Les principaux groupes français l'ont compris et jouent le jeu. Ainsi, Total monte à Astana un institut de la soudure. Alstom, qui vient de décrocher un marché de 1 milliard d'euros, s'est engagé à fabriquer sur place 150 locomotives.

Mais le projet qui illustre peut-être le mieux l'ambition du Kazakhstan de diversifier son économie et de se hisser parmi les "grands" concerne l'industrie spatiale. EADS Astrium s'apprête à signer avec KasComos un contrat d'un montant de 260 millions d'euros. EADS assemblera ses satellites à Astana dans un centre dont Anne-Marie Idrac a posé la première pierre, le 3 juillet. Il s'agissait de la troisième visite en deux ans de la secrétaire d'Etat chargée du commerce extérieur.

C'est dans ce contexte qu'on annonce une visite officielle en France du président Nazarbaev, à l'automne. L'Union européenne est pour le Kazakhstan un partenaire essentiel face aux deux géants russe et chinois. "Désormais, c'est notre intérêt qui prime, nous le faisons valoir à chaque occasion et sans complexe, lâche fermement Roman Vassilenko, proche collaborateur du ministre des affaires étrangères. Le Kazakhstan n'est plus un pion, mais un acteur de la scène internationale."

Florence Beaugé, article publié sur http://www.lemonde.fr/ le 6 juillet 2010