A leurs yeux, il ne fait aucun doute que ces troubles (156 morts et plus d'un millier de blessés dimanche, selon le bilan officiel) sont la conséquence de décennies de répression contre ce peuple du nord-ouest de la Chine, à la frontière avec le Kazakhstan et le Kirghizstan, deux pays musulmans et turcophones d'ex-URSS. Ce sentiment est d'autant plus fort que le demi-million d'Ouïghours habitant en Asie centrale sont les descendants de réfugiés ayant fui la Chine durant les années 1930 et 1940, après les échecs de deux Etats indépendants, qui n'ont tenu respectivement que de 1933 à 1934 et de 1944 à 1949.
"Le pouvoir chinois a provoqué ces troubles dans le région du Xinjiang, car tous les jours s'y renforce l'influence du Congrès mondial ouïghour, que la Chine veut présenter comme une organisation terroriste", s'emporte Rakhimdjan Khapissov, représentant d'Ittipak, une association ouïghoure au Kirghizstan, où vivent quelque 50.000 membres de cette ethnie.
Pékin accuse le Congrès mondial ouïghour, l'organisation de la dissidente exilée Rebiya Kadeer, d'avoir fomenté depuis l'étranger les émeutes de dimanche, ce que dément la diaspora, qui en retour affirme que les troubles ont éclaté lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques.
"La manifestation pacifique des Ouïghours de Chine a dégénéré en heurts parce qu'on y protestait contre la politique raciste des autorités chinoises, car les Ouïghours protestaient contre la politique d'assimilation forcée chinoise", accuse ainsi M. Khapissov.
Au Kazakhstan, où vit la plus grande communauté ouïghoure d'Asie centrale avec quelque 220.000 personnes, la réaction était tout aussi vive et pleine de reproches à l'égard de Pékin.
"C'est par la voie d'une manifestation pacifique que (les Ouïghours) ont voulu protester contre la politique des autorités à leur égard, mais la police a donné à cette action une issue tragique", estime ainsi Torgan Rozakhounov, directeur adjoint du Centre culturel ouïghour.
"Ces événements sont une atteinte aux droits de l'Homme. Un véritable génocide du peuple ouïghour est en cours, et les autorités chinoises devront répondre pour ces crimes devant la communauté internationale", tempête-t-il.
Les autorités du Kazakhstan et du Kirghizstan, où les Ouïghours sont bien intégrés à l'instar du Premier ministre kazakh Karim Massimov, ont jusqu'à présent gardé un silence prudent sur les événements du Xinjiang. Signe cependant d'une certaine préoccupation, la diplomatie kazakhe a demandé à Pékin de ne pas délivrer de visas à ses citoyens désireux de se rendre dans la région affectée par les émeutes, et au Kirghizstan des responsables ont confié à l'AFP se préparer à l'arrivée de réfugiés.
"Nous observons la situation en Chine avec attention, et nous prenons sans attendre les mesures nécessaires pour empêcher l'afflux potentiel de réfugiés ouïghours depuis le Xinjiang", a indiqué à l'AFP une source au sein du Conseil de sécurité du Kirghizstan.
Car ni le Kazakhstan, ni le Kirghizstan n'ont de sympathie pour la cause nationaliste ouïghoure, et les extraditions vers la Chine de militants présumés de cette mouvance interviennent régulièrement. Les pays d'Asie centrale ont aussi, à la demande de Pékin, reconnu "l'Organisation pour la libération du Turkestan oriental" comme un mouvement terroriste.
vendredi10 juillet 2009, par Stéphane sur armenews.com
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