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vendredi 26 mars 2010

Guerre des clans pour l'uranium au Kazakhstan

REUTERS/SHAMIL ZHUMATOV
Le président de Kazatomprom, Mukhtar Dzakishev,
lors d'une conférence de presse à Almaty, le 22 juillet 2008

Au Kazakhstan, Mukhtar Dzakishev est l'un des prisonniers les plus célèbres. Arrêté en mai 2009 pour détournement de fonds et corruption, cet ancien directeur du géant étatique Kazatomprom - leader dans l'extraction et la production d'uranium - a été condamné, le 12 mars, à quatorze ans de prison. Ceci au terme d'un procès-fleuve qui s'est déroulé à huis clos, et sur fond d'une lutte de clans qui fait rage dans le pays.


L'enquête ouverte contre cet oligarque de 46 ans n'avait jusqu'ici pas ému grand monde en Occident. Mais l'affaire qui, de l'avis de certains diplomates, rappelle celle du magnat du pétrole russe Mikhaïl Khordorkovski, commence à mobiliser les défenseurs des droits de l'homme.

Du 18 au 21 mars, deux cardiologues genevois mandatés par l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), une ONG basée à Genève, se sont ainsi rendus à Astana pour examiner Mukhtar Dzakishev, qui souffrirait d'une très forte hypertension. Selon ses proches, il a été victime de plusieurs malaises durant son procès, ne bénéficiant pas d'un traitement adapté.

Mais après trois jours de démarches kafkaïennes, les médecins suisses qui avaient pourtant obtenu des visas d'entrée avec mention de leur mission, se sont vus interdire l'accès de la prison. A Astana, le représentant de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) leur expliquait s'être lui-même heurté à un refus après avoir proposé d'envoyer un observateur au procès de Mukhtar Dzakishev. Un comble alors que le Kazakhstan préside cette année l'OSCE, un poste obtenu contre la promesse de mener des réformes.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'OMCT, Eric Sottas, veut "déposer une nouvelle demande de visite" et alerter l'opinion publique. Mercredi 24 mars, Djamila Dzakisheva, l'épouse de Mukhtar Dzakishev était de passage à Genève sur invitation de l'ONG. Elle estime que la lourde condamnation du 12 mars, dont elle fera appel, résulte, selon elle, "de règlements de comptes politiques et d'intérêts commerciaux" qui dépassent son mari.

Ambitions politiques

Selon certains médias de l'opposition kazakhe, Mukhtar Dzakishev aurait payé pour ses liens avec un autre oligarque, Mukhtar Abliazov, aujourd'hui réfugié à Londres, après que sa banque, BTA, a été confisquée en 2009 par le clan du président Noursoultan Nazarbaïev, en réponse aux ambitions politiques qu'il manifestait.

Mukhtar Dzakishev est aussi accusé d'avoir ouvert illégalement un bureau de Kazatomprom à Vienne, au profit de Rakhat Aliev, l'ancien gendre du président, autre figure honnie du régime, lui aussi en exil. Dans une déclaration écrite en prison le 6 mars, Mukhtar Dzakishev balaye cette accusation, affirmant que "ce bureau de représentation a été créé sur l'initiative de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) et avec l'accord du ministère des affaires étrangères du Kazakhstan".

En novembre 2009, dans une vidéo réalisée par les services secrets kazakhs (KNB) et étrangement mise en ligne sur You Tube, Mukhtar Dzakishev racontait que juste avant d'être arrêté, il s'était opposé à ce que Rosatom (la compagnie étatique nucléaire russe) entre dans le capital d'Uranium One, une firme canadienne très présente au Kazakhstan. Il disait voir l'influence de Moscou dans ses ennuis : "J'ai commencé à analyser à qui cela profitait et j'en ai conclu que c'était à l'avantage de la Russie."

Agathe Duparc le 26 mars 2010 sur www.lemonde.fr

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