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samedi 7 mars 2009

Tulpan, Film kazakh de Serguei Dvortsevoy

Pour sa première fiction, le Kazakh Sergei Dvortsevoy a choisi le décor démesuré du désert brun des steppes d'Asie centrale. C'est là, dans ce royaume de poussière et de vent, que revient vivre Asa à la fin de son service militaire. En attendant d'y réaliser son rêve modeste, se marier et élever des moutons, il partage la yourte de sa soeur et de son mari, un nomade taciturne. Hélas, Tulpan, seule épouse potentielle à des lieues à la ronde, lui refuse sa main. En cause ? Les oreilles décollées du jeune homme... Asa s'accroche, envers et contre tout, luttant aussi contre une nature tour à tour hostile - orages dévastateurs, maladie mystérieuse décimant les troupeaux - ou alliée.

Sergei Dvortsevoy filme les extérieurs en plan large, offrant une scène grandiose pour le ballet des hommes et des bêtes. En attendant patiemment que la vie - chien ou être humain - envahisse son cadre, il laisse les sons prendre lentement possession de l'espace. Gémissement du vent, chameaux qui blatèrent, cris d'enfants : on s'y croirait. Le temps de franchir le seuil d'une yourte et l'on passe de l'épique à l'intime. Sous la tente, la caméra soudain mobile capte des tranches de vie familiale, au plus près des gestes et des visages.

Ce quotidien âpre et harassant, l'ex-documentariste le décrit avec une précision d'ethnographe. Mais c'est avec un formidable talent de conteur qu'il fait de ces paysans de vrais et beaux personnages de cinéma. A l'instar de la soeur aimante, déchirée entre le devoir de soutenir son mari, qui voit Asa comme un incorrigible rêveur, et le désir d'aider son frère à vivre sa vie. Mélange d'authenticité et de romanesque, ce conte cruel est aussi habile à faire dialoguer drame et comédie. Incongrue quand elle surgit dans un tel décor, la cocasserie n'en est que plus savoureuse... On rit ainsi des revirements stratégiques d'Asa. Devant les mines patibulaires des parents de Tulpan, l'ex-marin tente tour à tour de faire oublier ses oreilles - en valorisant sa bravoure - et de s'en prévaloir - en exhibant une photo du prince Charles...

Documentaire sur les tribus nomades, récit initiatique et ode panthéiste tout à la fois, mais aussi western oriental où des bergers misérables remplaceraient les fiers cow-boys, ce film à la beauté sauvage n'a rien d'un dépliant touristique. On en sort pourtant avec une drôle de question : comment peut-on vivre ailleurs qu'au Kazakhstan ?

Mathilde Blottière

Télérama, Samedi 07 mars 2009

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