Almaty (awp/afp) - Pendant que le reste du monde est ébranlé par la crise financière, la Chine puise à pleines poignées dans ses poches pour renforcer sa position en Asie Centrale, région riche en hydrocarbures et stratégique pour son économie.
Dernier signe de cet intérêt, le président Hu Jintao a annoncé mardi que son pays allait accorder un crédit de 10 milliards de dollars à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) - qui regroupe la Russie, la Chine et quatre pays d'Asie centrale - pour faire face aux conséquences de la crise.
La présence chinoise en Asie Centrale n'a jamais été aussi forte, estiment les analystes, évoquant aussi l'octroi récent par Pékin d'un crédit de dix milliards de dollars au Kazakhstan et des investissements dans des projets de construction à travers toute la région. "C'est un des pays les plus riches du monde, et, bien sûr, à la lumière de la crise ils vont jouer gros", estime Constantin Syroïejkine de l'Institut pour les études stratégiques du Kazakhstan. "Si les autres sont dans un état économique déplorable, la Chine a de l'argent pour investir", constate-t-il. Les Chinois confient volontiers: "nous voyageons à travers le monde avec des valises pleines d'argent, car nous devons le dépenser", raconte Adil Kaoukenov, expert pour la Chine à l'Institut des stratégies économiques à Almaty (Kazakhstan).
Zone traditionnelle d'influence de la Russie, l'Asie Centrale se montre désormais plus ouverte à d'autres investisseurs alors que face à la crise, Moscou et Washington recentrent leurs efforts sur la résolution de leurs problèmes économiques intérieurs. Le pétrole kazakh et le gaz turkmène attirent inévitablement un pays dévoreur d'énergie comme la Chine.
Au Kazakhstan, sur les dix milliards de dollars de crédits annoncés, cinq iront au géant énergétique KazMunaiGas et cinq autres à la Banque de Développement du Kazakhstan. De son côté, la Chine a obtenu 49% de MangistauMunaiGaz, quatrième producteur de pétrole kazakh. "Voilà qui sert incontestablement les intérêts chinois", souligne Constantin Syroëjkine.
L'investissement dans d'importants secteurs de l'économie et dans des projets d'infrastructures en Asie centrale aident aussi Pékin à s'assurer de la sécurité à ses frontières. Depuis la chute de l'URSS en 1991, la longue frontière poreuse entre le Kazakhstan et la province chinoise agitée du Xinjiang est l'une des plus grandes préoccupations de Pékin, note M. Kaoukenov. Le Xinjiang est peuplé en majorité d'Ouïghours, musulmans sunnites, soupçonnés par les autorités d'avoir des ambitions séparatistes. "Depuis la chute de l'Union Soviétique, la Chine a peur que les terroristes du Xinjiang puissent trouver un soutien auprès des gouvernements d'Asie Centrale", commente M. Kaoukenov.
En investissant des millions de dollars dans des projets d'infrastructures - routes, électricité - au Tadjikistan et au Kirghizstan, pays pauvres et déstabilisés par la chute de l'URSS, Pékin espère y freiner les mouvements islamistes et garantir l'accès de ses produits au marché local. "Le Tadjikistan est un pays très isolé, j'ai été très surprise de trouver là-bas tant de compagnies chinoises. Leur implantation est très impressionnante", relève Narghis Kassenova, professeur à l'Institut kazakh de Management, d'Economie et de Recherches stratégiques.
rp
(AWP/16 juin 2009 17h00) sur RomandieNews
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