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samedi 7 mars 2009

Le cheval, noble conquête kazakhe

LE MONDE
La domestication du cheval (Equus caballus) compte au nombre des faits marquants de l'histoire d'Homo sapiens. Certains y voient même l'une des clés de la supériorité technologique de l'Ancien Monde sur le Nouveau. A quand remonte-t-elle ? A cette question, une équipe internationale de chercheurs menée par l'archéozoologue Alan Outram (université d'Exeter, Royaume-Uni) vient d'apporter de nouveaux éléments de réponse. Selon leurs travaux, publiés vendredi 6 mars dans la revue Science, les plus anciens vestiges archéologiques attestant une exploitation du cheval remontent au milieu du IVe millénaire avant notre ère et sont localisés dans le nord de l'actuel Kazakhstan. Une autre théorie place plutôt le foyer de domestication sur le territoire de l'actuelle Ukraine, à la même époque.

FORCE MOTRICE

Les chercheurs ont analysé des ossements de chevaux exhumés sur plusieurs sites de la culture dite "de Botaï", au Kazakhstan, notamment les proportions du métacarpe. "On sait que celles-ci varient selon que les chevaux sont sauvages ou domestiqués, dit l'archéozoologue Jean-Denis Vigne (CNRS, Muséum national d'histoire naturelle, MNHN). Or dans le cas présent, ces mesures montrent une morphologie très proche de celle de chevaux domestiques." L'analyse des mâchoires, menée par Robin Bendrey (CNRS, MNHN), montre, quant à elle, une usure des prémolaires caractéristique de l'utilisation d'un mors.
La précision est d'importance : domestication du cheval n'implique pas pour autant invention de l'équitation. Les chevaux Botaï n'étaient donc pas élevés uniquement pour leur viande, mais aussi pour leur force motrice. Etaient-ils montés ? Attelés ? Les auteurs ne concluent pas, évoquant des animaux "bridés".
Enfin, les chercheurs ont ausculté des fragments de céramiques, où subsistaient des résidus organiques marquant la présence de certains acides gras, "qui impliquent une transformation et une utilisation de la production laitière de ces chevaux", décrypte M. Vigne. La domestication était déjà bien avancée. Non seulement le cheval remplit plusieurs fonctions (viande, lait, locomotion), mais des éléments du harnachement ont déjà été mis au point. Aussi faut-il faire sans doute remonter la domestication proprement dite à une date antérieure.
L'étude génétique des chevaux actuels montre une grande diversité des lignées maternelles. "Cela suggère qu'il a pu y avoir plusieurs foyers de domestication, dans cette grande zone des steppes eurasiatiques, dit Jean-Denis Vigne, mais peut-être aussi plus au sud, au nord du plateau iranien notamment."
Les différents épisodes de domestication ont eu une influence considérable sur l'évolution même d'Homo sapiens et sur sa variabilité génétique régionale actuelle - avec en particulier, la présence ou non chez les individus adultes de la lactase, l'enzyme qui permet la digestion du lait non fermenté... Dans certaines régions d'Asie, cette faculté digestive est simplement absente de populations entières, alors qu'elle est majoritairement présente en d'Europe du Nord et se trouve à parité en Europe du Sud... Les représentants de la culture Botaï en disposaient-ils ? "Aujourd'hui, les populations nomades de cette région du Kazakhstan boivent du "koumis", c'est-à-dire du lait de jument fermenté", précise M. Vigne. C'est le seul indice : l'analyse des vestiges ne dit rien de la manière dont les anciens Kazakhs consommaient le lait de jument.

Stéphane Foucart

Tulpan, Film kazakh de Serguei Dvortsevoy

Pour sa première fiction, le Kazakh Sergei Dvortsevoy a choisi le décor démesuré du désert brun des steppes d'Asie centrale. C'est là, dans ce royaume de poussière et de vent, que revient vivre Asa à la fin de son service militaire. En attendant d'y réaliser son rêve modeste, se marier et élever des moutons, il partage la yourte de sa soeur et de son mari, un nomade taciturne. Hélas, Tulpan, seule épouse potentielle à des lieues à la ronde, lui refuse sa main. En cause ? Les oreilles décollées du jeune homme... Asa s'accroche, envers et contre tout, luttant aussi contre une nature tour à tour hostile - orages dévastateurs, maladie mystérieuse décimant les troupeaux - ou alliée.

Sergei Dvortsevoy filme les extérieurs en plan large, offrant une scène grandiose pour le ballet des hommes et des bêtes. En attendant patiemment que la vie - chien ou être humain - envahisse son cadre, il laisse les sons prendre lentement possession de l'espace. Gémissement du vent, chameaux qui blatèrent, cris d'enfants : on s'y croirait. Le temps de franchir le seuil d'une yourte et l'on passe de l'épique à l'intime. Sous la tente, la caméra soudain mobile capte des tranches de vie familiale, au plus près des gestes et des visages.

Ce quotidien âpre et harassant, l'ex-documentariste le décrit avec une précision d'ethnographe. Mais c'est avec un formidable talent de conteur qu'il fait de ces paysans de vrais et beaux personnages de cinéma. A l'instar de la soeur aimante, déchirée entre le devoir de soutenir son mari, qui voit Asa comme un incorrigible rêveur, et le désir d'aider son frère à vivre sa vie. Mélange d'authenticité et de romanesque, ce conte cruel est aussi habile à faire dialoguer drame et comédie. Incongrue quand elle surgit dans un tel décor, la cocasserie n'en est que plus savoureuse... On rit ainsi des revirements stratégiques d'Asa. Devant les mines patibulaires des parents de Tulpan, l'ex-marin tente tour à tour de faire oublier ses oreilles - en valorisant sa bravoure - et de s'en prévaloir - en exhibant une photo du prince Charles...

Documentaire sur les tribus nomades, récit initiatique et ode panthéiste tout à la fois, mais aussi western oriental où des bergers misérables remplaceraient les fiers cow-boys, ce film à la beauté sauvage n'a rien d'un dépliant touristique. On en sort pourtant avec une drôle de question : comment peut-on vivre ailleurs qu'au Kazakhstan ?

Mathilde Blottière

Télérama, Samedi 07 mars 2009

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