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mardi 7 décembre 2010

Quand l’Asie centrale était blanche

Tailles comparées de la Scythie et du territoire des Parthes en 100 avant JC.
 
« Les civilisations aussi sont mortelles », constatait avec tristesse Paul Valery. Une nouvelle preuve en est donnée par l'exposition « Kazakhstan : Hommes, bêtes et dieux de la steppe » organisée au musée Guimet.
 
Les Occidentaux qui, hors de l'ancienne République soviétique, ont eu l'occasion de croiser des Kazakhs ont surtout vu des magnats du pétrole, poussahs assez repoussants se pavanant dans les palaces du monde entier, généralement accompagnés de « bimbos » russes aussi blondes que juvéniles. Mais il fut un temps, dès le deuxième millénaire avant notre ère, où le Kazakhstan était le domaine non des Asiates mais des Aryens : les Scythes, ou Sakas (Saces) en perse. D'origine et de langue indo-européennes, décrits par Aristote citant Hérodote comme ayant des « cheveux blonds et blanchâtres » et divisés en trois Confédérations, les Scythes nomadisaient de l'Ukraine à l'Altaï. Ils avaient érigé l'élevage et le dressage des chevaux au niveau d'un art, ponctuant leurs pérégrinations de tombes monumentales (kourganes) et des fameuses « pierres à cerfs », roches gravées de motifs animaliers.
 
 
Applique en or de vêtement en forme de daim.
Trésor de Zhalauly, région d'Almaty, sud-est du Kazakhstan
VIIIe-VIIe siècle avant notre ère.
 
D'une rare habileté dans la maîtrise des métaux, précieux ou non, ils fabriquaient aussi des armes, des ustensiles et des bijoux réputés dans toute l'Asie jusqu'à Khotan, première étape de la Route de la Soie sur la frontière occidentale de l'Asie, et bientôt jusqu'en Europe.
 
On se souvient de la grandiose exposition sur « l'or des Scythes » au Grand Palais en 2001. La fort intéressante mais modeste expo de Guimet propose elle aussi des pièces issues de deux trésors découverts au XIXème siècle, superbes bijoux d'or aux motifs animaliers d'une rare finesse. Toutefois, de ce « parcours initiatique » conçu « comme une modulation visuellement dynamique, pour évoquer une société nomade circulant dans de grands espaces, se regroupant par de petites unités éphémères et mobiles », on retiendra surtout les chaudrons de bronzes et autres objets utilitaires, à motifs animaliers (rapaces, félins, cervidés) eux aussi, et révélant une parenté d'évidence : les Scythes, ces fiers cavaliers du futur Kazakhstan, furent bien « les ancêtres des peuples germaniques et slaves », titre en 1860 d'un livre de l'historien Frédéric Guillaume Bergmann, professeur à l'université de Strasbourg. Mais ancêtres des Celtes également : en 1320, la déclaration d'indépendance écossaise, écrite en latin sous le règne de Robert Bruce dans le but de confirmer la souveraineté de sa nation et de justifier le recours aux forces armées si elle se trouvait injustement attaquée et adressée au Pape Jean XXII. avait déjà revendiqué la Scythie comme « ancienne patrie des Écossais » !
 
 
Une partie d'un pectoral scythe du 4ème siècle avant JC

Comment une civilisation aussi brillante, fondée sur une cosmogonie complexe, comment ces peuples entreprenants et guerriers dont les chefs ne craignaient rien tant que mourir dans leur lit, ont-ils disparu, ne laissant que quelques vestiges archéologiques et quelques noms de lieux, tel Samarkande, aujourd'hui en Ouzbékistan et dont le nom viendrait de Saka-« Haumawarga-kantha », « ville des Saces Haumawarga » ?

Sans doute ont-ils été victimes de ce que les Slaves appellent la « peste blanche », la dénatalité. Et son inéluctable corollaire, la submersion par des ethnies à la natalité galopante et l'inévitable métissage — dont témoigne à Guimet la photo d'un petit blondinet plongé dans son Coran au milieu de la steppe. Dans leur match démographique contre la déferlante asiatique, les Scythes ne pesèrent pas lourd. Les hordes tartares avalèrent, digérèrent les "Barbares" et le génie de la race se tarit : face aux chefs-d'œuvre scythes, les objets kazakhs contemporains font piètre figure.

Une leçon à méditer par les descendants russes des Scythes, à peine 144 millions face au milliard et demi de Chinois qui brûlent de passer l'Amour et constituent déjà près du tiers de la population de Vladivostok. Mais l'Europe, que l'Afrique considère comme son déversoir naturel, comme l'a d'ailleurs explicité le Libyen Kadhafi, n'est-elle pas tout aussi menacée ?

Claude LORNE, publié sur http://fr.novopress.info le 3 décembre 2010
Source : Polémia.

« Kazakhstan : Hommes, bêtes et dieux de la steppe » jusqu'au 31 janvier 2011. Annexe du musée Guimet, 19 avenue d'Iéna, 75116 Paris.

 

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