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mercredi 7 octobre 2009

Nicolas Sarkozy élève le Kazakhstan au rang de partenaire stratégique

Le président français a effectué le 6 octobre une visite éclair d'un jour, mais très impressionnante, au Kazakhstan. Depuis l'établissement des rapports entre Paris et Astana en 1992, ils n'ont jamais conclu d'accords économiques aussi grandioses. Au total, 24 accords et protocoles, grands et petits, ont été signés. Nicolas Sarkozy laissera à son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev des investissements de plusieurs milliards d'euros, ainsi qu'un soutien de la France dans les domaines politique, stratégique et dans la prochaine présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le Kazakhstan accédera à ce poste en janvier 2010. Il sera le premier pays de l'ancien bloc soviétique à assumer la présidence tournante de l'OSCE. A ce propos, le choix du Kazakhstan a été défendu par la France.

Situé entre la Russie et la Chine, riche en ressources de pétrole, de gaz et d'uranium, le Kazakhstan est, pour la France, un pays presque plus proche que tous les autres pays d'Asie. Ceux qui ont entendu les propos tenus par Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse finale à Astana, ont pu croire que la France et le Kazakhstan abordaient une période d'amitié éternelle renforcée par le pétrole, le gaz, l'espace, le nucléaire civil, la vente d'uranium, les gazoducs et les oléoducs, la sécurité européenne, le corridor afghan, la culture française, la parfumerie, ainsi que par les matières premières et l'exotique kazakhes. Avant la visite de Nicolas Sarkozy, le chiffre d'affaires des échanges commerciaux entre les deux pays était de 4 milliards de dollars. Après la visite, il bondira pour dépasser 6 milliards. Des accords conclus pour des milliards d'euros portent sur les investissements français dans la construction, le transport, l'électronique, le secteur énergétique, l'extraction de l'uranium et sur les livraisons pour l'armée kazakhe.

Pour la France qui cherche de nouveaux débouchés pour ses produits des constructions mécaniques, de l'électronique, de la construction automobile, de l'industrie de transformation, du nucléaire civil, de l'agriculture, ainsi que les voies de diversification des sources de livraison de pétrole et de gaz, le Kazakhstan est la meilleure variante de toutes celles qui pourraient se présenter.

Selon Nicolas Sarkozy, l'amitié en affaires, dans les sphères économique, énergétique et stratégique avec un pays, dont le territoire peut contenir quatre Frances (et où il y aura aussi de la place pour la Grande-Bretagne), est plus important que de nombreux détails secondaires. Il est tellement important que Nicolas Sarkozy a même ignoré les appels des défenseurs français et internationaux des droits de l'homme à rappeler à Noursoultan Nazarbaïev que la situation dans ce domaine n'est pas du tout la meilleure au Kazakhstan. "La meilleure façon de résoudre des problèmes, ... ce n'est pas de venir en donneur de leçons, c'est de venir en ami pour essayer de trouver des solutions", a déclaré Nicolas Sarkozy. Bref, le 23e président de la République Française a laissé entendre à tout le monde, avec une franchise qui lui est propre, que, dans le contexte de la crise économique qui continue et qui peut réserver des surprises, on ne plaisante pas avec des choses aussi pragmatiques que les sources de matières premières et les marchés d'écoulement.

Parmi les plus importantes d'entre elles, il faut citer la redistribution des parts des sociétés kazakhes et françaises dans l'exploitation du gisement de Khvalynskoye situé sur le plateau continental de la Caspienne. Le montant des investissements dépassera 1,2 milliard de dollars. A Astana, la société kazakhe KazMunaïGaz et les sociétés françaises Total et Gaz de France Suez (GDF Suez) se sont entendues sur le partage des portefeuilles de participation à l'exploitation de Khvalynskoye, gisement dans lequel une part appartient également à notre Lukoil. A présent, KazMunaïGaz détiendra 25%, Total+GDF, 25% et Lukoil, 50%.

Le consortium Spie Capag qui appartient au géant français de constuction Vinci construira l'oléoduc Eskene-Kouryk qui fait partie du secteur kazakh du réseau caspien de transport de pétrole. Il doit acheminer le combustible des gisements de Tenguiz et de Kachagan à Bakou, ensuite par le pipeline Bakou-Ceyhan et par les ports de la mer Noire, y compris le terminal pétrolier de Batoumi, en contournant la Russie. Le rendement de ce tube sera de 56 à 80 millions de tonnes de pétrole par an.

Le Kazakhstan est, entre autres, l'un des grands producteurs d'uranium du monde. Les Français, qui détiennent le leadership dans le nucléaire civil en Europe, sont très intéressés à canaliser ces flux de matière première nucléaire dans la "direction nécessaire". Ils s'apprêtent à transmettre à Astana les technologies de production de combustible pour les réacteurs au design français de la société AREVA. Tous les responsables de la société ont accompagné Nicolas Sarkozy lors de sa visite au Kazakhstan, par conséquent, les documents appropriés sur la création d'une coentreprise ont été signés.

Nicolas Sarkozy a promis à Noursoultan Nazarbaïev de soutenir entièrement son idée de convoquer le prochain sommet de l'OSCE à Astana. En fait, cette promesse du président français n'est nullement accablante pour lui. Les sommets de l'OSCE ne sont pas fréquents. Ils se tiennent une fois tous les deux ou trois ans, selon la situation politique. Quant à l'OSCE, tout le monde reconnaît qu'elle a besoin depuis longtemps même non pas d'amélioration, mais de réforme. L'échec du sommet tenu en marge de l'Europe (cela peut arriver en l'absence de mesures réelles visant à réformer les structures européennes de sécurité) ne se répercutera nullement sur les Européens. Il se répercutera sur ses organisateurs. Mais le geste de Nicolas Sarkozy a été accueilli comme un cadeau. En réponse, il s'est vu décerner la récompense supérieure d'Etat du Kazakhstan - l'ordre Altyn Kyran - pour "sa grande contribution personnelle au développement des rapports kazakho-français". Altyn Kyran signifie, en kazakh, l'Aigle d'or. Nicolas Sarkozy en a été, semble-t-il, content.

Par Andreï Fediachine, RIA Novosti le 07/10/2009

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