Vous êtes à la recherche de personnels pour des postes au Kazakhstan?

Eurokaz peut vous aider en publiant votre annonce sur le site de son portail
Eurokaz News, section "
Offre d'emploi"

vendredi 17 juin 2011

Le groupe de Shanghai, un peu trop chinois pour Moscou

Les présidents Hu Jintao (Chine), Dimitri Medvedev (Russie) et Nursultan Nazarbayev (Kazakhstan),
au 10ème Sommet de l'OCS, Astana, le 15 juin

Après dix ans d'existence, l'organisation est devenue une institution régionale qui a pris en légitimité, affirme la presse russe. Mais les enjeux de pouvoir en son sein risquent fort de se régler en faveur de Pékin, mieux armé.

L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est devenue véritablement chinoise." Telle est la conclusion que le journal russe Moskovskié Novosti rapporte du 10e sommet de cette organisation régionale, qui a eu lieu à Astana le 15 juin. Regroupant la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, avec l'Inde, l'Iran, le Pakistan et la Mongolie comme observateurs, l'OCS "a tenu dix ans et elle a un bel avenir", se félicite le quotidien moscovite Kommersant. Mais la liste de nouveaux défis à relever, annoncée par l'hôte du sommet, le président kazakh Noursoultan Nazarbaev, est longue : création d'une nouvelle devise internationale, lutte contre la cyber-narco-criminalité, résolution de conflits territoriaux et régionaux et de différends liés à l'utilisation de l'eau en Asie centrale. "Pour l'instant, les membres peinent à se mettre d'accord sur quoi que ce soit", note Kommersant.

La raison en est "le combat entamé entre Moscou et Pékin pour l'influence financière sur l'espace postsoviétique". Et, dans ce jeu, Moscou "risque de jouer les seconds rôles, car Pékin possède des ressources financières et organisationnelles bien plus solides". L'idée de créer une banque de développement du groupe de Shanghai bute sur les différences d'approche de Moscou et de Pékin. Le premier souhaite l'ancrer au sein de la Banque de développement eurasiatique (faisant partie de la Communauté économique eurasiatique), détenue majoritairement par la Russie et le Kazakhstan. Pékin, de son côté, prône la formation d'une nouvelle structure financière. "Bref, la question d'influence est une véritable pierre d'achoppement ", remarque Kommersant. D'ici dix à vingt ans, la Chine, forte aujourd'hui de ses réserves en devises de plus de 3 000 milliards de dollars et qui a investi ou prêté des dizaines de milliards de dollars à l'Asie centrale et à la Russie, "deviendra, qu'on le veuille ou non, le centre économique de cette partie du monde", constate un diplomate sous couvert d'anonymat.

Néanmoins, la raison d'être de l'OCS ne peut se résumer aux problématiques économiques. Accueilli, à sa création en 2001, "avec une certaine condescendance par l'Occident, il est apparu, après le 11 septembre 2001, qu'en dépit de ses différends internes et de ses incohérences le groupe de Shanghai n'était pas une menace [pour les Etats-Unis et pour l'Europe], mais un partenaire de poids dans la résolution de certains problèmes [géopolitiques mondiaux], comme celui de l'Afghanistan",
estime le journal en ligne russe Gazeta.ru. Tant que l'équilibre entre "l'aspiration de la Russie à asseoir sa présence stratégique en Asie centrale et les ambitions de Pékin, soucieux de son expansion économique", n'est pas établi, l'OCS "ne pourra guère jouer un rôle stabilisateur dans la région bien qu'il en ait les ressources. Cependant, vu la marche du monde, la seconde décennie de l'histoire du groupe de Shanghai sera bien plus mouvementée que la première", conclut le titre.

Sur www.courrierinternational.com le 17 juin 2011