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mardi 14 septembre 2010

Les meilleurs élèves de Ratzinger sont au Sri Lanka et au Kazakhstan

Ce sont les évêques Ranjith et Schneider. Ils suivent l'exemple du pape en matière de liturgie bien plus et mieux que beaucoup de leurs collègues italiens et européens. Un test révélateur: la manière de donner la communion à la messe

ROME, le 14 octobre 2010 – Au Sri Lanka tous les évêques et les prêtres sont vêtus de blanc, comme on peut le voir sur l'insolite photo ci-dessus, où tout le clergé du diocèse de Colombo, la capitale, écoute attentivement son archevêque, Malcolm Ranjith, qui sera probablement créé cardinal au prochain consistoire.

Dans son diocèse, l'archevêque Ranjith a lancé une année spéciale de l'eucharistie. Pour la préparer, il a réuni tous ses prêtres à Colombo pendant trois journées d'études bien remplies, pour lesquelles il a fait venir de Rome deux orateurs d'exception : le cardinal Antonio Cañizares Llovera, préfet de la congrégation vaticane pour le culte divin, et le père Uwe Michael Lang, membre de la même congrégation et consulteur du bureau des célébrations liturgiques du souverain pontife.

Lang, allemand de naissance et oratorien, a grandi en Grande-Bretagne à l'école du grand Henry Newman, béatifié par Benoît XVI à Birmingham le 19 septembre dernier. Il est l'auteur de l'un des livres qui ont provoqué le plus de discussions, ces dernières années, dans le domaine de la liturgie : "Rivolti al Signore [Tournés vers le Seigneur]", dans lequel il soutient que la bonne orientation pour la prière liturgique est vers le Christ, aussi bien pour les prêtres que pour les fidèles. Le livre est introduit par une préface de Joseph Ratzinger, écrite peu avant qu'il soit élu pape.

L'archevêque Ranjith qui, avant de retourner au Sri Lanka, était secrétaire de la congrégation vaticane pour le culte divin, a été et est un ardent partisan et propagandiste de la thèse soutenue par le livre de Lang, ainsi qu'un homme de confiance de Benoît XVI. Il en est de même pour le cardinal Cañizares Llovera, que l'on appelle dans son pays - pas par hasard - "le Ratzinger de l'Espagne" et que le pape a appelé à Rome pour servir de guide à l'Église en ce qui concerne la liturgie, celle-ci étant un objectif central de ce pontificat.

Ce n'est pas tout. Pour apporter davantage de lumières à ses prêtres pendant les trois journées d'études, l'archevêque Ranjith a fait venir d'Allemagne un écrivain catholique de premier plan, Martin Mosebach, lui aussi auteur d'un livre qui a beaucoup fait parler : "Eresia dell'informe. La liturgia romana e il suo nemico [Hérésie de l'informe. La liturgie romaine et son ennemi]". Et il lui a justement demandé de parler des embardées de l'Église dans le domaine liturgique.

Quel est le but ultime de tout cela ? Ranjith l'a expliqué dans une lettre pastorale à son diocèse : raviver la foi en la présence réelle du Christ dans l'eucharistie et apprendre à exprimer cette foi par des signes liturgiques adéquats.

Par exemple en célébrant la messe "tournés vers le Seigneur", en recevant la communion dans la bouche et non dans la main, et en la recevant à genoux. Donc en recourant à ces gestes qui sont des caractères distinctifs des messes célébrées par le pape Ratzinger.


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Ce qui frappe, dans cette information comme dans d'autres du même genre, c'est que l'action de Benoît XVI pour redonner de la vitalité et de la dignité à la liturgie catholique semble mieux comprise et appliquée à la "périphérie" de l'Église qu'en son centre de gravité européen.

Ce n'est pas un secret, par exemple, que le chant grégorien est aujourd'hui plus vivant et plus répandu dans certains pays d'Afrique et d'Asie qu'en Europe.

En effet, parmi les consignes données par l'archevêque Ranjith pour l'année eucharistique organisée dans le diocèse de Colombo, il y a aussi celle d'apprendre aux fidèles à chanter en latin, pendant la messe, le Gloria, le Credo, le Sanctus et l'Agnus Dei.

De même, la décision de Benoît XVI de libéraliser l'usage de l'ancien missel à côté du nouveau – pour un enrichissement réciproque des deux formes de célébration – paraît mieux comprise et mieux appliquée en Afrique et en Asie que dans certaines régions d'Europe.


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Cela se voit aussi dans la manière dont la communion est donnée aux fidèles : dans la main ou dans la bouche, debout ou à genoux.

L'exemple donné par Benoît XVI – dans la bouche et à genoux – est très peu suivi surtout en Europe, en Italie et à Rome même, où l'on continue presque partout à donner la communion dans la main à tous ceux qui s'approchent pour communier, bien que les règles liturgiques ne le permettent que dans des cas exceptionnels.

À Palerme, où le pape s'est rendu le 3 octobre dernier, certains prêtres locaux ont refusé de recevoir la communion de ses mains, afin de ne pas se soumettre à une façon de faire qu'ils n'approuvent pas.

Par ailleurs des gens disent que, aux messes célébrées par le pape, on s'agenouille parce que l'on est devant lui et pas pour adorer Jésus dans le saint sacrement. Ce bruit se répand quoique, depuis quelque temps, les cardinaux et les évêques qui célèbrent la messe sur mandat du pape donnent eux aussi la communion dans la bouche aux fidèles agenouillés.

Il n'est pas étonnant que l'article consacré par www.chiesa, à la mi-septembre, au sens de l'agenouillement d'adoration devant Dieu et l'eucharistie ait provoqué de nombreuses protestations de lecteurs, y compris de prêtres. Le principal argument contre l'agenouillement à la communion est que la messe a comme modèle et comme origine la dernière cène, où les apôtres, assis, mangeaient et buvaient avec leurs mains.

Cet argument a également été adopté par les néo-catéchumènes pour justifier leur façon "conviviale" de célébrer la messe et de communier, qu'ils continuent de pratiquer bien que les dirigeants de l'Église – même si certains les soutiennent, comme le substitut de la secrétairerie d'état Fernando Filoni – leur aient ordonné de respecter les normes liturgiques.

Sur ce point aussi, pour trouver les paroisses, les diocèses, les prêtres et les évêques qui agissent et enseignent en pleine harmonie avec Benoît XVI, il est plus facile de chercher à la "périphérie" de l'Église : par exemple dans le lointain Kazakhstan, en Asie centrale ex-soviétique.

Là-bas, dans le diocèse de Karaganda, les fidèles reçoivent tous la communion dans la bouche et à genoux. Et il y a là-bas un évêque, l'auxiliaire de Karaganda Athanasius Schneider, qui a écrit à ce sujet un petit livre brillant comme une pierre précieuse, intitulé : "Dominus est. Riflessioni di un vescovo dell'Asia centrale sulla sacra comunione [Dominus est. Réflexions d'un évêque d'Asie centrale sur la sainte communion]".

Ce livre comprend deux parties. La première raconte la vie héroïque de ces femmes catholiques qui, à l'époque de la domination communiste, portaient en secret la communion aux fidèles, défiant ainsi les interdictions. Et la seconde explique la foi qui était à l'origine de cet héroïsme : une foi si forte en la présence réelle de Jésus dans l'eucharistie que l'on offrait sa vie pour elle.

Et c'est à partir de là que l'évêque Schneider revisite les Pères de l'Église et l'histoire de la liturgie en occident et en orient, mettant en lumière la naissance et la consolidation de la manière pieuse de recevoir la communion à genoux et dans la bouche.

Quand le pape Ratzinger a lu le manuscrit de l'évêque Schneider, en 2008, il a tout de suite ordonné à la Libreria Editrice Vaticana de le publier. Ce qui a été fait, en italien et en espagnol.

L'édition en anglais du livre est préfacée par l'archevêque de Colombo, Ranjith.


Sandro Magister publié sur www.homelie.biz

L'article de www.chiesa du 13 septembre 2010 : Pourquoi la communion à genoux
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou.