Le président chinois Hu Jintao, le russe Dmitri Medvedev,  les leaders d'Asie centrale et les membres observateurs de l'organisation (le  président iranien et le Premier ministre pakistanais notamment) : la photo du  sommet annuel de l'Organisation de coopération de Shanghai n'a certainement pas  l'allure d'une chorale de démocrates. L'alchimie a, en tous cas, très bien  fonctionné. Le ministre chinois des Affaires étrangères s'en félicite  d'ailleurs, ce mercredi matin 15 juin 2011, dans un long texte écrit de sa main  et publié dans la presse chinoise. Yang Jiechi parle d'un « moment  historique ». En dix ans, « l'OCS est devenue un pilier  important pour la sécurité et la stabilité régionale écrit-il,  fournissant assistance (aux Etats membres) et (permettant)  un développement pacifique de la région ». 
 Intérêts croisés
 Le succès florissant de l'ex-groupe de Shanghai doit en  effet beaucoup à ce rôle d'assistance joué par la Chine. C'est Pékin, qui, à  coup de milliards de dollars de prêts et d'investissements dans les projets  énergétiques, a permis ce développement rapide qui a pu parfois surprendre  certains analystes notamment en Occident.
 A cela s'ajoute des intérêts croisés : la Chine a d'immenses  besoins en énergie. Pékin achète. Là encore, l'Asie centrale et la Russie  fournissent. Et les Chinois poussent aujourd'hui les pays d'Asie centrale à  effectuer directement leurs échanges en yuan, sans passer par le dollar  américain. Quinze banques de la province chinoise du Xinjiang réalisent ainsi  déjà des transactions avec une vingtaine de banques des pays voisins, dans la  monnaie chinoise.
 Autre préoccupation partagée : Moscou, comme Pékin, sont en  quête de stabilité et se méfient d'une contagion des révoltes arabes à leurs  frontières. Le vent de contestation qui souffle dans les pays d'Afrique du Nord  et du Proche-Orient pourrait menacer la stabilité de la Russie et de ses  voisins, a déclaré hier 14 juin 2011, le président russe Dmitri Medvedev en  visite à Tachkent.
 La Turquie intéressée
 Le succès économique de l'organisation et les  investissements chinois attirent de nouveaux candidats. Le Premier ministre  pakistanais a réaffirmé hier que son pays voulait devenir membre à part entière  de l'OCS. Quatre pays en sont déjà membre observateurs, dont l'Inde, l'Iran, le  Pakistan depuis 2005 et la Mongolie depuis 2004. A l'exception de cette  dernière, tous ont fait part de leur souhait d'obtenir un siège permanent au  sein de cette Organisation de coopération de Shanghai.
 Mais déjà, d'autres tambourinent à la porte. La Turquie,  notamment, qui vient de rejoindre la Biélorussie et le Sri Lanka parmi les  candidats potentiels. A noter que les États-Unis et le Japon, qui avaient  formulé la même demande, se sont vu opposer une fin de non recevoir.
 Car cet « « esprit  de Shanghai », comme le définit aujourd'hui le ministre chinois  Yang Jiechi, est aussi critiqué par les défenseurs des droits de l'homme. Avant  le sommet, le Kazakhstan a fait le ménage. Vingt-huit ressortissants ouzbeks qui  avaient fuit les persécutions religieuses ont été renvoyés dans leur pays. Même  chose pour un Ouïghour de Chine qui avait trouvé refuge au Kazakhstan après les  révoltes ethniques de 2009 à Urumqi. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a  confirmé hier mardi que l'homme avait bien été extradé la veille vers la Chine,  à la demande des autorités chinoises.
 Le groupe de Shanghai (2003) http://www.rfi.fr/actufr/articles/041/article_22050.asp
 Par Stéphane Lagarde le 15  juin 2011 sur www.rfi.fr