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mardi 12 avril 2011

Kazakhstan : morne campagne pour un triomphe annoncé

Le «chef de la nation», au pouvoir depuis vingt ans, brigue dimanche un nouveau mandat. L'OSCE redoute des fraudes.

Dimanche 3 avril auront lieu l'élection présidentielle anticipée au Kazakhstan mais à Baïkonour, en plein cœur des steppes d'Asie centrale, l'événement passe inaperçu. Dans les rues de cette ville de 60.000 habitants, peuplée à 60 % de Kazakhs et 40 % de Russes, les affiches sont absentes. En revanche, dans tous les bureaux de l'administration du pays trône le portrait du «Chef de la nation», Noursoultan Nazarbaïev, qui, après vingt ans de pouvoir ininterrompu, sollicite un nouveau mandat. En 2005, lors du dernier scrutin, les citoyens de Baïkonour l'avaient élu avec 95 % des voix (91 % au niveau national). Cette année, «il fera mieux», promettent ses conseillers. Par quel miracle pourrait-il obtenir un tel score, si ce n'est celui de son indéniable popularité ? «Les élections seront propres et démocratiques», ne cesse de répéter Anouar Daoulenbaev, le représentant à Baïkonour du parti présidentiel, Nour Otan.

Le dirigeant local en veut pour preuve la sobriété des quatre affiches déclinant sobrement le curriculum vitae de chaque candidat. Figure également dans la liste un communiste dont le parti a récemment soutenu le projet de référendum mort-né, destiné à prolonger jusqu'en 2020 le mandat de Nazarbaïev. Les photos des prétendants sont visibles au bureau de vote de l'avenue Abaïa, la grande artère de la ville. «Rangée dans l'ordre alphabétique, l'affiche du président figure à la quatrième place», explique la présidente du bureau de vote, histoire de montrer que son favori ne bénéficie d'aucun traitement de faveur. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, chargée de juger le caractère démocratique des élections, pense exactement l'inverse. Et souligne à quel point la figure de Noursoultan Nazerbaïev reste omniprésente dans les médias. Surpris par l'annonce d'élections présidentielles anticipées, qui s'est faite après l'opération avortée du référendum, début février, les partis d'opposition boycottent le scrutin, qu'ils assimilent à une «manœuvre» politique.

Solide rente pétrolière 

«Ce dont notre pays a le plus besoin, c'est de stabilité, surtout lorsqu'on voit les révolutions dans les pays arabes. Ce qui ce passe là-bas ne peut pas et ne doit pas se produire chez nous», insiste Anouar Daoulenbaev, qui a horreur du mot «débat». Bénéficiant d'une solide rente pétrolière, le Kazakhstan assure une relative prospérité à sa population, loin des conflits interethniques qui agitent les ex-républiques soviétiques voisines d'Asie centrale, en particulier le Kirghizstan. Cette stabilité s'illustre, jusqu'à l'absurde, à Baïkonour, un territoire que la Russie loue au Kazakhstan jusqu'en 2050 afin d'y faire décoller ses fusées Soyouz. Le maire est russe, la population d'origine kazakhe devrait bientôt atteindre les 90 %, mais les mentalités et les pratiques - profondément soviétiques - demeurent. Les communistes locaux exigent qu'on les appelle «camarades» et assimilent la France à l'escadrille Normandie-Niémen. «Les Russes sont nos frères», renchérit le patron local de Nour-Otan. À Kizilarda, en revanche, ville pétrolière située à 250 kilomètres plus à l'est, les Chinois font la loi.

Au final, c'est depuis sa capitale, Astana, censée symboliser la modernité kazakhe, que le président autocrate gère avec doigté les convoitises de ses puissants voisins, tout en entretenant de bonnes relations avec Washington. Aux yeux de Moscou, le Kazakhstan est le plus fidèle partenaire de l'union douanière instaurée entre cette république, la Russie et la Biélorussie. «Pour attirer les investissements dans l'espace postsoviétique, il faut des leaders forts et une stabilité. Ces élections en sont le garant», se félicite l'expert russe Andreï Fiodorov, membre du Conseil de la politique extérieure et de défense. Un statut quo dont la communauté internationale s'accommode très bien.

En 2005, les citoyens de Baïkonour l'avaient élu avec 95 % des voix (91 % au niveau national)

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Sur www.lefigaro.com le 1er avril 2011 par Pierre Avril

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