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lundi 30 mars 2009

A l'approche du G20 de Londres, la proposition de monnaie mondiale du président du Kazakhstan suscite de plus en plus d'intérêt

Lors du 2ème Forum Economique d'Astana, le président du Kazakhstan Nursultan Nazarbayev a proposé la création d'une monnaie unique mondiale : « Je suis convaincu que la raison fondamentale de la crise économique globale que nous traversons est à chercher dans les défauts et les archaïsmes du système monétaire international tel qu'il existe aujourd'hui.

La stratégie monétaire de l'émetteur de la devise de référence au niveau international n'est pas encadrée par des règles démocratiques. Les marchés monétaires internationaux ne sont ni concurrentiels ni suffisamment évolués… Je suis également convaincu que la mise en place d'un système monétaire nouveau et plus harmonieux nécessite de créer une devise mondiale. Nous devons lancer un projet de monnaie globale, qui pourrait être ratifié par la majorité des membres de la communauté internationale et approuvé par l'ONU. »

La proposition de Mr. Nazarbayev va bien plus loin que les propositions chinoise et russe en faveur d'une nouvelle monnaie de réserve globale : un plan dans lequel les devises actuelles comme le dollar ou la livre sterling resteraient en circulation.

Les participants au 2ème Forum Economique d'Astana, qui s'est tenu ce mois-ci, avaient publié une déclaration de soutien à l'idée du Président Nazarbayev, principalement destinée aux participants au sommet du G20 de Londres. les participants ont souligné que « Les défaillances du système monétaire et financier international et son incapacité à s'adapter à un monde en pleine évolution sont les raisons principales des cataclysmes que nous affrontons aujourd'hui au niveau régional et mondial. Nous recommandons la mise en place d'une plate-forme de discussion entre les pays membres du G20 et les autres membres de la communauté internationale. Il s'agit de créer les conditions d'une monnaie mondiale acceptable par tous et légitime pour tous. Une fois mises en place les conditions d'un système monétaire et financier juste et équitable, et après avoir atteint le niveau nécessaire d'intégration et de coopération entre les Etats, alors la nouvelle devise mondiale pourra être introduite. Elle permettra d'assurer une nouvelle sécurité monétaire et financière pour le monde de demain. »

Par ailleurs, le prix Nobel d'Economie Robert A. Mundell a exprimé son soutien à la proposition du Président du Kazakhstan : « Je suis d'accord avec Mr Nazarbayev… J'espère que cette initiative suscitera l'attention qu'elle mérite ». Le Président kazakh espère que sa proposition sera inscrite à l'agenda du sommet du G20.

En attendant une intégration monétaire mondiale, le Président Nazarbayev a appelé à la création d'une union monétaire régionale dans le cadre de la Communauté économique eurasienne (ou Communauté économique eurasienne) - CEEA – afin de mettre en place une monnaie régionale dans les meilleurs délais. Cette devise régionale permettrait de lancer des investissements d'infrastructures de long terme, de réduire le coût des transactions transfrontalières et surtout d'éviter l'effondrement des systèmes monétaires de la région.

Le sommet du G20 se tiendra les 2 et 3 avril prochain dans la capitale britannique. Il rassemblera les dirigeants des vingt pays les plus riches de la planète, qui contrôlent 90% du PIB mondial et 80% du commerce international. Y participeront les Chefs d'Etat et de Gouvernement d'Argentine, d'Australie, du Brésil, du Canada, de Chine, de République Tchèque, de France, d'Allemagne, d'Inde, d'Indonésie, d'Italie, du Japon, des Pays-Bas, de Corée du Sud, de Russie, d'Arabie Saoudite, d'Afrique du Sud, d'Espagne, de Turquie et des Etats-Unis. Les institutions internationales comme l'Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International seront également représentés.

Beaucoup considèrent ce sommet du G20 comme une chance unique pour parvenir à un accord global du type « Bretton Woods ». Le Premier Ministre britannique Gordon Brown a déclaré la semaine dernière que ce sommet pourrait déboucher sur « le stimulus fiscal le plus important jamais enregistré. Il vaut mieux viser trop haut quitte à échouer en partie que d'avoir des ambitions trop modestes et les réaliser. » La déclaration de Mr Brown fait écho à celle du Président Nazarbayev, citant Franklin D. Roosevelt : les seules limites à nos ambitions pour l'avenir sont les doutes que nous avons aujourd'hui. »

KazakhstanLive le 30 mars 2009

Altaï, quand pleuvent les protons


Depuis des décennies, ce beau pays de montagnes, situé au sud de la Sibérie, est parsemé d’épaves de fusées spatiales. Elles chutent au beau milieu des pâturages, mais aussi dans les potagers. Les Altaïens en ont peur ou s’en étonnent. Un voisinage incongru et dangereux.

Des carcasses de télés, des microcircuits couverts de poussière, des tourne-disques restés muets depuis la chute de l'URSS … La petite maison en bois du retraité Alexeï Koudriavtsev ressemble au bric-à-brac d’un vieux passionné de mécanique. S i ce n’est qu’entre une boîte à outils et un récepteur de radio démodé trône un énorme morceau de fer cramé. Un fragment de la fusée Proton-M.

Vous êtes à Labogan, un village situé à 4 000 km de Moscou, au coeur de l'Altaï, cette république isolée qu’aucune ligne aérienne ni ferroviaire ne relie au reste de la Russie. Ici, seul le dessin régulier des poteaux électriques quadrillant les plaines à perte de vue rappelle la civilisation. De temps à autre, un nuage de poussière monte dans l’air : un camion passe. Il ralentit pour contourner une vache au milieu de la route.
Bien que la piste de lancement Baïkonour se trouve à 1700 km, dans la steppe kazakh, c'est ici que chutent les fragments des fusées. Dans les années soixante, les scientifiques soviétiques avaient dessiné « la zone de chute 310 », au milieu des montagnes enneigées. Mais depuis peu, les ordures spatiales s'effondrent tout à côté des maisons. « C'est pour récupérer les boulons que j'ai rapporté cette épave », explique Alexeï. L'automne dernier, ce mécanicien âgé de 60 ans a découvert ce cadeau du ciel à côté du village. « Aujourd'hui les gens ont beaucoup salopé le monde. J’aimerais bien savoir quelles en seront les conséquences », s'interroge Alexeï.

Les fusées chutent, les cancers s'envolent

Les conséquences sont graves. Proton-M est propulsé avec du peroxyde d’azote et de la diméthylhydrazine asymétrique dite heptyl, une substance cancérigène et mutagène. L'Agence spatiale fédérale russe, Roskosmos, maintient que les ergols* résiduels sont rejetés dans les couches atmosphériques supérieures et ne descendent pas jusqu’à la Terre. Pourtant, selon les scientifiques travaillant dans la région, le 15 mars 2008, au lendemain du lancement d’un Proton-M, les habitants ont témoigné d'une brume bleuâtre. Cette fois-ci, huit fragments ont été retrouvés dans les villages. Plusieurs habitants se sont plaints de problèmes de santé. Le taux de cancer a augmenté depuis ces trois dernières années, selon Nelia Kara-Sal, le médecin en chef de l'hôpital du district d’Oust-Kan qui jouxte la zone de chute 310. Est-ce le résultat de l’activité spatiale ? Ou la conséquence de plus de 500 explosions de bombes atomiques entre 1949 et 1989 sur le polygone de S emipalatinsk au Kazakhstan, à seulement 400 km ? En l’absence de toute enquête scientifique indépendante, les Altaïens restent libres de toute interprétation.

Le chemin des épaves

« Bientôt les débris vont tomber sur nos maisons ! Je ne cesse de dire à Roskosmos : Modifiez la trajectoire ! », s’exclame Leonid Maikov, le maire du district d'Oust-Kan. Il est révolté par l’attitude du géant spatial russe à qui un lancement de la fusée Proton-M, plaçant un satellite étranger en orbite, rapporte 90 millions de dollars. Les Altaïens eux, ne touchent aucune indemnité. À quelques dizaines de kilomètres à l’ouest d’Oust-Kan, le chemin de terre caillouteux se termine en cul-de-sac. C'est le village de Korgon. Ici, chaque villageois a vu une épave au moins une fois dans sa vie. Dmitri Alatchev, 81 ans, portant une barbe comme celle de Lev Tolstoï, raconte son histoire à la manière d'un conte traditionnel russe : « C'était l'hiver. Une nuit, nous avons entendu du bruit comme si quelque chose était tombé sur le toit des voisins. Puis, le printemps est arrivé. La neige a fondu. Un jour, j'ai vu un couvercle dans le potager. J'ai voulu le prendre, mais il s’est trouvé que c'était un tonneau bien pris dans la terre. Je l'ai tiré par l’anse. Mais il ne sortait pas. Je l'ai remué avec une pince. Et j'ai tiré le tonneau ». Après avoir touché le métal, Dmitri a eu du mal à marcher pendant dix jours.Dans les montagnes, les « tonneaux » sont d’un autre calibre. En 2005, un étage entier d’une fusée est tombé près d'un refuge de bergers, un cylindre de douze mètres sur quatre. Le Ministère de situations d’urgence a chargé Vladimir Negodiaev, habitant de Korgon et propriétaire d'une quinzaine de chevaux, de descendre les débris jusqu’à son village. Tout en nage, les sept trotteurs Orlov suivaient un étroit sentier, serpentant les montagnes aux pentes abruptes. Des ponts suspendus, des broussailles infranchissables, un trajet d’une dizaine d'heures, 100 kg de fer dans la sacoche de chaque cheval. Depuis cette aventure, le vif trotteur gris, favori de Vladimir, porte le nom de « Kosmos »…

Texte et photos - Lisa Alissova

* Un ergol, dans le domaine de l'astronautique, est une substance homogène employée seule ou en association avec d'autres pour fournir de l'énergie (notamment dans un système propulsif à réaction).